Sur Liège-Bastogne-Liège, il était le tenant du titre. Et à défaut d’être l’un des grands favoris de cette édition 2014, il était l’un des prétendants logiques à la victoire. Surtout lorsqu’un très gros groupe, composé de 39 coureurs, s’est présenté au pied de la côte d’Ans. L’Irlandais a même lancé les hostilités, avant de chuter dans le dernier virage. La victoire semblait pourtant à portée de main…

Suivre la tactique des meilleurs

Deuxième de la Flèche wallonne en milieu de semaine ardennaise, Martin se savait fort. Mais sans doute redoutait-il la puissance de Gilbert et Valverde, favoris annoncés depuis le dimanche précédent la Doyenne. Alors en coureur plutôt sage, il a attendu. Prêt à bondir dans la roue d’un attaquant, il a épié les cadors durant toute la course. Quand Pozzovivo est parti, une fois avec Arredondo, l’autre avec Caruso, il a jugé que ses chances étaient trop limitées et a préféré rester cacher. Pour finalement tout miser sur le final. Un choix pas si dénué de sens. Car si le natif de Birmingham n’a pas la pointe de vitesse d’un Gerrans, il grimpe bien mieux, et pouvait espérer faire craquer l’Australien dans la dernière bosse, cependant non répertoriée. C’est comme ça qu’il avait d’ailleurs décroché la victoire un an auparavant, même si les adversaires placés dans sa roue n’étaient pas exactement les mêmes.

Alors aux 800 mètres, quand ce qui restait du peloton comptait encore une petite dizaine de secondes de retard sur le duo de tête, l’Irlandais décida de prendre les choses en main. C’est là, déjà, qu’il avait accéléré l’an passé pour revenir sur un Rodriguez qui se faisait la malle. Il savait alors exactement ce qu’il lui restait à parcourir, et il sembla gérer parfaitement son effort. Ne revenant pas trop vite, ni trop doucement. Sur la fin de la montée, Martin est alors parfaitement placé. Il a repris et déposé Pozzovivo puis s’est calé dans la roue de Caruso, complètement cuit. Les autres sont quelques mètres derrière seulement, mais dans le même état de fraicheur que le leader de l’équipe Garmin, qui semble filer tout droit vers un doublé historique que seuls quelques champions d’exception parmi lesquels Merckx, Argentin, De Bruyne, Kubler ou Bartoli ont réussi. Sauf que tout bascula, en un virage…

Deux passages, deux destins

En 2013, c’est quelques mètres seulement avant ce dernier virage qu’il avait placé son attaque décisive, décrochant Purito de sa roue et s’envolant vers la victoire. Cette année, c’est dans ce même virage qu’il perdit tous ses espoirs de victoire. La chute fut aussi cruelle qu’inattendue. Il ne restait quasiment rien, juste quelques dizaines de mètre sur une route redevenue plate. Un parcours que Martin avait su dompter la saison passée, et dont il rêvait depuis. Presqu’aussi fort que ses concurrents, juste un peu plus discret, on avait presque oublié qu’il était capable de nous la refaire. Et pourtant, quelques secondes, on a bien cru que la victoire serait pour lui. Avant cette chute, inexplicable. Les passages pour piétons et leur fameuse peinture blanche n’y sont pour rien, c’est sur un bitume parfait que la roue arrière, puis l’avant, se sont dérobées, ne laissant pas le temps à Martin de réagir.

Frappant le sol avec son épaule gauche, il mit quelques minutes à se remettre en selle. Il avait de toute façon perdu la Doyenne. Tout de suite, on essaya donc de comprendre. Comment et pourquoi est-il tombé ? Manque de lucidité ? Difficile à croire. Cela paraît en réalité n’être qu’un simple et malencontreux coup du sort. Le coureur n’a d’ailleurs pas pu éviter le sujet, quelques heures plus tard, sur Twitter. Réagissant d’abord avec humour, soulignant avant tout la bonne humeur de ses coéquipiers qui lui faisait oublier la défaite, il tint ensuite à éclaircir les raisons de cette chute. « Juste pour clarifier les choses, je n’ai pas perdu ma pédale, et je ne pense pas avoir frappé un stylo (une hypothèse mise en avant par certains sur les réseaux sociaux, ndlr). Nous pensons plutôt qu’il y avait de l’huile sur la route. » Et de conclure, comme pour montrer qu’il y a plus grave et qu’il reviendra de toute façon : « Peu importe. Je suis allé au tapis. #Fin »

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