Se révéler chez Quick-Step était déjà une performance. Confirmer s’annonçait comme encore plus périlleux. Pourtant, personne ne doutait vraiment de Fernando Gaviria. Parce qu’il y a des phénomènes de précocité qui mettent à mal les schémas traditionnels, et que le Colombien est de ceux-là. Pour son premier grand tour, il n’était pas question de se tester, mais déjà de gagner. Preuve de l’ambition du garçon.

Successeur du maître Marcel

Marcel Kittel a décidé de quitter le navire, mais aucun sprinteur de grande envergure n’a été recruté pour le remplacer. En fait, le patron Patrick Lefevere a opté pour la promotion interne. Il va faire de la place à Fernando Gaviria, avec en ligne de mire un premier Tour de France pour sa pépite, en juillet prochain. Encore une fois, le garçon est loin devant les autres. Une habitude, désormais. Le Giro, cette année, en a été une incroyable représentation. Dire que Quick-Step a dominé la course transalpine est un euphémisme : cinq victoires d’étapes, deux maillots distinctifs, un top dix au général, six jours en rose… La routine, pour l’équipe belge.

Mais au coeur de cette razzia, un homme a compté plus que les autres : Gaviria, bien sûr. Avant le départ, le directeur sportif italien Davide Bramati prévenait : « Pour lui, ce sera son premier grand tour. Si le plus important est de prendre de l’expérience, nous lui faisons confiance pour les étapes de plaine. » Cette confiance, le prodige l’a rendu, peut-être encore plus qu’espéré par ses propres dirigeants. Un maillot rose pris au soir de sa victoire à Cagliari et trois autres succès sur des sprints massifs font de ce Giro une réussite absolue. Si la concurrence sera toute autre sur le Tour de France, le Colombien a répondu aux attentes dans un collectif hyper relevé. De quoi changer de statut. Lui qui était jusqu’ici l’élève de Kittel est désormais prêt à être son rival.

Ne viser que les sommets

Avec ses neuf victoires en World Tour cette saison, Gaviria est le deuxième coureur le plus prolifique dans ce domaine. Seul l’ogre Sagan le devance. A 23 ans, le Colombien est parti sur des bases très élevées. Si sa seconde partie d’exercice a un peu moins de prestige – quatre succès en Chine, notamment – et qu’il a échoué dans sa quête du maillot arc-en-ciel, le natif de la Ceja a confirmé qu’il était de ceux qui constituent le gratin du sprint mondial. Sur toutes les courses par étapes auxquelles il a participé, il a toujours remporté une étape. Une stat impressionnante qui le place parmi les coureurs les plus bankable du peloton.

Reste à franchir un dernier palier. Ses quatorze succès, Gaviria les a cette saison presque tous décroché lors de sprints sur des courses par étapes, Quick-Step ayant fait le choix de ne pas énormément l’aligner sur les classiques – il a tout de même terminé 5e de Milan-Sanremo. Gaviria n’a donc pas encore tout appris, pas encore tout découvert. Lui qui rêve un jour de briller sur les pavés de Paris-Roubaix aura besoin de temps pour appréhender et domestiquer ces flandriennes qui pourraient lui convenir à merveille et sur lesquelles il a timidement mis un pied cette année, lors d’A Travers la Flandre et de Gand-Wevelgem. Mais il n’a pas pour habitude de perdre de temps, alors dès 2018, le Tour des Flandres et l’Enfer du Nord devraient être à son programme. Il n’a plus qu’à se faire sa place dans un collectif aux allures d’armada sur les classiques. Mais il a déjà montré dans ses sprints qu’il savait faire.

Fernando Gaviria
22pts
Gianni Moscon
19pts
Miguel Angel Lopez
10pts
gaviria portrait

Fernando
GAVIRIA

23 ans, Colombien, Quick-Step Floors

14 en 2017
Classement UCI : 27

gaviria giro

Tour d'ItalieVainqueur de quatre étapes et du classement par points

2En six sprints disputés sur le Giro, le Colombien n'en a perdu que deux (2e et 4e)

gaviria tirreno

Tirreno-AdriaticoVainqueur d'une étape

1Gaviria avait déjà gagné une étape de Tirreno l'an passé, sa toute première en World Tour

gaviria chine

Tour de GuangxiVainqueur de quatre étapes

14Grâce à ses quatre derniers succès de la saison, le Colombien a porté son total de victoires à quatorze

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