Il y a deux jours, Greg Van Avermaet s’est offert un maillot jaune qu’on ne lui prédisait pas, au Lioran. Et depuis, il s’y accroche. Ce vendredi vers le Lac de Payolle, on pensait le voir se battre comme un beau diable dans le col d’Aspin pour sauver sa tunique. Il a finalement pris les devants, avec une journée passée à l’avant, maillot jaune sur le dos. Résultat, il reste leader. En attendant demain…

La revanche

« Quand on est toujours présent dans le final mais qu’on ne parvient jamais à l’emporter, on est très vite perçu comme un perdant. » Cette phrase, c’est Greg Van Avermaet lui-même qui l’a prononcée, il y a plusieurs mois dans Sport Foot Magazine. Il finissait alors très souvent deuxième. Mais en 2016, tout a changé pour le Flamand. Ce maillot jaune qu’il a sur les épaules en est sûrement la plus belle illustration. Lui le coureur de l’ombre, si souvent cantonné au rôle d’équipier de Philippe Gilbert ou alors malchanceux lorsqu’il a eu sa chance, prend enfin la lumière. Et il semble y prendre goût. L’arrivée de la montagne aurait pu le convaincre de passer la journée tranquillement, et de profiter de son maillot jaune pour quelques heures encore. Mais il a décidé de ne pas s’en contenter. Alors chose rare, il est parti dans la grosse échappée du jour. Le leader à l’avant, ça avait de quoi surprendre. C’était en réalité la tactique parfaite.

L’Aspin était un premier gros morceau, il l’a grimpé à son rythme. Les accélérations de Nibali, c’était un peu trop pour lui. Mais tout ce qui comptait était de garder la tunique. Son étape, il l’a déjà remporté, au Lioran. L’objectif est rempli, ce n’est désormais que du bonus. Mais en attendant de devoir se mettre à la planche pour Richie Porte ou Van Garderen – quand la BMC aura fait un choix entre les deux -, le Belge profite. Pour la première semaine, c’est lui le patron. L’étape de mercredi était « une journée parfaite » pour lui, pleine de bonheur. La suite l’a été tout autant. Pendant trois jours, Van Avermaet se sera montré à un public français qui ne le connaît que trop peu. Et clin d’œil de l’histoire, il aura porté le jaune au moins trois fois plus longtemps qu’un certain Philippe Gilbert en 2011…

Au jour le jour

« J’aime lorsqu’on court sans calculer. Les courses d’attente m’ennuient », déclarait Van Avermaet en 2008. A l’époque, il était un jeune coureur de 23 ans qui avait tout à prouver. Mais huit ans plus tard, il n’a pas changé de ligne de conduite. Il a mené sa carrière avec cet état d’esprit offensif, qui a pu lui jouer quelques tours et le faire passer à côté de certains succès pour le passé, mais qui lui permet cette semaine de vivre le plus beau moment de sa carrière. Avant la première bataille attendue ce week-end entre les favoris, le Belge compte donc plus de six minutes d’avance sur Chris Froome. Les choses vont se compliquer, forcément, mais le rêve est permis. Jour après jour, Greg Van Avermaet prend conscience qu’il peut encore parcourir quelques kilomètres avec le maillot jaune. Vers Bagnères-de-Luchon, il sera en opération sauvetage de son paletot. Un feuilleton à suspense, qui ne devrait toutefois pas durer au-delà de dimanche. Mais qui aura égayé la première semaine.

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