Il nous a tenu en haleine pendant un long moment. Mais finalement, dans le Galibier, Primoz Roglic a résisté aux meilleurs grimpeurs du monde pour aller chercher sa première victoire sur le Tour. A vingt-sept ans, le Slovène a aujourd’hui confirmé tout le bien que l’on pensait de lui. Rouler, grimper, gagner, Roglic sait tout faire.

Du saut à ski au Tour de France

Rien ne prédestinait Primoz Roglic à devenir le premier vainqueur slovène d’une étape du Tour de France, encore moins en ayant éclaboussé le Galibier de son talent. Son premier sport, c’est le saut à ski. L’anecdote est désormais connue. A 18 ans, le Slovène devient même champion du monde par équipes. Après une grave chute, Roglic décide cependant en 2011 de se consacrer uniquement au vélo. « Mon rêve était de devenir le meilleur en saut à ski, expliquait-il à Cyclingnews, mais cela ne s’est pas concrétisé, et j’ai réalisé autour de mes vingt ans que je ne faisais pas partie des tout meilleurs. C’est pourquoi j’ai décidé de me reconvertir et d’atteindre ce rêve d’une autre façon. J’ai acheté un vélo de course, et j’ai découvert que je me débrouillais plutôt assez bien avec. » C’est le moins qu’on puisse dire. Depuis qu’il a signé son premier contrat avec Adria Mobil en 2013, le compteur de Primoz Roglic affiche déjà quatorze victoires chez les professionnels, dont un long contre-la-montre de quarante kilomètres sur le Tour d’Italie l’an dernier, son premier grand tour.

Ce genre de performance vous classe un coureur, mais le répertorier comme un simple rouleur, c’est oublier ses excellentes capacités en montagne. « J’essaye de combiner les deux, je m’accroche sur toutes les étapes. » Le Slovène termine troisième au Tour de Romandie, quatrième sur Tirreno-Adriatico et cinquième au Tour du Pays-Basque. Comment expliquer cette polyvalence ? « Je n’ai jamais changé mon mode d’entraînement pour la montagne, expliquait-il devant les journalistes. Lorsque j’étais en stage dans la Sierra Nevada, pour revenir à mon hébergement, j’avais beaucoup de montagne à franchir. J’ai toujours aimé ça, puis le chrono, ça m’est venu plus tard. » Alors non, le voir attaquer plusieurs fois dans le Galibier, puis décrocher un Alberto Contador usé par une haletante course-poursuite n’a pas surpris les suiveurs… même si le principal concerné semblait l’être. « C’est incroyable, vraiment fou. Je n’ose pas y croire, surtout sur une étape comme celle-là, avec le Galibier ! »

Un gros moteur

Et pourtant, Roglic a fait fort, et sauve le Tour des Lotto-Jumbo. L’équipe néerlandaise n’a pas été vernie, entre la chute de Robert Gesink, le lendemain d’une prometteuse deuxième place à la Station des Rousses, et l’abandon de George Bennett, après un excellent début de Tour. Même le Slovène était passé à travers de son premier objectif, le contre-la-montre de Düsseldorf. Sous la pluie, il n’avait pas voulu prendre de risques et avait terminé loin de Geraint Thomas. Au Puy-en-Velay, Roglic était dans la bonne échappée, mais il avait été piégé par Bauke Mollema. « Je suis très déçu, réagissait-il alors. Quand on chassait derrière Mollema, il n’y avait pas vraiment de collaboration. C’était frustrant. La prochaine fois, je devrais moi-même essayer de gagner en solitaire. » Prophétie auto-réalisatrice, Roglic a aujourd’hui réussi à s’imposer sans personne dans sa roue, pour sa première Grande Boucle.

La victoire est d’autant plus belle que le Slovène avait coché cette étape. Des membres de sa famille et des amis l’attendaient donc au bord de la route. « J’ai vu beaucoup de mes amis et de mes voisins. C’était juste fou », s’exclamait-il. Roglic n’a cependant pas eu le temps d’en profiter, puisqu’il a dévalé à toute vitesse la descente du Galibier vers Serre-Chevalier, presque aussi rapidement que les plus grands skieurs. Et à Marseille, il sera l’un des favoris du contre-la-montre. Que de chemin parcouru, depuis le Giro 2016 où on l’accusait d’avoir un moteur dans son vélo, comme pour expliquer son arrivée inattendue au plus haut niveau. « C’étaient des bêtises, ça ne me concerne pas », répliquait-il sèchement lorsqu’on lui demandait son avis en conférence de presse. Roglic ne voulait qu’une chose, savourer un succès bien mérité. « Gagner sur le Tour, c’était un rêve. C’est pour ça que je me suis mis au vélo. Rêver c’est une chose, mais la réalité en est une autre. Participer au Tour, c’était déjà très beau, alors voir que j’ai les capacités de gagner, c’est juste incroyable. » Aujourd’hui, Roglic a pris le tremplin vers une grande carrière.

Buy me a coffeeOffrir un café
La Chronique du Vélo s'arrête, mais vous pouvez continuer de donner et participer aux frais pour que le site reste accessible.