Il n’en a jamais assez. Alejandro Valverde aurait pu décider d’aller au bout de son contrat, fin 2017, et de raccrocher. Il aurait alors eu 37 ans. Mais il a fait le choix de signer un nouveau bail de deux saisons qui l’emmènera jusqu’à 2019. Preuve que dans le paysage du cyclisme actuel, il est à part.

« Il peut courir aussi longtemps qu’il veut »

Alejandro Valverde et Eusebio Unzué, c’est une histoire d’amour qui dure depuis 2005 et la signature du prodige espagnol chez Illes Balears. En onze années, du bitume a été avalé par les pelotons. Valverde, lui, a gagné trois Liège-Bastogne-Liège, quatre Flèches wallonne et une Vuelta. Mais il a aussi été suspendu deux ans à cause de son implication dans l’affaire Puerto. Assez pour largement écorner son image, pas pour convaincre Unzué de s’en séparer. Le manager espagnol a attendu que son protégé revienne, puis l’a réintégré : comme avant, comme si de rien n’était. Le Murcian est son champion. Il l’a façonné et veut l’accompagner jusqu’au bout, coûte que coûte. Quitte à se borner, longtemps persuadé que le garçon était fait pour briller sur les grands tours alors que les classiques lui convenaient davantage. Pourtant, jamais la relation idyllique entre les deux hommes n’a semblé battre de l’aile. Et même face au phénomène Quintana, Unzué a tenté de préserver à son poulain une place prépondérante et une certaine liberté d’action.

Mais cette exception reste possible grâce aux particularités de Valverde. Un homme qui même après quatorze saisons et 97 victoires chez les professionnels, reste compétitif. Depuis 2006, il a toujours terminé dans les cinq premiers du classement UCI, hormis en 2010 et 2011, années de sa suspension. En 2016, il a encore cumulé sept succès, dont la Flèche wallonne. Une régularité qu’on ne retrouve sans doute que chez Valverde, coureur à part dans le panorama actuel, capable de jouer la gagne de bout en bout de la saison ou de disputer les trois grands tours la même année et à 36 ans. « Il peut courir aussi longtemps qu’il veut. Il ne cesse de s’améliorer avec l’âge », lâchait ainsi Unzué en septembre dernier à Velonews. Le manager espagnol sait quel phénomène il tient. Et il compte bien lui laisser le choix du moment de sa retraite.

Pas décidé à dire stop

« Jouez le plus longtemps possible, les gars ! Allez au bout de votre passion. N’arrêtez pas trop tôt, car quand c’est fini, c’est fini, et vous regretterez amèrement d’avoir raccroché trop vite. » Les mots sont signés Aimé Jacquet. Il les distillait à ses ouailles en 1998. Alejandro Valverde a sûrement à l’esprit un leitmotiv similaire. Quand Boonen ou Cancellara décident d’arrêter à respectivement 36 et 35 ans, lui compte poursuivre jusqu’à l’aube de la quarantaine – au moins, car on n’est pas à l’abri d’une nouvelle prolongation d’ici-là. Peut-être a-t-il en tête quelques exploits, comme celui de Chris Horner vainqueur d’une Vuelta à 41 ans, même si pour faire aussi bien, l’Espagnol devra continuer encore un peu plus que ce qui est désormais prévu. Mais rien ne semble pour lui impossible. C’est le propre de « Bala » : il n’imagine pas encore sa vie sans le vélo. Depuis dix ans, il est surnommé l’Imbatido – l’invaincu. Mais en réalité, il est surtout immortel.

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