Depuis le championnat du monde de Valkenburg en 2012, le parcours l’Amstel Gold Race a subi d’importantes modifications. Avec ce nouveau circuit, la classique néerlandaise propose ainsi trois boucles différentes, avec autant de passages par le Cauberg. Mais après trois éditions sur ce tracé, chacun commence à tirer ses enseignements. Et tout le monde n’est pas emballé, loin de là.

Le Cauberg réduit au rôle de faire-valoir

Instaurée en 2003, la montée du Cauberg est vite devenue un classique pour tous les fans de cyclisme. Longue de 1,2 kilomètre, avec un pourcentage moyen de 5 % et des passages à 12 %, la bosse est même apparue comme le juge de paix de l’épreuve. Lors des cinq dernières éditions disputées au sommet de Valkenburg, une seule a permis la victoire d’un coureur ayant anticipé les débats – avec Sergeï Ivanov en 2009. C’est sûrement cette redondance qui a poussé les organisateurs à franchir le pas afin de repousser la ligne d’arrivée plus de 1800 mètres après le sommet.

« Le final de l’ancien parcours permettait un plus beau spectacle, avec une bataille dans le Cauberg qui était très souvent spectaculaire, regrette toutefois le tout jeune retraité Jérôme Pineau. Désormais, la course est plus cadenassée et les coureurs ne donnent plus toutes leurs forces dans la montée finale, car il peut y avoir un regroupement par la suite. » Cyril Saugrain, consultant pour la RTBF, est du même avis : « Certains restent sur la défensive, laissent les meilleurs s’en aller. S’il y a un vent défavorable dans la descente voire en plus de ça un groupe qui collabore, mêmes des hommes forts peuvent être repris. » Pour preuve, l’an dernier, Gilbert et Matthews étaient sans aucun doute les plus costauds. Mais c’est Kwiatkowski qui a levé les bras. Gilbert, malgré tout, reste le seul à avoir réussi, depuis le nouveau parcours, à s’extirper dans le Cauberg puis à conserver son avance.

Un circuit final bien différent

Le Cauberg, aussi symbolique soit-il, n’a cependant pas été le seul à subir les modifications du parcours. Par le passé, les montées du Kruisberg, de l’Eyserbosweg et du Keutenberg précédaient justement l’explosion finale. Les deux dernières ascension, avec des pentes moyennes de 12 % et 8 %, permettaient un écrémage important dans les 20 derniers kilomètres. Elles offraient même l’occasion de lancer les hostilités comme avaient pu le faire Andy Schleck en 2011 ou Oscar Freire l’année suivante. Mais ces ascensions ont été repoussées à plus de 30 bornes de l’arrivée pour être remplacées par le Bemelerberg et le Geulhemmerberg. Des difficultés au pourcentage moyen beaucoup plus faible – entre 4 % et 5.5 % – malgré une distance plus importante. On est loin des pointes à 20 % du Keutenberg.

Un bouleversement qui ne ravit pas l’ancien coureur de chez Quick-Step, adepte de l’ancien parcours sur lequel il avait terminé 10e en 2008. « Pour moi, le Keutenberg était un moment très important. La descente était très dure et elle rendait la fin de course plus difficile, surtout si le vent était au rendez-vous. Je trouve dommage d’avoir repoussé une telle côte si loin de l’arrivée. » Alors que par le passé on pouvait se retrouver avec un groupe d’une quinzaine d’unités au pied du Cauberg, le nouveau parcours change la donne. Il n’est plus étonnant de voir arriver quarante coureurs à l’entame de l’ultime difficulté, parmi lesquels des équipiers qui avant 2012 n’auraient jamais joué des coudes aussi longtemps.

Nouveau parcours, nouveaux favoris

C’est donc bien l’ensemble des 30 derniers kilomètres qui ont été chamboulés par le nouveau tracé. De quoi rendre la classique du Limbourg beaucoup plus ouverte. « Ce circuit apporte quelque chose de légèrement différent. Alors que l’ancienne arrivée était essentiellement réservée aux purs puncheurs, maintenant, d’autres profils peuvent s’exprimer et expérer l’emporter », explique Cyril Saugrain. De quoi permettre à Michael Matthews de monter sur le podium l’an passé, par exemple. « Il y a aujourd’hui davantage d’incertitude. Un regroupement est toujours possible dans la descente, plusieurs types de coureurs peuvent se distinguer, détaille Jérôme Pineau. Surtout que le Cauberg, ce n’est pas non plus le mur de Huy. »

La question du regroupement est d’ailleurs chaque année au cœur des stratégies de course. « Même avec 10 secondes d’avance au sommet, tu n’es pas sûr de l’emporter. Si rien que trois ou quatre coureurs collaborent dans le groupe de chasse, tu peux être repris », conclut Cyril Saugrain. Avec ce nouveau final, l’Amstel Gold Race a donc un peu perdu de sa saveur d’ardennaise. Plus tactique, plus ouverte, elle prend ses distances avec la Flèche wallonne et Liège-Bastogne-Liège. Après cinquante ans d’existence, ce n’est pas de cette façon qu’on imaginait voir évoluer l’épreuve néerlandaise, en quête d’identité dans son Limbourg parfois loin d’une Belgique qui accapare toute l’attention. Quoi qu’il en soit, il ne serait pas étonnant de voir rapidement un sprinteur succéder à Erik Zabel au palmarès. L’Allemand, vainqueur en 2000, est le symbole d’une autre époque. Où le Cauberg n’était même pas au programme.

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