Du départ jusqu’à l’arrivée, la victoire de Michael Matthews était réglée comme du papier à musique. Sunweb a réussi la course parfaite pour son sprinteur australien, qui remporte sa deuxième étape sur ce Tour et se rapproche à vingt-neuf points de Marcel Kittel pour le maillot vert.

À toute vitesse

Pouvaient-ils faire mieux aujourd’hui ? Sans aucun doute, non. Les Sunweb ont parfaitement manœuvré, même si l’aventure n’était pas forcément planifiée. « Au départ, je voulais prendre l’échappée, révélait Michael Matthews à l’arrivée, mais les Quick-Step étaient toujours derrière moi. » Aujourd’hui, comme depuis le début de la deuxième semaine du Tour, Sunweb était sous une belle étoile. Matthews et ses coéquipiers ont improvisé et la chance leur a souri. « Quand on apprend que Marcel Kittel est lâché, on part mettre la pression devant. Avec l’écart d’une minute, on s’est mis à bloc », explique le sprinteur australien. La journée est alors devenue folle, avec une course-poursuite sur plus de cent dix kilomètres. Et à ce petit jeu-là, la souris Sunweb a filé entre les pattes du chat Quick-Step.

Forcément, Michael Matthews était ravi à l’arrivée à Romans-sur-Isère. « C’est une nouvelle victoire dans un même Tour, je pensais que je ne pouvais qu’en gagner une ! Cette deuxième victoire en trois jours, c’est incroyable. Je ne sais pas quoi dire ! » Nous, nous savons. Chapeau bas. La victoire de Michael Matthews rappelle, encore une fois, que le cyclisme est un sport individuel qui se court en équipe. L’Australien ne l’a surtout pas oublié : « Je remercie mes coéquipiers, qui ont fait un travail exceptionnel aujourd’hui. » Sans ses partenaires, le vainqueur de Rodez n’aurait jamais pu se débarrasser de Marcel Kittel et se replacer ainsi dans la lutte pour le maillot vert, car c’est bien de ça qu’il s’agit.

Le lièvre Marcel et la tortue Michael

On a cru Marcel Kittel indéboulonnable après la disqualification de Peter Sagan et le hors-délai d’Arnaud Démare. Mais déjà, dans notre débat il y a dix jours, nous n’avions pas oublié Michael Matthews. Aujourd’hui à vingt-neuf points de Marcel Kittel, l’Australien est le dernier concurrent du géant allemand, même s’il ne veut pas se mettre de pression. « Le maillot vert ? Je ne sais pas. J’ai encore des points de retard, mais d’abord, on a quelque chose à fêter. » Son coéquipier Warren Barguil, qui lui est déjà vêtu d’un maillot distinctif, est plus loquace. « On va certainement travailler demain jusqu’au sprint intermédiaire pour Michael. » Marcel Kittel s’est-il endormi sur ses lauriers ? Voilà déjà que, dans son rétroviseur, un concurrent revient à vive allure. Avec une équipe déterminée, prête à frapper de grands coups avant les Champs-Elysées.

Pourtant, le final n’a pas été si simple. Tout le travail des Sunweb a bien failli partir en fumée lorsque Edvald Boasson Hagen a lancé son vélo sur la ligne. Mais Michael Matthews avait encore de la marge, et a pu soulever son deuxième bouquet, après une courte mais si longue attente de la salvatrice photo-finish. La journée était tellement parfaite, qu’il fallait bien trouver une petite ombre au tableau. A sa droite, aux cent mètres, John Degenkolb a levé le bras. L’Allemand accuse le vainqueur du jour d’avoir changé de ligne. Celui-ci ironise. « J’ai suivi ma trajectoire, elle est droite pour moi. S’il avait été plus rapide, il aurait pu me doubler. Je n’ai rien fait de mal, sinon les officiels auraient pris une décision. Je ne savais pas où il était, je n’ai pas fermé la porte. » Il ne l’a pas fermé non plus au maillot vert.

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