Sur les pentes de la Croix de Chaubouret, on a eu la confirmation que Luis Leon Sanchez n’est plus le grimpeur qu’il a pu être. Seizième au sommet, il a dit adieu à ses ambitions au classement général de ce Paris-Nice, si tant est qu’il en avait. En début de semaine, l’Espagnol s’est confié à la Chronique du Vélo, évoquant sa nouvelle équipe mais aussi la relative inconnue dans laquelle il évolue.

Nouveau rôle et lucidité

Le parcours du Murcian n’a pas été des plus linéaires, surtout ces dernières années. Entre la pression d’un sponsor Rabobank qui se retire, une relation supposée avec le docteur Fuentes et un retour à l’échelon inférieur, chez Caja Rural, pour tenter de se remettre en selle, Sanchez avait de quoi se ravir de l’intérêt d’Astana, même si chez les Kazakhs, son rôle va évoluer. En rejoignant une telle écurie, et compte tenu de ses dernières saisons compliquées, il ne peut réellement prétendre à un rôle de leader. Le duo transalpin Nibali-Aru a pris toute la place. « LLS » le sait, mais il s’en accommode. « Je suis très bien psychologiquement. J’ai eu des moments difficiles, mais j’ai retrouvé une équipe World Tour, avec des grands coureurs à mes côtés. Je sais que mes coéquipiers sont des coureurs de tours et que mon rôle va évoluer. Mais c’est une fierté pour moi de faire partie de cette équipe », explique-t-il.

Quadruple vainqueur d’étape sur le Tour, double lauréat de la Clasica San Sebastian ou sacré sur Paris-Nice en 2009, Sanchez demeure pourtant un coureur d’un certain calibre. Son directeur sportif, Dimitriy Fofonov, est conscient de disposer d’un coureur talentueux. Au moment où l’Espagnol était encore bien placé au général de Paris-Nice, l’ancien coureur kazakh la jouait donc élogieux. « C’est un coureur qui a déjà remporté Paris-Nice, il a le savoir-faire nécessaire et les capacités pour gagner ces courses là », témoignait-il sans oublier de noter la présence d’Aru, Fuglsang et Taaramäe comme autant d’alternatives crédibles. Parce que oui, les classements généraux ne sont plus vraiment dans les cordes de « Luisle ». On l’a vu sur l’étape de la Croix de Chaubouret, l’Ibère de 31 ans terminant seizième à plus d’une minute du vainqueur. Rien qui ne semble toutefois déranger le principal intéressé, lucide sur ses qualités : « Le général, pour moi, c’est terminé. Il faut savoir changer, je ne peux plus jouer les classements généraux, mais je suis dans une équipe qui peut le faire. »

L’inconnue à tous les niveaux

Si Luis Leon Sanchez semble donc se plaire chez Astana, l’avenir n’est pas forcément dégagé. La demande de l’UCI, qui souhaite retirer sa licence World Tour à l’équipe kazakhe, a de quoi rendre anxieux un coureur qui aura des difficultés à retrouver un contrat en plein milieu de saison. Aujourd’hui, il assure malgré tout ne pas se prendre la tête, et continuer à faire son travail en faisant abstraction de cette épée de Damoclès. Avant le départ de Paris-Nice, le Murcian a reçu, comme toujours, un mail de ses dirigeants lui indiquant les vols d’avion, les hôtels pour la semaine et le programme d’entraînement avant le départ de l’épreuve. Le but est clair : ne pas bouleverser les habitudes. Tout ce qui compte est d’être performant sur le vélo, c’est d’ailleurs comme ça que Sanchez pourra gagner sa place sur les classiques, qu’il confie ne pas être certain de disputer. « J’aimerais faire le Pays-Basque et les classiques, mais je dois surtout accompagner Aru sur le Giro. Je ne sais donc pas si je vais faire les classiques, elles ne sont pas encore à mon programme. »

Dimitriy Fofonov, pourtant, paraît un peu plus sûr de lui au moment d’évoquer le programme de son poulain. « Forcément, il va courir l’Amstel et Liège-Bastogne-Liège », avance-t-il avec certitude. Reste à voir comment seront définis les rôles au sein de l’équipe, à quelques semaines d’un Tour d’Italie qui reste le grand objectif de Sanchez cette saison. « On distribuera les rôles en fonction de la forme de nos coureurs. Il ne faut pas oublier que Luis Leon est programmé pour le Giro, où il doit aider Fabio Aru », poursuit le directeur sportif kazakh. La nouvelle vie d’un coureur qui avait l’habitude, il y a quelques saisons, d’être une tête d’affiche du peloton, et qui doit maintenant se contenter d’être un lieutenant. A 31 ans et après deux ans loin des projecteurs, cela reste un passage obligé pour s’affirmer par la suite pleinement au sein de sa nouvelle équipe. Malgré tout, quand se projeter le mois prochain paraît déjà ambitieux, penser ne serait-ce qu’à la saison prochaine serait incongru. La triste réalité d’un avenir incertain à tous les niveaux.

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