Cet hiver, l’équipe MTN-Qhubeka a voulu frapper fort sur le marché des transferts. Recrutant à tour de bras des grands noms en difficulté, l’équipe sud-africaine a voulu relancer ces coureurs comme elle l’avait fait avec Gerald Ciolek. Matthew Goss a fait partie de cette vaste opération, étant même l’un des premiers à signer son contrat. Vainqueur de Milan-Sanremo en 2011 et de plusieurs étapes du Tour d’Italie, il vit pourtant un début de saison très compliqué, à l’image de l’équipe toute entière. Transparent dans les sprints et abandonnant sur presque toutes les classiques printanières, il est à 28 ans bien loin de son niveau d’il y a quatre saisons. Malgré tout, l’Australien s’est confié à la Chronique du Vélo et à notre partenaire LATHLETE.FR pour évoquer ses choix et son optimisme pour les mois à venir.

Descente aux enfers

La dernière victoire de Matthew Goss remonte à 2013, sur une étape de Tirreno-Adriatico. Cela fait donc plus de deux ans que celui qui a un temps été l’un des meilleurs sprinteurs du peloton n’a pas levé les bras. « Je ne sais pas vraiment comment l’expliquer, et c’est pourquoi j’ai décidé de changer d’équipe, explique le Tasmanien. Parfois, c’est juste l’environnement qui joue, et j’ai signé chez MTN-Qhubeka pour prendre un nouveau départ, dans un nouvel environnement. » Pourtant, cette saison s’inscrit pour le moment dans la continuité des précédentes : le meilleur résultat de Goss est une vingt-cinquième place sur la troisième étape du Herald Sun Tour. Et s’il a profité de son transfert pour s’attaquer aux classiques plutôt qu’au Tour d’Italie, le bilan est catastrophique, avec quatre abandons en six courses. « Mes premiers mois ont été parfaits en terme d’adaptation au sein de l’équipe, et je suis convaincu que les résultats vont finir par arriver », tempère l’Australien.

Il n’empêche que cette descente aux enfers demeure inexplicable. Alors qu’entre 2010 et 2012, Goss était au sommet de son art, il est devenu un coureur lambda sans qu’il soit possible de trouver un déclic et un point de départ. Mais force est de constater que peu à peu, les victoires se sont transformées en podiums, avant de disparaître complètement. Et ce dès 2012 justement, puisque le natif de Launceston décrocha cette saison-là huit podiums sur les grands tours, pour seulement une victoire. « Sur le Tour, ça aurait pu être différent si nous n’avions pas décidé de jouer le maillot vert, tente-t-il de justifier dans une interview accordée au magazine britannique Rouleur. Chaque jour, je disputais les sprints intermédiaires, contrairement à des gars comme Cavendish ou Greipel. Sans ça, j’aurais peut-être pu les battre à l’arrivée. Après, c’est toujours facile de regarder en arrière et de dire ce qu’il aurait fallu faire autrement… »

Grosse concurrence interne

Chez MTN-Qhubeka, Matthew Goss découvre également un nouveau type de concurrence. Avec le recrutement de cet hiver au sein de la formation sud-africaine, il doit composer avec Ciolek, Farrar, Boasson Hagen et Bos, rien que ça. « Je savais que l’équipe était en discussion avec ces coureurs, et qu’ils pourraient faire partie de l’équipe, note cependant l’ancien pensionnaire de la formation Orica-GreenEdge. Mais je pense que c’est une bonne chose, comme on a pu le voir pendant Tirreno, où nous avons travaillé tous ensemble. » S’il assure qu’il n’y pas de gros ego et que chacun a des objectifs différents, il n’en reste pas moins qu’il faut sans cesse faire ses preuves. Car sur l’épreuve italienne par exemple, Goss s’est mis à la planche pour Farrar, et à n’en pas douter, il aurait préféré que ce soit l’inverse. Mais fair-play, il assure que « la clé sera le respect mutuel et l’honnêteté. Si tout le monde communique bien et dit quand il est dans un bon jour ou non, il n’y a aucune raison que ça ne fonctionne pas. »

La situation n’a donc rien à voir avec l’époque où, au cœur d’une hiérarchie bien plus établie, il cohabitait avec Cavendish et Greipel chez HTC. Un moyen de ne pas porter toute la responsabilité des résultats, et d’évoluer sans pression. « C’était top d’être dans la même équipe que ces gars-là. Ils m’ont énormément appris, et c’est sûr, il y a moins de pression sur les courses quand tu es avec des coureurs comme eux », se rappelle celui qui avait gagné à Sanremo malgré la présence de Cavendish au départ. Mais Goss note surtout que la pression est propre à chacun. « Elle vient de toi-même et pas de l’extérieur. Je me suis mis la pression tout seul pour être performant. » Enfin, si pour l’instant, l’Australien court après la confiance, il assurait en début de saison qu’il ne voulait « surtout pas revivre une année sans victoire ». Un objectif louable, mais bien loin de ceux qui étaient les siens il y a quelques saisons.

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