Ce mercredi, entre Ypres et Arenberg, les pavés seront au centre des discussions. Tous les grimpeurs ayant quelques ambitions au général en ont au moins un peu peur. Certains les ont repérés, d’autres non, mais tous auront une équipe à leur service au moment de passer la frontière belge avec l’objectif de limiter la casse au maximum. Ce sont eux qui le disent.

Une appréhension naturelle

Cancellara n’attend presque que ça, l’étape des pavés étant l’une des seules qu’il pourra gagner sur ce Tour 2014. Mais les autres, ceux qui peuvent perdre toute ambition au général sur un des neufs secteurs au programme, les appréhendent forcément. Frank Schleck y avait laissé sa clavicule en 2010, Armstrong ses espoirs d’une ultime victoire. Romain Bardet, qui espère férocement décrocher un top 10, lâche ainsi que « l’objectif, c’est d’abord de ne pas tomber. » Alberto Contador, lui, assure qu’il n’a « pas peur de l’étape des pavés. » Info ou intox ? Bardet tranche : « Je pense que tout le monde en a peur. » Mais alors, les coureurs sont-ils pour les pavés sur la Grande Boucle ? Thibaut Pinot explique : « Si j’étais devant ma télé, je dirais que je suis pour. Après, sur le vélo, on n’a pas forcément envie d’avoir des pavés. En plus, ils annoncent de la pluie alors j’espère qu’il n’y aura pas trop de dégâts. »

Pierre Rolland, autre grimpeur français, a un avis légèrement différent. « Il faut de tout pour faire un Tour. Pour gagner, il faut être le meilleur partout, même si mettre des pavés, je pense que c’est prendre des risques… » Mais le leader de l’équipe Europcar « fait avec le programme proposé. » Malgré tout, pour lui il n’y a pas de doute, « tout le monde redoute les pavés, même les spécialistes. » Et d’ajouter que « demain matin, pas un coureur ne sera serein. » En effet, Rolland l’assure, « on ne maîtrise pas tout sur les pavés. Même si on met toutes les chances de notre côté, on peut percer, casser du matériel… » Les hantises sont multiples, et Pinot veut surtout « ne pas sous-estimer les pavés », car il le sait, « ce qui est intraitable sur les pavés c’est le classement. » Il a raison : neuf secteurs, c’est largement assez pour éliminer des candidats au top 10 final.

Repérer, s’adapter et s’entourer

Dès l’annonce du parcours, des équipes ont décidé d’aller reconnaître cette fameuse cinquième étape. Alberto Contador y a été une première fois au mois d’avril, et y est retourné il y a une petite semaine. Rolland, lui, s’est abstenu, mais pas Thibaut Pinot, qui a été repéré les pavés du Nord à une reprise. Les reconnaissances sont presque une obligation pour les leaders visant le classement général. Savoir où le pavé est le moins bon et où il est nécessaire d’être placé à l’avant peut faire une réelle différence. Cependant, cela ne fait pas tout pour éviter le drame d’une chute ou d’une perte de temps significative. Alors pour limiter les risques, ce mercredi, bon nombre d’équipes utiliseront un matériel spécifique, et tenteront d’entourer au mieux leur leader. « On aura tous le matériel de Paris-Roubaix. Et les coureurs qui ont l’habitude des pavés, comme Alexandre Pichot et Yohann Gène, seront là pour m’aider au maximum. En plus, si j’ai un problème mécanique, Alexandre a les mêmes mesures que moi, nos vélos sont identiques », explique Pierre Rolland.

Chez AG2R La Mondiale, les équipiers seront partagés entre Romain Bardet et Jean-Christophe Péraud. Logique, il ne faut sacrifier aucune des deux cartes au général. Mais cela pourrait coûter aux deux leaders de l’équipe savoyarde. A la FDJ.fr ou chez Europcar, la stratégie sera plus simple : tout le monde autour de Pinot et Rolland. Le Franc-Comtois compte sur l’expérience de ses équipiers, parmi lesquels Ladagnous ou Bonnet, qui abandonneront pour un jour leur rôle auprès d’Arnaud Démare pour éviter à Pinot de perdre du temps. Cependant, c’est bien chez les favoris pour la victoire finale que la tension sera la plus intense : l’objectif d’une saison peut s’envoler dans un banal virage. Si cela ne permettra pas d’arriver au risque zéro, chez Tinkoff, il y aura de nombreux équipiers autour d’Alberto Contador. Combien ? « Autant que possible », s’est contenté d’avancer l’Espagnol.

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