Sans truster les sommets, ni occuper les bas-fonds, l’équipe Garmin-Sharp représente toujours la garantie d’être satisfait du contenu livré, année après année. Forte d’une grande diversité, la formation dirigée par Jonathan Vaughters s’est mise en valeur de manière régulière, en dépit des malheurs de ses leaders peu vernis, et grâce à une grande capacité de réaction. Satisfaisant, mais perfectible.

Trois raisons d’être satisfaits

La fraîcheur de Tom-Jelte Slagter. Le puncheur néerlandais avait besoin de changer d’air lors du dernier hiver, et s’était entendu pour rejoindre l’équipe américaine. Bien lui en a pris, puisque le vainqueur du Tour Down Under 2013 a franchi un palier de plus, en remportant deux étapes de Paris-Nice. Victime d’un saut de chaîne au pied du Mur de Fayence, il aurait pu, avec un peu plus de réussite, contester la victoire finale à Carlos Betancur. Mais le coureur de 25 ans ne s’est pas arrêté en si bon chemin, et a confirmé ses dispositions sur les courses d’une semaine. Placé au Pays Basque, il a préparé de la meilleure des manières les ardennaises, où il a brillé en haut du Mur de Huy, terminant cinquième, et sur Liège-Bastogne-Liège, bon sixième. Slagter a validé sa première saison chez Garmin, et devra travailler encore un peu plus sa récupération afin d’exploiter tout son potentiel.

Ramunas Navardauskas de plus en plus indispensable. La machine lituanienne s’affirme continuellement dans un effectif lui accordant une grande liberté d’expression. Capitaine de route reconnu, il sait saisir sa chance lorsqu’elle se présente, et de bien belle manière. Vainqueur d’une étape du Tour de Romandie l’an dernier, sa pointe de vitesse n’est point illusoire, et on s’en est bien aperçu sur le Tour de France, où il fut chargé de sauver un soldat Garmin en perdition. Troisième sur le faux-plat d’Harrogate et sur les Champs, cinquième à Saint-Étienne et septième à Nîmes, il est allé chercher la 19ème étape en solitaire sous un temps exécrable, à Bergerac. À l’aise sur les terrains musclés, le gaillard s’est également offert le Circuit de la Sarthe, des accessits sur la tournée canadienne et une quinzième place à la course sur route des Mondiaux. Meilleur scoreur avec quatre succès, l’équipe se doit de le remercier.

Le Dauphiné d’Andrew Talansky. Le jeune étasunien, septième d’une Vuelta et dixième d’un Tour de France, a franchi un nouveau palier en remportant sa première grande course à étape : le Critérium du Dauphiné. Sans doute intrinsèquement moins fort que Contador et Froome dans la première moitié d’épreuve, il a joué de son audace sur une dernière étape courte mais incroyablement folle. Échappé depuis le kilomètre zéro, il a complètement renversé le général, et mené à bout l’un des plus grands paris de l’année. Seul hic, sa bonne étoile l’a abandonné sur la Grande Boucle, terminée en queue de poisson après le calvaire vosgien. Les attentes ne seront cependant pas moins importantes en 2015, et on peut compter sur l’expérimenté Ryder Hesjedal pour guider le New-Yorkais.

Trois raisons d’être déçus

L’incroyable malchance de Dan Martin. Vainqueur au printemps 2013 en haut de la côte d’Ans, le chasseur de classiques irlandais avait tout pour réussir en 2014. Et pourtant, sa victoire bienvenue au Tour de Lombardie ne peut que renforcer la sensation d’inachevé qui s’est installée. Auteur d’un début d’année poussif, sa place de dauphin à la Flèche Wallonne était annonciatrice d’un timing parfait afin de réaliser le doublé sur la “Doyenne”. Mais le sort s’est acharné sur le vainqueur du Tour de Catalogne 2013, puisqu’il tomba dans le dernier virage, mètre pour mètre au même endroit où il avait déposé Joaquim Rodriguez un an auparavant. Puis, sur un Giro qui partait de chez lui et dont il avait fait son principal objectif, il chuta dès le chrono par équipes de Belfast, et dire adieu à ses ambitions. Alors, deuxième à Huy, septième de la Vuelta, vainqueur d’un deuxième Monument à Bergame et second au Tour de Pékin, c’est excellent, mais Martin aurait pu faire encore beaucoup mieux.

Les échecs récoltés sur la campagne du Nord. Vainqueur d’un Paris-Roubaix en 2011, Johan Vansummeren est bien vite redescendu de son nuage. Il paraît même très loin de son niveau, tout comme son compatriote Nick Nuyens, pour sa part vainqueur du Tour des Flandres lors de la même année. Associée au confirmé Langeveld, cette doublette surprise n’a jamais pesé sur le moindre scénario de course, et il ne fait même aucun doute que l’accident du Ronde avec cette dame renversée sur un îlot ne peut qu’enterrer le moral du premier Belge cité, inexistant en 2014. Seul Langeveld a essayé de tenir la baraque, mais avec un nouveau top 10 sur les deux grandes classiques pavées, sa stagnation est désormais réalité. L’ancien coureur de Rabobank et Orica ne décolle pas.

Les 17 tops 10 de Tyler Farrar. Qu’il paraît bien loin, le temps ou Tyler Farrar levait les bras au Tour de France et se positionnait comme le plus sérieux rival d’un Mark Cavendish au sommet de son art. Son déclin soudain n’est plus une nouveauté, mais l’ancien sprinteur de premier plan a également perdu tous ses réflèxes et ses facultés à mettre la balle au fond, même sur les courses de seconde zone. Vainqueur à une seule reprise, sur l’irrespirable Tour de Pékin, Farrar a collectionné les places d’honneur de janvier à octobre. Et ce sans profiter des circonstances hasardeuses, comme ce Tour d’Italie ou Kittel raccrocha. Son départ chez MTN-Qhubeka officialisé, il retrouvera d’autres sprinteurs en dilettante, comme Gerald Ciolek, Matthew Goss, Theo Bos et Edvald Boasson Hagen. Le bon choix ? Son orientation vers les courses d’un jour n’est toutefois pas passée inaperçue…

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