Une équipe Euskaltel pour qui il donnait tout et qui le vire du jour au lendemain comme un malpropre. Pierre Cazaux a subi la dure loi des points UCI, dans l’irrespect le plus total de la part des dirigeants de son équipe. Pour la Chronique du Vélo, le Basque explique comment tout cela s’est passé, et nous parle de son retour chez les amateurs. Un entretien enrichissant et surtout émouvant.

Bonjour Pierre. Pour cette saison 2013, vous évoluerez sous les couleurs du GSC Blagnac, qu’est-ce que cela vous inspire ?

A vrai dire pas grand chose… Revenir chez les amateurs, c’est quelque chose de vraiment pas évident à faire. Donc je prends les choses comme elles viennent, au jour le jour.

Comment prenez-vous, justement, le fait d’être revenu chez les amateurs ?

J’ai mis beaucoup de temps à prendre la décision d’y revenir, au début je voulais vraiment pas. Mais avec les conseils de quelques amis et de ma famille, j’ai décidé de repartir juste une année en amateurs pour ne pas rester sans rien faire.

« Juste une année », cela signifie que vous espérez retrouver dès l’année prochaine une équipe pro ?

C’est une chose à laquelle je ne veux pas penser, à laquelle je ne pense pas du tout même. J’ai déjà pris une grosse claque en n’étant pas conservé chez Euskaltel, donc je ne veux pas penser à repasser pro et me faire des illusions ou me prendre une nouvelle claque à la fin de l’année. Mais on verra, je vis au jour le jour…

Concernant votre mise à l’écart de la part d’Euskaltel en fin de saison dernière, comment avez-vous pris et appris cette nouvelle ?

Avec Euskaltel, ça a été une histoire très compliquée. Dès le mois de septembre, on était plusieurs dans l’équipe à être dans l’inconnu au sujet de nos contrats. Donc on essayait de joindre le manager général, à savoir Igor Gonzalez de Galdeano, qui ne répondait jamais au téléphone. Pour ma part, il a fini par me répondre au bout d’une vingtaine de tentatives, et il m’a annoncé qu’il ne savait pas encore, que rien n’était sur. En clair, que c’était ni oui ni non, qu’il fallait attendre par rapport aux points UCI, et il m’a affirmé qu’il me donnerait une réponse définitive une semaine plus tard. Mais en fait, il ne m’a jamais rappelé et j’ai appris par la presse que je n’étais pas conservé.

C’est donc la façon dont cela s’est déroulé qui a été difficile à vivre…

Oui, moi je n’ai jamais eu de problème avec l’équipe, que ce soit avec mes leaders ou avec le staff technique. J’ai toujours fait le boulot qu’on me demandait de faire. Tout le monde était content de moi, j’étais assuré de continuer chez eux, donc ce qui est arrivé, je ne l’ai pas vu venir. Après, si l’équipe ne veut pas garder certains coureurs, c’est leur choix, je le respecte, par contre il faut qu’ils le fassent avec les bonnes manières, en temps et en heure. Mais la façon dont ça s’est passé, c’est inacceptable !

Vous pensez que si vous aviez été prévenu plus tôt, vous auriez pu trouver une autre équipe professionnelle ?

En fait j’ai peut-être été un peu naïf, mais je n’ai même pas essayé de rebondir ailleurs. Mais c’est sur qu’en le sachant en avance, j’aurais pu trouver quelque chose pour continuer chez les pros.

Pendant ces deux années chez Euskaltel, vous avez connu le World Tour. Qu’avez vous pensé de ce milieu, et est-ce que la fin de l’histoire vous a un peu dégoutée ?

Chez Euskaltel, j’ai passé deux très belles années. J’ai participé à des classiques, au Tour d’Italie, au Tour d’Espagne, où on a gagné plusieurs fois des étapes de montagne avec nos différents leaders. J’ai vécu de très belles choses et tout s’est très bien passé. Mais là où ça a commencé à dérailler, c’est début octobre, après la saison. Jusque là, tout allait très bien.

Ce n’est évidement pas excusable, mais c’est peut-être la situation difficile de l’équipe sur les derniers mois, et le système toujours contesté de l’UCI avec les points attachés aux coureurs et non aux équipes, qui a fait que la fin s’est mal déroulée…

Bien sur, je ne sais pas où on va avec ce système clairement honteux ! C’est certain que ses créateurs sont en partie fautifs, mais ça ne donne pas le droit à Euskaltel de ne pas prévenir le coureur, de ne pas lui répondre, etc… Alors il est clair que si l’équipe a réagi comme ça, c’est par rapport aux points UCI. Mais elle aurait du agir, que ce soit envers moi ou d’autres coureurs, avec un minimum de respect. Malgré le système qui est mauvais, il y a d’autres manières de procéder. Mais j’en ai tiré beaucoup de leçons, et on n’est que des pions, des numéros.

Par la suite, avez-vous eu du soutien des coureurs qui sont restés ?

Oui, énormément ! Que ce soit des coureurs que j’ai côtoyé pendant deux ans, mais aussi du staff technique, j’ai eu beaucoup de soutien. On était très proches, tous basques, et ils m’ont presque tous appelés pour me dire de m’accrocher, que ce n’était pas normal que je ne sois pas conservé… Donc j’ai eu un gros soutien de mes anciens coéquipiers.

Enfin, pour parler désormais de l’avenir et même si vous allez courir au jour le jour, attendez-vous quelque chose de cette saison 2013 ?

Forcément, je n’ai pas la motivation d’un cadet. Je veux retrouver un peu de plaisir sur le vélo, mais je ne vais pas dire que j’attends de repasser pro parce que je n’y pense pas. Je vais juste essayer, avec le GSC Blagnac, de retrouver du plaisir et d’aider certains jeunes en leur faisant part de mon expérience.

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