Le Tour a toujours été une course où l’expérience et la maturité étaient prônées pour espérer un bon classement général, et ce parfois au détriment de la jeunesse. Cette année, de nombreux grimpeurs vont découvrir pour la première fois la Grande Boucle et pourraient bien tirer leur épingle du jeu malgré leur inexpérience. Présentation de cinq coureurs qui rêvent de jouer les trouble-fêtes dès que la pente s’élèvera.

Louis Meintjes / 23 ans

Son équipe MTN-Qhubeka, invitée pour la première fois de son histoire, misera gros sur le vice-champion du monde espoir 2013. A 23 ans, Louis Meintjes s’apprête à affronter le gratin mondial et nul doute que l’envie dépassera la crainte pour le natif de Pretoria. Le grimpeur de poche sud-africain a les cartes en main pour briller en montagne. Habitué aux interminables raids solitaires, en atteste sa longue échappée sur la Semaine Internationale Coppi et Bartali en mars dernier, qui lui avait permis de remporter le classement général de l’épreuve, Meintjes a aussi tout un continent derrière lui, et il en est conscient.  « Depuis l’arrivée de MTN-Qhubeka au niveau professionnel il y a trois ans, le cyclisme a vraiment évolué en Afrique, explique le natif de Pretoria. Aujourd’hui, ce sport est de plus en plus souvent diffusé à la télévision et les Africains peuvent s’identifier à une équipe en Europe. »

Sur le dernier Dauphiné, on a pu entrevoir sa silhouette à l’avant de la course, notamment lors de l’ascension de Pra-Loup – sixième – et vers Saint-Germain Mont-Blanc – troisième -, où il fût le dernier rescapé de l’échappée à s’accrocher aux basques des leaders et de son modèle Christopher Froome. « Quand j’ai commencé le vélo, je suivais de près Chris Froome. En voyant sa progression, je me suis alors dit que s’il avait pu devenir professionnel et progresser comme il l’a fait, je pouvais faire pareil. Froome est une très grande source d’inspiration pour moi. » Si la première semaine risque de ne pas l’avantager, les Pyrénées et les Alpes pourraient bien être son terrain de jeu favori, et pourquoi pas satisfaire des envies de maillot à pois.

Warren Barguil / 23 ans

Après avoir fait étalage de ses qualités sur les deux dernières éditions de la Vuelta – deux victoires en 2013, septième en 2014 -, le Breton va enfin connaître le privilège de découvrir le Tour de France. Dans l’ombre de Thibaut Pinot et Romain Bardet, Barguil a dû attendre son heure et se plier à la stratégie d’équipe de Giant qui privilégiait Marcel Kittel et John Degenkolb sur les dernières éditions. Malgré un début de saison plus que moyen, avec en prime une belle gamelle sur le Tour de Californie en mai, le tricolore a pansé ses plaies par un stage en altitude de trois semaines en Sierra Nevada. Revenu à la compétition au Tour de Suisse, il a fourni un gros travail d’équipier pour Tom Dumoulin avant de passer tout près de la victoire sur le circuit de Berne lors de la huitième étape, qu’il terminera finalement troisième.

Actif aux championnats de France où il a terminé au pied du podium, Warren Barguil monte en régime à l’amorce du Tour et sait pertinemment que ses caractéristiques de grimpeur-puncheur seront une valeur sûre dans les multiples étapes casse-patte au programme. En plus d’éventuellement briguer une place dans le top 15 qui semble clairement à sa portée. Fin tacticien et attaquant hors-pair, il ne jouit pas encore d’une cote de popularité aussi grande que Pinot et Bardet, mais il pourrait très bien la gagner d’ici fin juillet en levant les bras.

Eduardo Sepulveda / 24 ans

L’Argentine n’a jamais été une terre de grimpeurs, mais Eduardo Sepulveda déroge à la règle. Âgé de 24 ans, le pensionnaire de l’équipe Bretagne-Séché depuis trois ans excelle dès que les cimes guettent au-dessus du peloton. S’il n’avait pas pu participer au dernier Tour de France suite à une inflammation au genou, le Sud-Américain ne ratera pas de nouveau le rendez-vous de l’été. Chef de file de la formation bretonne, il a traversé les premiers mois de l’année 2015 en butinant de solides performances – quatrième au Tour de San Luis, deuxième du Tour de Turquie et vainqueur de la Classic Sud Ardèche.

Enfin, l’abeille Sepulveda s’est offert une première répétition en vue des cols de juillet, et ce lors de la Route du Sud, où il s’est retrouvé face à Alberto Contador et Nairo Quintana dans le Port de Balès, avant de prendre la quatrième place finale de l’épreuve. Si des doutes peuvent être émis sur ses facultés de récupération, Eduardo Sepulveda cherchera avant tout à construire son Tour France par des coups d’éclats et une potentielle victoire comme le souhaite son directeur sportif, Emmanuel Hubert. « Nous ciblerons quelques étapes, sans doute dans les Alpes », a t-il annoncé. Cela pourrait bien passer par le grimpeur argentin.

Adam Yates et Simon Yates / 22 ans

Les jumeaux britanniques ont faim d’apprendre et le prouvent même lorsque les grands leaders se dressent devant eux. Connus de tous, Adam et Simon sont deux coureurs en pleine ascension et possèdent des qualités qui devraient convenir à un parcours semés d’embûches, tortueux et montagneux à souhait. On a pu voir Simon à l’œuvre sur le Dauphiné où il a mené sa barque à bon port, battant Romain Bardet dans la course au maillot blanc et se hissant à la cinquième place du classement général. Auparavant, il s’était montré à son avantage au Pays-Basque avec une jolie cinquième place finale liée à une stratégie basée sur l’offensive.

Quant à Adam, ses performances ont certes été moins tranchantes qu’en 2014, mais on dénote néanmoins une belle neuvième place sur Tirreno-Adriatico en début de saison. Encore un peu tendres pour évoluer avec les cadors, ils voudront apporter un vent de folie d’autant plus qu’ils auront les clés du leadership chez Orica. Tout en se tirant mutuellement vers le haut, comme ils le confiaient il y a un peu plus d’un an : « on espère toujours que l’autre va gagner. Et ça pourrait prouver à l’autre qu’il en est capable aussi. A chaque fois qu’on se présente au départ d’une course, on essaye de se fixer un objectif de top 10. »

Thomas Bernier

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