Quatrième. C’était la place de Geraint Thomas au soir de la dix-huitième étape du dernier Tour de France. Le Gallois donnait alors l’impression de voler. Tout en aidant son leader Chris Froome, il parvenait à s’assurer une place dans le haut du classement. Alors même s’il a craqué vers La Toussuire pour finalement terminer quinzième sur les Champs-Elysées, il s’est ouvert le champ des possibles pour 2016. Et chez Sky, on ne fera pas l’erreur de l’oublier.

Mieux que Porte

Le mois de juillet 2015 a prouvé une chose : Thomas est capable de tenir le rythme sur 18 jours. C’est déjà beaucoup plus que Richie Porte, ancien lieutenant de Froome désormais parti vers d’autres cieux. Ces trois dernières saisons, l’Australien n’avait jamais réussi à conserver une bonne position au général plus de douze étapes. S’il n’est plus un coureur de la Sky, c’est d’ailleurs en grande partie à cause de ça. Mais Thomas, lui, est dans une autre dimension : alors qu’il ne cesse de prouver qu’il peut être un redoutable homme de classiques, il s’affirme surtout de plus en plus comme un grimpeur sur qui on peut compter. Deuxième à la Croix de Chaubouret sur Paris-Nice, cinquième à Sölden sur le Tour de Suisse, sixième à La Pierre-Saint-Martin lors de la Grande Boucle, il est devenu un nouveau coureur. Lui-même en est conscient. « Ça m’a ouvert les yeux sur ce que je pourrais faire dans le futur », expliquait-il ces derniers jours.

Au moment d’entamer 2016, il a donc de quoi nourrir de nouvelles ambitions. Et il ne s’en cache pas. S’il n’a que 29 ans, il a déjà sorti un livre (« The World of Cycling According to G »), dans lequel il met de côté la fausse modestie. « Je peux gagner le Tour de France, assure-t-il. Je pense que c’est faisable. Si je continue de progresser, que j’ai une équipe autour de moi, un podium est certainement un objectif réaliste. Et à partir de là, on peut viser une victoire. » Le garçon sait de quoi il parle. Sky a toujours eu le souci de promouvoir ses bons lieutenants. Froome a su saisir cette chance après la période Wiggins, pas Porte. Mais un jour viendra le tour de Thomas. Peut-être pas directement sur la Grande Boucle, « Froomey » faisant figure d’intouchable. Mais il pourrait très bien se faire les dents sur une autre épreuve de trois semaines. Peu de monde doute en tout cas de sa capacité à briller sur les grands tours.

La Sky compte sur lui

« Je ne vois pas en quoi un podium serait impossible, lâchait dernièrement Froome au sujet de son équipier. Il peut le faire, il en a la capacité. Mais il faut qu’il travaille dans ce sens. » Chez Sky, tout le monde l’a compris, surtout Dave Brailsford. Malgré les qualités évidentes du Britannique sur les épreuves d’un jour – et notamment les flandriennes -, il se concentrera en 2016 sur les courses par étapes. « Il n’a jamais jeté son dévolu sur les classements généraux, note d’ailleurs Brailsford. Il s’est toujours focalisé sur les classiques, où il faut être plus lourd et plus fort. Pourtant, il a montré la saison dernière qu’il pouvait grimper avec les meilleurs. Les courses par étapes seront donc ses objectifs en 2016, et on verra ce qu’il arrive à y faire. » Fini donc les pavés où le Gallois avait tant brillé l’an passé. La formation britannique, comme toujours, montre son désir de briller au fil des étapes, et ça va en partie passer par Thomas.

Comme Bradley Wiggins avant lui, Geraint Thomas est donc en pleine transformation. Le pistard d’origine, qui s’est révélé rouleur et flandrien, s’apprête finalement à devenir un redoutable grimpeur. Dans la plus pure lignée de ce que nous offre depuis cinq ans l’équipe Sky, car personne ne l’aurait imaginé à la signature du principal intéressé, il y a six ans. Mais surtout, pour le moment, Thomas ne semble pas vouloir empiéter sur les plates bandes du leader incontesté. Le double vainqueur du Tour a même souligné il y a quelques jours la bonne relation qu’il entretient avec son bras droit. On est bien loin des tensions entre « Wiggo » et « Froomey » à l’été 2012. Il n’y a donc vraisemblablement rien qui puisse empêcher la nouvelle éclosion de Thomas, pressentie depuis un moment mais désormais sur le point de se concrétiser. Ou comment passer d’un coureur trop polyvalent pour gagner quoi que ce soit à un homme qui commence à rêver de Tour de France.

 

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