Bob Jungels, vainqueur au sprint dans les rues de Bergame, remporte la première grande victoire de sa carrière. Le Luxembourgeois continue son histoire d’amour avec le Giro et l’Italie. L’étape, très rapide, a mis Nairo Quintana puis Davide Formolo au sol sans gravité. Tanel Kangert a chuté beaucoup plus durement. En dehors de ces chutes, ou à cause d’elles, l’étape piégeuse promise n’a finalement accouché que tard de la bataille attendue.

Une course rapide et des chutes

Vincenzo Nibali et Adam Yates étaient attendus aujourd’hui, craints pour leur capacité à briller sur ce type de final semblable au Tour de Lombardie. Les équipes Orica et Bahreïn ont roulé à l’avant. Pourtant, ni le Requin de Messine, ni le Britannique n’ont pris le risque d’attaquer un Dumoulin serein. Serein, le peloton ne l’a pas été aujourd’hui. La vitesse du peloton sur la première partie de course excédait les 50 kilomètres à l’heure sous l’impulsion des Canondale notamment, l’équipe américaine essayant de placer ses hommes dans l’échappé. La rapidité du début d’étape a forcément laissé des traces sur les coureurs, et entraîné de nombreuses chutes. Quintana, d’abord, dans la première descente du jour. En patron qu’il est devenu hier, Dumoulin a fait ralentir le peloton pour attendre le Colombien. Deuxième sur la ligne, le grimpeur de poche ne laisse pas l’impression d’un homme blessé. Formolo a aussi vu le sol de près, sans gravité apparente. Astana, touchée par le sort, a perdu Tanel Kangert sur une chute effrayante. L’Estonien a tapé un îlot directionnel qui lui a fait faire un soleil vertigineux. Le leader de l’équipe kazakhe est contraint à l’abandon, il ne pourra pas rendre hommage à Michele Scarponi sur ce Giro. Malgré cette course un peu folle, presque davantage dans un style de course amateure, il n’y a pas eu de grande offensive.

Le choix du fair-play fait par le maillot rose néerlandais, passé devant le peloton pour demander d’attendre Quintana, est contestable. Grand communiquant, Dumoulin a certainement gagné des galons de champion de grande classe. Néanmoins, il a peut-être ici montré un excès de confiance. Toute seconde est bonne à prendre, et il faut savoir profiter des faits de courses. Si le Batave pense pouvoir s’en affranchir, il fait probablement une erreur. Mais sa réaction ménage au moins le suspense et le duel entre Dumoulin et Quintana tant attendu pour la dernière semaine. Ce coup d’arrêt a toutefois aussi brisé le rythme de la course. En effet, les Bahrain-Merida commençaient à mettre en route au même moment. Ils sont rentrés dans le rang, marque de respect de Vincenzo Nibali envers ce maillot rose qu’il connaît si bien. L’événement a malheureusement potentiellement empêché une vraie explication. Et c’est Bob Jungels qui en a profité.

Quick-Step, l’équipe de ce Giro

Le Luxembourgeois, déjà porteur du maillot rose cinq jours cette année, en blanc désormais, a été le premier des favoris à attaquer, suite au gros travail de Visconti. Il a repris les échappés, dont l’infatigable Pierre Rolland, toujours à l’avant, et a fait exploser le groupe maillot rose. Derrière, Nibali a été le plus prompt à répondre, puis à essayer quelque chose dans la descente jusqu’à la ligne. Au final, ces manœuvres tardives n’ont pas fait de perdants parmi les coureurs bien classés. Même Ilnur Zakarin, pourtant piégé dans un premier temps, a fini dans le même temps. Le Russe, impressionnant hier, évite donc la catastrophe. Mais l’homme du jour devait être Jungels. Malgré les efforts consentis en haut de la dernière bosse, c’est lui qui est le plus véloce sur le long faux plat descendant vers la ligne. Dans un style en puissance, incomparable, assis sur sa selle, les deux bras en prises sans arrêt, le Luxembourgeois s’impose assez facilement. « C’était une journée incroyable, une vraie course de juniors à bloc dès le départ. C’était comme une classique, une petite Amstel », resplendissait Jungels.

Il aura donc fallu ce type d’étape pour offrir le plus grand bouquet de la carrière du jeune leader de la Quick-Step. Sur le Giro, ce n’est pas un hasard. Maillot blanc l’an passé, il porte encore cette année le maillot de meilleur jeune. En rose durant deux journées en 2016, il a porté encore plus longtemps au début de ce Tour d’Italie le maillot de leader. Également troisième de Tirreno et sixième du Giro l’an passé, c’est l’histoire d’amour qui se poursuit entre Bob Jungels et l’Italie où il vit à chaque fois la dolce vita. Mais c’est toute l’équipe Quick-Step qui connaît un Giro magnifique. « Il y tellement de bonnes choses qui se passent. On a gagné cinq étapes, on a tellement de maillots », riait presque Jungels à l’arrivée. La semaine prochaine devrait être bien moins propice à l’équipe belge, à moins que la relation entre Bob Jungels et le Giro ne devienne fusionnelle, et fasse des étincelles.

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