Après trois semaines de course, la Vuelta 2013 a sacré Christopher Horner. Un vainqueur inattendu qui est parvenu à faire tomber le grandissime favori Vincenzo Nibali. Au terme d’un duel fratricide, le quadragénaire s’est montré le plus fort. Ce qui nourrit une pléiade de suspicions…

Au top du début à la fin

Tactiquement, Horner n’est pas forcément une référence. Mais physiquement, il a surpassé tous ses adversaires. Une première fois au Lobeira, mais surtout à l’Alto de Hazallanas, quand les favoris ne l’ont pas jugé assez sérieux pour le suivre. Au sommet, l’homme de 41 ans avait pris 48 secondes à Nibali. Alors on peut mettre en avant une erreur de l’Italien, qui échoue à Madrid à 37 secondes du maillot rouge. Mais Horner s’est montré tellement fort par la suite que l’on a l’impression qu’il aurait pu reprendre bien plus si cela avait été nécessaire. A l’aise aussi bien sur des courtes bosses que dans de longs cols, le Japonais de naissance a été plus fort que jamais en troisième semaine. Pourtant, après son début de course tonitruant, on pensait qu’il faiblirait. Au contraire du Squale, que l’on attendait plus fort au fil des jours.

Le Sicilien a en partie rempli sa mission, a porté le maillot rouge et même compté près d’une minute d’avance sur Horner. Mais le premier quadragénaire vainqueur d’un grand tour ne s’est jamais affolé et a refait son retard jour après jour. Incroyablement fort en montagne, c’est uniquement dans les chronos (le premier par équipes et le second, individuel) qu’il avait perdu du temps. Sur les arrivées au sommet, jamais Nibali ne l’a réellement mis en difficulté. Pourtant, l’Américain n’a pas toujours joué finement le coup. Prenant souvent des relais alors qu’il était dans la position du challenger, on croyait voir un jeunot totalement ignorant concernant les stratégies de course. Pas si surprenant en réalité, car c’est la première fois que Chris Horner jour la victoire sur une telle épreuve. Mais cela lui importait peu, car à chaque fois, il est parvenu, au train, à décramponner le leader d’Astana. Impressionnant, presque trop…

Des soupçons inévitables

Malgré tout, cette victoire laisse une grande partie des observateurs sans voix. Parce que le principal intéressé a un profil très particulier… Ancien ami de Lance Armstrong, il fait partie de ceux – rares – qui n’a jamais témoigné contre le Boss. Alors quand il jouait les places d’honneur, ça ne posait pas trop de problèmes. Mais maintenant qu’il gagne, son passé ressort inévitablement, comme pour le décrédibiliser. Bien sûr, ce n’est pas le seul élément qui le place presque au même niveau qu’un autre Chris, Froome, lui aussi au centres des suspicions sur le dernier Tour de France. Horner a presque 42 ans et n’a jamais paru aussi fort. Forcément surprenant. Surtout quand son rival, Nibali, est dans la force de l’âge à seulement 28 ans. Et toutes les argumentations du double vainqueur d’étape de cette 68e Vuelta ne changent pas grand chose à l’opinion générale.

Mais surtout, ses déclarations déplaisent. Lorsqu’il avait perdu pour la première fois le maillot rouge, il avait affirmé qu’il le reprendrait dans les Pyrénées. Et il l’a fait. Un scénario trop bien prédit pour être naturel ? C’est l’avis de certains. Horner, tout au long de la course, a paru très sûr de lui. Après la montée de Peña Cabarga, il affirmait même qu’il avait été surpris, pensant que ce serait plus difficile. Une prétention qui déplaît forcément puisqu’elle nous rappelle les démons du cyclisme. Lance Armstrong et son sang-froid légendaire, ou bien l’épisode Riccardo Ricco sur le Tour 2008. Alors, trop belle pour être vraie, la victoire de Chris Horner ? Si oui, il y a fort à parier qu’on ne le saura que dans bien des mois, voire des années. Et malheureusement, même si rien n’est avéré, les suspicions resteront. Malgré tout, le principal intéressé n’en a que faire. Lui a gagné la Vuelta à presque 42 ans, et c’est tout ce qui compte.

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