Un an après son terrible accident survenu à l’entraînement, John Degenkolb s’apprête à démarrer la saison de la renaissance. Sous de nouvelles couleurs et enfin en parfaite condition physique. Mais rien ne dit qu’on le reverra chez Trek au niveau qui lui avait permis de décrocher, en 2015, Milan-Sanremo et Paris-Roubaix.

Une bonne idée, par Robin Watt

Mettre une année de galère derrière soi, c’est le souhait de n’importe qui. Pour ça, John Degenkolb a jugé qu’il était nécessaire de changer d’air et on ne peut pas le lui reprocher. Son accident de l’hiver dernier, qui a ruiné sa saison, ne doit pas ruiner sa carrière. Alors vivement qu’il passe à autre chose, oublie cet exercice 2016 catastrophique et redevienne un chasseur de classiques capable de s’imposer sur Milan-Sanremo ou Paris-Roubaix. Parce que l’Allemand n’a pas perdu son talent, en témoignent quelques uns des sprints qu’il a disputé en fin de saison. Il a simplement besoin d’une véritable préparation pour revenir au top et assumer son statut. Il le fera désormais chez Trek, où l’héritage de Fabian Cancellara sera lourd à porter. Mais il en a les épaules. Il n’a pas remporté deux monuments en un mois, au printemps 2015, sans être capable de supporter la pression.

Qu’importe donc, finalement, les hommes qui l’accompagneront au sein de l’équipe américaine. Degenkolb n’a jamais fait partie de ces coureurs qui ont besoin d’être entourés d’une armada. Quelques lieutenants lui suffisent. Il a perdu Tom Veelers, parti à la retraite – raison de plus pour quitter Giant – mais il lui reste Koen de Kort, qui l’a suivi dans sa nouvelle aventure. Il n’a pas vraiment besoin de plus. Il y a donc largement la place pour une cohabitation entre lui et Alberto Contador, qui se concentrera sur les grands tours. En revanche, pas de raison qu’il y ait de concurrence interne pour les classiques et les sprints. Stuyven, Theuns ou Nizzolo n’ont ni le statut ni le potentiel de l’Allemand. Alors ils se rangeront derrière lui. Parce que personne, de toute façon, ne fait venir Degenkolb sans lui donner tout ce dont il a besoin pour réussir. C’est à dire un peu de tranquillité et de temps pour redevenir celui qu’il est vraiment.

Une mauvaise idée, par Jean-Baptiste Caillet

On peut comprendre la frustration de John Degenkolb. Le sprinteur allemand a traîné les stigmates de sa blessure pendant de longs mois. Giant-Alpecin n’a eu d’autres choix que de faire sans lui. L’homme a évidemment mal vécu cette perte d’influence au sein d’une formation où il a passé l’essentiel de sa carrière professionnelle, alors il a émis le souhait de partir. Mais que ce spleen est de bien mauvais conseil. En quittant un staff qui l’a aidé à gagner deux monuments, il veut voir si l’herbe est plus verte ailleurs, mais rien n’est moins sûr. Degenkolb prend même un sacré risque en allant assumer la succession de Fabian Cancellara chez Trek. Spartacus y a tout donné et on attendra que l’Allemand en fasse autant pour les trois années à venir. L’ego blessé après l’exercice 2016, on peut douter de sa capacité à prendre la relève au sein d’une équipe qui a rarement déçu au moment du printemps.

Même Trek ne semble pas convaincu à 100 %. L’équipe américaine n’a ainsi pas mis tous ses œufs dans le même panier. La masse salariale libérée par Cancellara leur a permis d’investir également sur Alberto Contador, un autre revanchard qui se posera forcément en patron. L’équipe pourra t-elle autant s’impliquer dans les classiques alors qu’un chasseur de grands tours est dans ses rangs ? S’ils ne s’expriment pas sur le même terrain, il y aura duel entre le Colt et le Pistolero. Chacun voudra tirer la couverture à soi. Dans le cas de Degenkolb, il ne faut pas non plus négliger la concurrence interne. Contrairement à Peter Sagan chez Bora, l’Allemand n’est pas venu avec toute une clique acquise à sa cause. Seul Koen de Kort l’a suivi, et dans son nouvel environnement, il devra aussi se méfier des Belges Theuns et Stuyven ou de l’Italien Nizzolo. Alors oui, il suffit d’en claquer une belle pour faire taire ces appétits, mais on en est encore loin.

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