Trois jours aux Pays-Bas, pour quoi faire ? Tom Dumoulin a pu prendre le maillot rose à domicile, et l’histoire est belle. Mais pour le reste, le Grand Départ du Tour d’Italie depuis Apeldoorn n’a pas apporté grand chose. Vivement que le Giro revienne sur son sol, en espérant qu’à l’avenir, il arrête de s’exporter si loin.

Les mauvaises habitudes

Les organisateurs de la course rose ne sont pas des novices en matière de départ à l’étranger. Le Danemark en 2012 ou l’Irlande en 2014 avaient eux aussi eu l’honneur de recevoir le départ de l’épreuve. Et plus anciennement, en 2010 et en 2002, le Giro était même déjà parti des Pays-Bas, respectivement d’Amsterdam et Groningue. Mais pourquoi tant d’acharnement ? Les trois premiers jours de cette édition 2016 sont la preuve ultime que le plat-pays n’a rien d’indispensable dans un grand tour. L’Italie est bien assez grande pour qu’on y trouve le moyen d’y faire un prologue et deux étapes pour sprinteurs. Cela éviterait une journée de repos après le premier week-end de course et un transfert dont beaucoup de coureurs se passeraient. Surtout que les Pays-Bas sont des habitués : ces quinze dernières années, en plus du Giro à trois reprises, ils ont accueilli deux fois le Grand Départ du Tour de France (à Rotterdam en 2010 et Utrecht en 2015) et une fois celui de la Vuelta (à Assen en 2009).

Passionnés de vélo, les Néerlandais ont été comblés. Mais les enjeux économiques ne doivent pas prendre le dessus sur le reste. Quand la Grande Boucle part du Benelux, comme en 2012 ou en 2015, ça se comprend. Les Pays-Bas ont offert l’an passé des premiers jours de course intéressants et ont permis ensuite de passer par les pavés de Belgique. Parce que justement, et c’est très important, il est possible de rallier la France en quelques jours, sans repos forcé. Ce n’est pas le cas lorsqu’on parle du Giro. Alors bien entendu, un grand tour qui reste cloisonné à son propre territoire devient presque impossible à concevoir, et ce n’est clairement pas ce qui est demandé aux organisateurs. Mais les pays frontaliers à l’Italie ne proposent-ils vraiment rien d’assez attractif pour y faire un Grand Départ ? L’Autriche, la Suisse ou la Slovénie ont été traversés ces dernières années par les coureurs du Tour d’Italie. Y envisager le départ de l’épreuve n’aurait rien de saugrenu, et surtout, ce serait plus « logique ».

Des potentiels inexploités

Les reliefs de ces pays alpestres permettraient par exemple de bouleverser certains codes, avec des étapes montagneuses dès la première semaine de course. Ce serait autre chose que le pâle aller-retour proposé samedi et dimanche aux Pays-Bas entre Arnhem et Nimègue. Deux étapes de 190 kilomètres où peu de choses se seront passées. C’est tout juste si les échappés ont fait une frayeur aux sprinteurs à Nimègue, sans pouvoir les empêcher de se jouer la victoire. Exactement comme en 2014 en Irlande ou en 2012 au Danemark, où déjà on avait dû se contenter de sprints massifs, parce que les organisateurs ne connaissent pas le terrain et peinent à créer des étapes plus dynamiques. Les bosses du pays, comme les routes le long de la mer qui peuvent causer des bordures, ou même les pavés de la Drenthe : rien de tout ça n’a été au programme depuis trois jours, on n’a eu que de la plaine. A l’inverse, en 2013 ou 2015, sur le territoire transalpin, les premières bosses du parcours avaient été escaladées dès les premiers jours, dynamitant un peu la course et les sprints. De quoi espérer qu’après avoir fait quelques folies ces dernières années, le Giro retrouve ses esprits, et reste au moins dans le Sud de l’Europe. Il y a tellement à y faire…

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