Une nouvelle carrière. C’est ce pour quoi Mark Cavendish a signé en rejoignant cet hiver l’équipe Dimension Data. Moins de paillettes, une équipe bien plus faible que les armadas qu’il avait connu jusqu’ici, mais aussi beaucoup moins de pression : c’était ça, le deal. Et pour le moment, le Britannique semble s’épanouir. Il a même déjà levé les bras, et se projette avec des objectifs élevés.

Du changement de tous les côtés

Cavendish a démarré sous ses nouvelles couleurs par un abandon, sur la Cadel Evans Ocean Road Race. Jamais, pourtant, le Britannique n’avait eu à jeter l’éponge dès son premier jour de course. Pourtant, ça n’a pas été une véritable désillusion. Avec son ambition de disputer les Jeux Olympiques sur piste l’été prochain, il a assez peu travaillé le foncier cet hiver, préférant un entraînement axé sur la qualité plutôt que sur la quantité. Résultat, le parcours de l’épreuve australienne a eu raison de lui, mais pas de quoi l’abattre. « Je m’attendais à être à ce niveau. Pas vraiment mieux, pas moins bien »,  confiait en effet l’homme de Man. D’autant que seulement trois jours plus tard, à Dubaï et sur du plat, il a pu montrer qu’il était – déjà – au point. Battu par le seul Kittel à Fujairah, il a prouvé à tous que 2016 ne serait pas témoin de son agonie. Et une semaine après ce premier accessit, il a levé les bras pour la première fois de la saison, au Qatar.

Une victoire rendue particulière par la présence de Roger Hammond en tant que directeur sportif. « J’ai connu Roger chez T-Mobile, lorsque j’étais néo-pro : il était toujours auprès de moi. Je voulais donc gagner ici en guise de clin d’œil à ‘’Rog’’ », a expliqué le Britannique. Pour leur première course ensemble chez Dimension Data, il lui a donc offert un bouquet. Mais ce qu’on retiendra avant tout, c’est le fait que Cavendish ait battu les autres sprinteurs, et notamment Alexander Kristoff. En choisissant la roue du Norvégien dans le final, l’ancien champion du monde a incontestablement fait le bon choix. Ce n’est pourtant pas la façon de courir à laquelle il nous a habitué jusqu’ici. Même s’il a parfois été esseulé chez Sky, il a quasiment toujours pu bénéficier d’une équipe à son service dans les derniers kilomètres. Depuis huit ans, c’était donc surtout les autres qui tentaient de prendre sa roue. Aujourd’hui, les choses changent. Et Cavendish démontre qu’il sait s’adapter.

La piste, le Tour et l’incertitude

Bien sûr, il n’est plus le patron du sprint. A Doha, Kristoff a remis les compteurs à égalité, avant de prendre l’avantage sur son rival ce jeudi à Madinat Al Shamal. Mais l’Anglais reste compétitif. Au général, il occupe d’ailleurs toujours la tête, même après le chrono de mercredi remporté par Edvald Boasson Hagen. Septième au terme des onze kilomètres au programme, le Cav’ a presque couru en spécialiste. Son entraînement hivernal fait sur piste, à Manchester, a sans doute joué un rôle dans cette bonne performance. Cette possibilité de s’adonner à la piste était d’ailleurs la condition sine qua non de la signature de Cavendish. Lefevere ne voulait pas chez Etixx d’un coureur qui pense aux JO, disputés sous bannière nationale. Alors l’Anglais a fait ses valises et rejoint une structure où concilier les deux lui est possible. Après quelques belles performances en Coupe du Monde, l’ancien maillot vert du Tour de France doit désormais décrocher sa place au sein de l’équipe britannique.

Cette incertitude autour de sa participation aux Jeux et la question des invitations pour l’équipe Dimension Data font que le programme de Cavendish est encore très incertain. Si les hommes de Brian Smith sont assurés de disputer toutes les épreuves World Tour, rien n’est acquis pour les épreuves de seconde division. Les classiques belges en sont un bon exemple : l’Anglais aurait aimé défendre son titre sur Kuurne-Bruxelles-Kuurne, mais la formation sud-africaine n’y est pas invitée. Idem pour l’Omloop Het Nieuwsblad. Une sacrée nouveauté pour l’un des plus grands coureurs du peloton, qui avait jusqu’ici pour habitude de construire sa saison autour de ses envies, et de ne dépendre de personne. A l’heure actuelle, il n’y a donc que le Tour de France et les Mondiaux qui sont cochés dans le calendrier du Cav’. Tout le reste n’est que supposition, alors le principal intéressé reste focalisé sur ces quelques épreuves, et sur le défi qui l’attend cet été. « Combiner le Tour et les Jeux sera compliqué. Il se peut même que dans quelques semaines, je me rende compte que c’est impossible et que je change tous mes plans, a-t-il avoué. Mais si très peu de coureurs sont capables de réussir un tel enchaînement, je pense en faire partie. » Mark Cavendish a changé, mais incontestablement, son ambition est restée intacte.

Buy me a coffeeOffrir un café
La Chronique du Vélo s'arrête, mais vous pouvez continuer de donner et participer aux frais pour que le site reste accessible.