Avec un maillot bleu-blanc-rouge sur le dos, Arnaud Démare est très attendu dans les sprints du Tour de France. Mais les trois jours passés en Grande-Bretagne n’ont pas été aussi prolifiques que pouvait l’espérer la FDJ.fr. Gêné par la chute à Leeds, enfermé dans le dernier virage à Londres, le Picard découvre les joies des emballages finals de la Grande Boucle.

Julien Pinot : « Arnaud doit faire avec trois coureurs »

Cette déception de début de Tour ne remet pas forcément en cause les qualités intrinsèques du jeune Français. En effet, dans un sprint sur la Grande Boucle, ça frotte, ça pousse et ça roule très vite ; tout prétendant à la victoire se doit dès lors d’être protégé, emmené, avant d’être mis sur orbite. Or, Arnaud Démare, contrairement aux cadors du sprint à l’effigie de Marcel Kittel, Mark Cavendish ou André Greipel, ne dispose pas d’une équipe entière à son service. Julien Pinot, entraîneur de l’équipe FDJ.fr, le constate : « C’est compliqué par rapport à des équipes comme Giant, Omega ou Lotto qui ont sept ou huit coureurs au service de leur sprinteur. Arnaud, lui, doit faire avec trois coureurs : Ladagnous, Bonnet et Delage. » In fine, ce « train » d’à peine quatre wagons ne peut se former que dans les derniers kilomètres… « Le timing est primordial ; étant donné qu’on est peu nombreux, si on veut l’emmener idéalement, il ne faut pas intervenir trop tôt » explique le poisson pilote de Démare, William Bonnet. Par conséquent, le Picard est fréquemment bloqué, gêné, enfermé ou même embarqué dans une chute. Impuissant et un peu dépité, il déplorait au terme de la troisième étape qu’il n’avait « pas encore réussi à [s]’exprimer, car ça se referme au mauvais moment. »

Denis Troch : « Le sprint se prépare physiquement, stratégiquement et mentalement »

Comme toute formation aspirant à mener son sprinteur à la victoire, la FDJ.fr a préparé minutieusement son train sur les routes d’entraînement afin qu’Arnaud Démare soit encadré dans des conditions optimales. Un train bien ficelé, certes, mais interchangeable. « On n’est pas des machines, on improvise également. Avec Mickaël, on a des qualités similaires, on peut tous les deux être le dernier relai pour Arnaud », explique l’expérimenté Bonnet. A l’issue des trois premières étapes, les deux sprints se sont terminés sur un échec pour l’équipe tricolore. Dans ce climat, la hantise de tout coureur, le doute, peut aisément s’installer dans une formation. « En dépit des déconvenues, nous n’avons aucun doute sur ses qualités. Arnaud est jeune, il a beaucoup de pression avec ce maillot de champion national, c’est son premier Tour, il doit donc apprendre à gérer tout ça », rassure Bonnet. Et pour soutenir l’équipe mentalement, la formation de Marc Madiot a fait appel à Denis Troch, coach mental. « On ne peut pas rassurer quelqu’un qui sait qu’il n’a pas forcément fait ce qu’il devait faire. Par contre, on peut lui dire quel comportement adopter après un échec. S’il comprend, il peut mieux se reprendre par la suite. »

L’ambition d’aller titiller le patron

Après deux sprints surdominés par Marcel Kittel, Arnaud Démare avait soif de participer au dénouement final. Sur la troisième étape reliant Le Touquet à Lille, ce fut chose faite. Lâché une nouvelle fois un peu trop tôt par son poisson pilote, le champion de France est tout de même parvenu à remonter les Greipel, Sagan et autres Coquard pour terminer troisième, derrière l’ogre allemand et le costaud Kristoff. Un podium prometteur pour la suite du Tour, durant lequel le champion de France aura encore quelques occasions de briller. Peut-être au point de décrocher un bouquet en battant Kittel. En tout cas, son entraineur Julien Pinot y croit : « Arnaud, c’est un gagneur. S’il a l’ouverture, je pense qu’il a les qualités pour rivaliser avec Kittel. » Au moins, rendez-vous est pris.

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