Degenkolb au printemps et Dumoulin à la fin de l’été ont permis à la Giant-Alpecin de briller de mille feux en 2015. Mais les cas de Kittel et Barguil, grosses satisfactions de la saison passée, suffisent à nuancer le bilan de l’équipe néerlandaise.

Trois raisons d’être satisfaits

John Degenkolb, bien sûr. L’Allemand était attendu sur les classiques, et il a largement tenu son rang. Vainqueur de Milan-Sanremo et de Paris-Roubaix, il a réalisé un incroyable doublé qui suffit à en faire dans l’esprit de beaucoup le nouveau patron des classiques. Sa pointe de vitesse est peut-être moins impressionnante qu’il y a quelques années, en témoigne son unique bouquet décroché sur la Vuelta, mais il a sacrément embelli son palmarès en 2015. Si Degenkolb a par moments semblé prendre la mauvaise habitude d’être placé sans gagner, il a su franchir le pas de la victoire aux bons moments. Il n’a manqué qu’un succès sur les Mondiaux – où il était annoncé comme le grandissime favori – et accessoirement un succès sur le Tour de France pour faire de sa saison un chef d’œuvre.

Tom Dumoulin, évidemment. Lui était beaucoup moins attendu que son coéquipier, mais il a presque tout autant brillé. A quelques détails près, il aurait même pu remporter son premier grand tour au mois de septembre. Il s’en est en effet fallu de peu pour que le Néerlandais ne remporte la Vuelta, et c’est finalement lors de l’ultime étape de montagne qu’il a vu la victoire lui filer entre les doigts. Il n’empêche que celui que l’on considérait comme un rouleur a impressionné tous les observateurs en montagne, s’avérant capable de suivre des garçons comme Froome, Quintana, Rodriguez et Aru. Son classement à Madrid – sixième – ne reflète finalement pas ses trois semaines : il aurait sans doute mérité au moins un podium. Si tant est que c’est possible, il peut donc se consoler avec celui qu’il a obtenu sur le Tour de Suisse. Mais de toute façon, il a gagné en 2015 bien plus qu’une ligne à son palmarès. Désormais respecté et considéré comme un sérieux concurrent sur les courses par étapes, il n’est plus le même coureur.

La combativité de Simon Geschke. Baroudeur, grimpeur et puncheur à la fois, l’Allemand n’a gagné qu’une fois en 2015, mais quelle victoire ! A Pra-Loup sur le Tour de France, il a parfaitement géré sa course, et a su s’imposer en solitaire avec une poignée de secondes d’avance. Une victoire qui est malgré tout arrivée avec plusieurs tentatives. La veille vers Gap, Geschke avait déjà tenté sa chance, terminant quatrième. Idem sur le Giro, où il n’était pas passé loin d’un premier succès en grand tour à San Giorgio del Sannio (quatrième) puis Vicenza (troisième). La preuve, finalement, que l’abnégation finit par payer. A 29 ans, celui qui a aussi été bien placé sur les classiques canadiennes a décroché le plus beau succès de sa carrière.

Trois raisons d’être déçus

La stagnation de Warren Barguil. Qu’on s’entende bien, il s’agit là d’une déception toute relative tant la saison du Français a été correcte. 14e du Tour, son grand objectif de l’année, Barguil a terminé l’exercice avec des résultats honorables. Mais après les promesses de 2014, on espérait simplement mieux… A part à San Sebastian et au Grand Prix de Québec, il n’a décroché aucun top 10 sur une classique, et n’a pas plus pesé que l’an passé sur les ardennaises. Sur l’ensemble des courses World Tour, en réalité, il a fait légèrement moins bien, y compris – ou plutôt surtout – sur les courses par étapes. 17e en Catalogne, 30e sur le Tour de Suisse, il n’a pas fait vibrer à la hauteur des espérances. Comme quoi être un grand espoir français demeure compliqué, malgré le talent…

La transparence de Marcel Kittel. Le maître du sprint mondial est clairement tombé de son piédestal. Pas toujours aidé par la malchance qui s’est abattue sur lui, l’Allemand a traversé la saison comme un fantôme. Ses performances ne lui ont même pas offert le droit de disputer le Tour de France, son équipe le jugeant hors de forme. Résultat, Greipel lui a chipé la vedette sans qu’il puisse se défendre, et Kittel semble plus ou moins rentré dans le rang. A 27 ans, on a du mal à imaginer qu’il puisse avoir perdu de ses qualités intrinsèques, mais 2015 a sonné comme un dur retour à la réalité. Cavendish lui-même a connu ça avant lui : c’est le lot des plus grands. Un jour au sommet, le suivant enterré par tous. Mais au moins, Kittel a connu – et connaître peut-être de nouveau – le haut de l’affiche, un privilège.

Les sprinteurs de second rang inefficaces. Les saisons passées, Giant nous avait habitué à gagner bien plus. Luka Mezgec, Nikias Arndt, Ramon Sinkeldam et Jonas Ahlstrand avaient ramenés l’an passé dix bouquets, contre seulement quatre en 2015. Le Suédois n’a pas véritablement été remplacé après son départ chez Cofidis, et Mezgec, le plus en verve du quatuor habituellement, a clairement baissé de régime cette année après deux saisons abouties dans l’ombre de Kittel et Degenkolb. Cela se ressent au classement des équipes les plus prolifiques de la saison : deuxième l’an dernier, la formation néerlandaise est retombée à vingtième place…

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