Le cyclisme italien des quinze dernières années avait plus que reposé sur eux. Ivan Basso et Alessandro Petacchi ont porté leur pays jusqu’aux plus grandes victoires. Mais en 2016, le grimpeur lombard et le sprinteur ligurien ne feront plus partie du peloton professionnel. Une page qui se tourne.

La cruauté des années

Voir partir ces deux grandissimes coureurs fait forcément quelque chose. Mais le poids des ans a parlé. Pour Basso, il s’est même fait ressentir avec une grosse frayeur, celle d’un cancer des testicules. Simples coïncidences ou signe du destin, il l’a appris en plein Tour de France, cette épreuve qu’il n’a jamais remporté mais où il a pu affronter Lance Armstrong, atteint il y a bientôt 20 ans du même mal. Mais même opéré avec succès, pas question, alors, de tirer sur la corde. Avec sagesse, le Lombard a décidé de raccrocher. « Je suis fatigué et il y a eu des problèmes de santé, déclarait-il au moment de son annonce. C’est un ensemble de choses qui n’étaient plus compatibles avec ma vie de coureur. Je ne voulais pas finir ma carrière épuisé. Il y a eu un moment dans la saison où j’ai compris que je ne pouvais plus courir. Je voulais avoir l’énergie pour ma famille et ma nouvelle vie. » Désormais, l’Italien va donc s’investir dans l’encadrement chez Tinkoff. A 38 ans, le moment était venu.

La fin de carrière d’Ivan Basso aura donc été particulière, mais de ce point de vue-là, Alessandro Petacchi, 41 ans, n’a rien à lui envier. Après une première retraite annoncée en 2013, « Ale-Jet » n’a pas résisté à l’appel de Patrick Lefevere. S’il a rendu quelques services chez Quick-Step, à l’approche de la quarantaine, il est vite devenu un peu trop limité pour être un coureur d’importance au sein d’une aussi grosse écurie. Il a donc été s’offrir des derniers mois de cycliste professionnel chez Southeast, avant qu’un virus au printemps dernier ne le pousse à mettre fin à cette tournée d’adieu qui tournait mal. « Assez, je m’arrête là. Je ne suis plus en mesure de garantir un vrai rendement. Mais je reste pour toujours Alessandro Petacchi », avait lâché le transalpin en juin dernier. Un au revoir au goût amer pour un sprinteur qui a tant brillé en près de 20 ans chez les professionnels. Mais comme pour Basso, c’est d’ailleurs ce qu’on retiendra : une longue carrière parsemée de grands succès.

Victoires et suspensions

Avec deux Tours d’Italie et autant de podiums sur la Grande Boucle, Basso a été un plus grands spécialistes des grands tours au début du XXIe siècle. Un peu comme Petacchi sur les sprints, puisque celui qui a surtout brillé chez Fassa Bortolo et Lampre a conquis 48 étapes sur les épreuves de trois semaines. En 2003, il a même levé les bras sur les trois grands tours du calendrier, avec pas moins de quinze bouquets. Un exploit inédit, et jamais réalisé depuis. Le « grand » Ivan et le « bel » Alessandro ont fait partie de la dernière grande génération transalpine. Avec Bettini, Cipollini, Bartoli, Tafi et quelques autres, ils ont fait de l’Italie un pays dominant dans le cyclisme des années 1990 et 2000. Et ils sont parmi les derniers à se retirer. Basso a concurrencé Armstrong sur le Tour et battu Nibali sur le Giro, comme la preuve qu’il était à cheval sur deux générations. Petacchi, lui, s’est battu contre McEwen et Zabel avant de faire vaciller Cavendish.

Finalement, il n’y a donc que le dopage qui vient ternir les carrières de ces deux champions. Jamais les deux italiens n’ont avoué s’être dopé. Basso en 2006 s’est retrouvé impliqué dans l’affaire Puerto et a purgé deux ans de suspension même s’il a toujours nié avoir fait usage de produits dopants. Petacchi n’a pas été plus coopératif en 2007, quand il a été contrôlé positif au salbutamol, sans que ça ne l’empêche d’être suspendu un an. Mais les deux hommes ont su revenir après avoir été mis en dehors du système, et retrouver le chemin du succès. Incontestablement, 2010 aura été leur dernière grande année : une victoire finale sur le Giro pour le Lombard, un maillot vert et deux étapes sur le Tour pour le Ligurien. La suite a été un déclin plus ou moins rapide pour ces deux grandes figures du cyclisme moderne. Ce qui n’empêche pas qu’ils laisseront un vide dans le peloton.

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