A Ponferrada, l’équipe de France pourra nourrir des ambitions qu’elle ne se permettait plus depuis des années. Avec Nacer Bouhanni et surtout Tony Gallopin comme leaders, les tricolores se poseront en outsiders derrière les quelques grands favoris qui se dessinent. Le coureur de la Lotto-Belisol, dont les qualités correspondent à merveille au parcours de ces Mondiaux 2014 s’est donc confié à la Chronique du Vélo, à quelques jours de l’épreuve tant attendue.

« J’ai tout fait pour être au top »

Un Français champion du monde, vous imaginez ? Bon, c’est vrai, on n’en est pas là, et c’est peu dire. Mais Tony Gallopin, très clairement, se pose en crédible outsider des Sagan, Gerrans, Degenkolb ou Valverde. Cela ne fait désormais plus aucun doute, depuis sa victoire à Saint-Sébastien en août 2013, il est un homme de classiques, qui aime les courses longues et exigeantes. Alors forcément, ces Mondiaux lui plaisent… « Dès que j’ai vu le parcours, j’étais très motivé, et c’est pour ça que j’en avais parlé à Bernard (Bourreau, sélectionneur de l’équipe de France, ndlr) et que j’ai tout fait pour arriver au top de ma forme. » Le natif de Dourdan, dans l’Essonne, sait qu’un parcours presque sur-mesure comme celui de Ponferrada ne se présentera pas chaque année. « A Richmond (en 2015) mais surtout à Doha (en 2016), même si j’aimerais beaucoup y aller, je n’aurai pas les mêmes ambitions. » L’occasion, en ce mois de septembre 2014, est donc trop belle pour que Tony Gallopin la laisse passer.

Pour autant, il reste modeste et ne se désigne pas comme le leader de cette équipe de France. Si sur le papier, c’est à lui que devrait revenir ce rôle, il préfère rester mesuré. « Ça reste à voir, on en discutera avec Bernard. » La présence de Nacer Bouhanni offre en effet une alternative plus que crédible dans l’hypothèse où le futur pensionnaire de l’équipe Cofidis passerait les bosses au programme. Cela dépendra indéniablement des circonstances de course, et il faudra des conditions vraiment favorables. Et dans ce cas, Gallopin pourrait se mettre à la planche pour le sprinteur tricolore. Mais le plus probable reste bien évidemment que Bouhanni ne soit plus là dans le final. Celui qui a porté le maillot jaune en juillet dernier en convient presque, indirectement. « Ça se jouera entre costauds, c’est certain. » Tony Gallopin, dans l’opinion générale, fait partie de ces costauds. Et même si le principal intéressé veut parler au nom de l’équipe lorsqu’il avance que « c’est agréable de savoir qu’on peut jouer dans la cour des grands », on ne peut s’empêcher d’imaginer que ça le concerne bien plus que ses partenaires.

Il n’est pas Jalabert, mais peut gagner

Après des classiques canadiennes réussies (neuvième à Québec, troisième à Montréal) et une deuxième place elle aussi encourageante sur le GP de Wallonie, l’Essonnien a montré qu’il aimait les courses en circuit. « J’aime bien le fait de courir en circuit. C’est la particularité d’un championnat, et pour l’ambiance, c’est agréable. » Ayant choisi cette préparation passant par des classiques plutôt que par la Vuelta pour ne pas accumuler trop de fatigue, il ne regrette pas, et se souvient que l’an dernier, Rui Costa avait décroché le maillot arc-en-ciel après avoir emprunté ce chemin. Gallopin apprécie aussi le fait que l’équipe de France, outsider plus que favorite, puisse se délester d’un peu de pression. Une situation que connaît bien l’ancien coureur de Radioshack. « J’ai eu la chance d’être assez peu médiatisé à mes débuts. J’ai progressé tranquillement, année après année, accumulé de l’expérience petit à petit. » De quoi gérer avec un peu plus d’aisance l’arrivée des premiers succès d’envergure depuis quelques saisons.

Reste que sur le circuit de Ponferrada, il faudra s’adapter, et peut-être suivre le rythme des grimpeurs dans les quelques passages à plus de 10% des montées au programme. Si Valverde, Rodriguez ou Gerrans attaquent, le Français sera-t-il capable de prendre les roues ? Lui, pour l’instant, ne doute pas. « Ce sera difficile mais j’ai réussi dans le passé à rivaliser avec eux sur certaines courses. Ca dépendra donc de ma forme, il faudra que je sois au top ce jour là, mais c’est autre chose. En tout cas, j’y crois et j’ai fait le maximum pour être au top. » Comme si tout était réunit pour que Tony Gallopin porte – très – haut les couleurs de l’équipe  France. De quoi aussi, pour certains, le comparer à Laurent Jalabert. Une comparaison sur laquelle l’homme de 26 ans ne s’attarde pas vraiment. « Je pense qu’à mon âge, Jalabert avait déjà un palmarès plus conséquent que le mien. Moi, j’essaie juste de faire mon boulot, de progresser. Alors la comparaison est flatteuse, mais je n’y prête pas particulièrement attention. » Ça tombe bien, « Jaja » n’a jamais été champion du monde…

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