Il aura fallu que Roman Kreuziger passe d'Astana à Saxo-Tinkoff pour qu'il remporte sa première classique - Photo Flickr, Kei Ai
Il aura fallu que Kreuziger passe d’Astana à Saxo-Tinkoff pour remporter sa première classique – Photo Flickr, Kei Ai

Remporter l’Amstel Gold Race au nez à la barbe de Phillipe Gilbert, c’est fort. D’autant plus quand on connait les conditions de l’obtention de cette victoire : sorti en costaud au sein d’un groupe d’outsider, Kreuziger a parfaitement résisté au retour du trio Gilbert-Valverde-Gerrans dans le Cauberg, et n’a eu qu’à gérer son effort pour s’imposer en bas de la descente. Alors qu’on ne l’attendait plus, qu’on désespérait de voir un coureur autrefois si prometteur se contenter d’un palmarès peu garni, le Tchèque a enfin pris ses responsabilités et a parfaitement suppléé son leader Alberto Contador sur la première des classiques ardennaises. A 27 ans, il signe l’un des plus beaux succès de sa carrière. Privé de victoire majeure depuis de nombreuses années, c’est une véritable renaissance à laquelle on a assisté sur les routes limbourgeoises !

Gilbert costaud mais malchanceux

Tombé à une centaine de kilomètres de l’arrivée, on a d’abord senti Gilbert en grande forme dans les moments clés, remontant parfaitement les différents groupes pour réintégrer le peloton, et ce malgré l’accélération de la machine Blanco, qui aura tout mis en œuvre pour tenter de le distancer définitivement. On l’a vu aussi se ravitailler lui-même au bon moment, juste avant un passage piégeux qui a condamné de nombreux outsiders, dont Joaquin Rodriguez, blessé au genou gauche et qui semble incertain pour la suite de la campagne de classiques. Voyant l’avance avec le groupe de tête diminuer bien trop lentement à l’approche du final, c’est lui qui a pris les devants dès l’entame du Cauberg pour asséner une accélération ravageuse que seuls Valverde et Gerrans ont pu suivre avec difficulté. Bien qu’il ait été trop court pour accentuer encore son effort et aller chercher Kreuziger ou résister au retour du peloton, on a clairement retrouvé un Phillipe Gilbert de très haute facture. Après sa performance de mercredi, il se place incontestablement comme l’homme à suivre sur la Flèche wallonne et Liège-Bastogne-Liège.

Sagan épuisé ?

Tous le croyaient invincible sur ce parcours, mais pourtant, Peter Sagan a totalement déjoué. Incapable de suivre l’allure dans le Cauberg, il n’a même pas été en mesure d’aller chercher une place d’honneur dans le sprint du peloton. Tout au long de la course, son coéquipier Moreno Moser a semblé être en bien meilleure condition que lui. A-t-il montré ses limites sur un parcours exigeant, ou était-il trop fatigué après ces deux derniers passés mois à enchaîner les courses par étapes et les classiques à un haut niveau de forme ? Une chose est désormais certaine, il devra faire un long break pour récupérer de ses efforts et revenir encore plus fort dans quelques mois, notamment sur le Tour de France où il aura fort à faire pour défendre son maillot vert face à Mark Cavendish.

Pour conclure sur cette Amstel 2013, il est important de noter le coup de maître de l’organisation qui a réussi son pari en déplaçant la ligne d’arrivée après le Cauberg : on a eu droit à une course offensive où les favoris ont été piégés par leur manque d’expérience sur ce nouveau format. Ils ont couru comme ils avaient l’habitude de le faire sur l’ancien parcours et n’ont pas su s’adapter à la nouvelle donne. Avec une arrivée au sommet, Gilbert aurait sans doute eu plus de chances de reprendre Kreuziger… Au final, c’est un top 10 hétéroclite composé aussi bien d’habitués (Leukemans, Caruso) que de nouvelles têtes (Kwiatkowski, Weening) que l’on retrouve après ces 6h30 de course ponctuées de chutes, d’attaques, de surprises et de désillusions. Plus qu’une Amstel Gold Race classique, on a eu l’impression d’assister à un championnat du monde en bonne et due forme. Un vent de fraîcheur a soufflé sur cette course, et c’est positif pour l’avenir.

Louis Rivas


 

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