La victoire du Belge sur la Flèche brabançonne était donc réellement annonciatrice. Ce dimanche, Philippe Gilbert a dominé tous ses concurrents pour remporter une Amstel Gold Race indécise jusqu’à la montée finale du Cauberg. Une victoire qui redonne un énorme crédit à l’ancien champion du monde.

Presque à domicile

Valkenburg et le Cauberg, Gilbert, il connaît. Avec trois victoires et trois tops 10, l’Amstel est la classique du triptyque ardennais qui lui réussit le mieux (une victoire et deux tops 10 sur la Flèche, une victoire et trois tops 10 sur Liège). Et surtout, c’est dans le Limbourg néerlandais qu’il avait décroché son sacre mondial à l’automne 2012. Parce que la côte finale, qui tend à devenir le « Gilberg » (à l’instar du Taaienberg appelé le « Boonenberg » sur le Ronde), correspond parfaitement à ses qualités. Avec ou sans les 1600 mètres de replat qui suivent le passage au sommet. Alors même si l’épreuve ne se dispute pas en Belgique, Phil y est comme à domicile. Après les Bataves, il est sans doute le coureur le plus supporté par les spectateurs qui s’amassent chaque année sur le bord des routes. Sûr de sa force, Gilbert a donc attendu la fin de course et l’ultime ascension du désormais mythique Cauberg. Il a alors laissé Kwiatkowski attaquer, se contentant de prendre la roue avec Valverde, Gerrans et quelques autres. Puis, une fois que le Polonais a reposé son cul sur sa selle, le Wallon a levé le sien. Et il est parti, tout en puissance.

Tout de suite, il a fait le trou, et on a compris qu’il filait vers la victoire. Incapables de collaborer derrière, ses adversaires ont rapidement pris conscience qu’ils ne jouaient plus que la deuxième place. Comme lors des Mondiaux 2012, le replat qui faisait suite au Cauberg a donc été une formalité pour le leader de l’équipe BMC. Il lui a plus permis de savourer qu’il n’a permis à ses poursuivants de revenir. Preuve de la domination retrouvée de Gilbert ? Peut-être bien. Car il y a longtemps qu’on ne l’avait pas vu aussi facile dans un moment décisif. Son compteur ouvert depuis mercredi, sur la Flèche brabançonne, il était sans doute un peu plus libéré, et en confiance. Il n’a même pas pâtit de l’absence d’équipiers dans la dernière ascension, s’en allant comme lors de ses plus belles heures. Il faut dire que la BMC avait bien fait le travail auparavant, pour revenir sur les quelques courageux qui tentaient d’anticiper les débats. Et alors que ses concurrents savaient leurs chances très compromises si le Belge prenait quelques mètres d’avance, ils n’ont rien fait pour l’en empêcher. Parce que Gilbert avait les meilleures jambes, tout simplement.

Et la suite, alors ?

Comment ne pas comparer 2014 aux précédents débuts de saison de Gilbert ? L’année 2011 est à part, bien sûr. Le Remoucastrien avait levé les bras dès le Tour d’Algarve, et avait semblé ne jamais arrêter sa marche en avant. Mais 2012 et 2013 ont été deux années bien plus compliquées, et là, il est possible de faire certaines comparaisons. Car lors de ses deux saisons presque noires, seulement sauvées par un titre mondial et des victoires d’étapes sur la Vuelta, Gilbert avait dû attendre le mois de septembre pour décrocher ses premiers bouquets. Cette fois, il a gagné dès le mois d’avril, trois jours avant le triptyque ardennais si important pour lui. Et le fait que cette première victoire soit intervenue sur la Flèche brabançonne – épreuve qu’il avait aussi remporté en 2011 – montre que le garçon est de nouveau capable de gagner dans les Ardennes, sur ses courses de prédilection. Alors certes, la concurrence à Overijse n’était pas des plus fournie. Mais Gilbert a tout de même dû batailler pour battre sur la ligne Michael Matthews. A l’inverse, il y a un an, il n’avait rien pu faire face à la vitesse de Peter Sagan. Une différence plus qu’anecdotique.

Alors évidemment, parler d’un triplé, comme en 2011, est illusoire. La Flèche wallonne et ses incroyables pourcentages ne semblent pas correspondre à Gilbert, qui avait profité d’une forme éblouissante il y a trois ans pour s’imposer au sommet du Mur de Huy. Forme dont il est encore loin, et qu’il n’atteindra sans doute plus jamais. Mais Liège-Bastogne-Liège, dans une semaine, est à n’en pas douter dans la tête du Wallon. Il y a souvent brillé, et même l’an dernier, il y a terminé septième. Alors de là à jouer la victoire, il y a évidemment un cap à (re)franchir. Mais avec la confiance acquise cette semaine, tout semble réunit pour retrouver un Gilbert conquérant, qui, chez lui, aura à cœur de prouver qu’il est réellement de retour. Pour la 100e Doyenne, il faut avouer qu’un sacre de Phil aurait de la gueule. Mais alors que peu de monde l’aurait pronostiqué il y a encore une semaine, cela n’aurait désormais plus rien d’une surprise. Gilbert n’est pas le monstre qu’il était en 2011. Mais il est de nouveau Gilbert, et il se place désormais en favori de Liège. Pas si mal.

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