Vainqueur à Paris en 2013 après avoir marqué les spectateurs par son outrageante supériorité vis-à-vis de Bradley Wiggins en 2012, Chris Froome vise le doublé au classement général sur la Grande Boucle, afin de s’inscrire dans la lignée des Indurain, Merckx, Anquetil où autres héros d’antan, capables de remporter le Tour deux fois consécutivement, au moins. Mais si il avait été impérial lors du dernier mois de juillet et auteur d’une préparation écoeurante pour ses adversaires, la donne est nettement plus différente en 2014. Toutefois, l’issue finale peut-elle différer ?

Pourquoi il gagnera le Tour

Il n’a pas perdu ses capacités en un mois. Même si psychologiquement, la sensation d’avoir un Froome au dessus du lot au départ n’est plus là, le Kenyan Blanc a tout de même de quoi faire plier ses rivaux. Avant sa chute qui l’a, incontestablement, diminué d’une manière où d’une autre pour le dernier week-end du Dauphiné, le Britannique avait fait une démonstration dans le prologue lyonnais et levé les bras en haut du Col du Béal, malgré une farouche résistance de Contador. Idem en Romandie, où il avait laissé la victoire à Spilak, bien qu’il fut le plus fort lors de la montée vers Villars-sur-Ollon. Une dynamique confirmée avec le dernier contre-la-montre en terre suisse. Froome a eu le temps de refaire le plein de confiance, et reste le meilleur grimpeur de ce Tour sur le papier, et peut-être le seul capable d’assommer l’épreuve dès les premières difficultés, dont la Planche des Belles Filles…

Quoi qu’on en dise, la Sky reste impressionnante. Richie Porte, Mikel Nieve, Geraint Thomas, Vasil Kiryienka. Le train noir de Dave Brailsford a été fidèlement reconduit, et tentera sans tarder d’imposer son fameux rythme visant à cadenasser les offensives, pour déposer sur un plateau d’argent leur leader. Sur l’étape d’Ax-3-Domaines l’année passée, Richie Porte aurait sans problème pu remporter l’étape en solitaire si il n’y avait pas Froome dans ses parages, et viser un top 10 au général, voire mieux, si il n’avait pas craqué, (où laisser filer ?) sur les routes de Bagnères-de-Bigorre. Vouloir battre Froome, cela implique la volonté d’envoyer la Sky au tapis. Un monstre à deux têtes.

Un échec ne rentrerait pas dans sa philosophie. Il faut le dire, Froomey est du genre à assumer et afficher publiquement ses ambitions. Comme par exemple poster des photos de lui, chrono en main, défiant les temps d’Armstrong en haut de la Madone, où bien, de vouloir rester en jaune sur le Tour pour les quatre où cinq années prochaines. Alors, échouer, qui plus est, en partant de son territoire, serait un véritable camouflet pour l’encadrement d’Outre-Manche, qui cherche à entériner sa supériorité sur les courses par étapes. On se demande plutôt pourquoi il ne le gagnerait pas du côté du staff…

Pourquoi il ne gagnera pas le Tour

Il n’a jamais été autant mis en difficulté. Il volait sur la planète cyclisme en 2013, et était frais comme un gardon durant la fin 2012. Sauf qu’en 2014, le nouvel homme fort de la hiérarchie a semblé accuser le coup, entre quelques forfaits, un retard à l’allumage certain sur le Tour de Catalogne, et une relative impuissance lorsque le scénario ne colle plus au plan de son oreillette. On avait déjà aperçu ça sur Tirreno – Adriatico en 2012, mais encore plus sur le Dauphiné, où c’était la panique à bord dès que les faiblesses de son corps furent identifiées. Et ses mêmes ennemis reviendront inévitablement à la charge durant ces trois semaines, avec un parcours plus que jamais promis aux attaquants. Il faudra peut-être forcer sa nature pour conquérir à nouveau le graal !

Est-il frais mentalement ? Chahuté ces derniers mois, au cœur d’une polémique concernant une AUT aux corticoïdes sur le Tour de Romandie, et sévèrement râpé suite à sa chute dans la sixième étape du Critérium du Dauphiné, tout porte à croire que Chris Froome est usé. Humain avant tout, il semble accuser le coup, et lessivé par son programme de courses robotique. C’est également un coureur qui a fait son trou sans jamais faire parler de lui avant son accession aux plus hauts sommets, et on l’a jamais connu dans une mauvaise passe. Comment peut-il réagir dans cette situation ? C’est la grande inconnue, même si le principal concerné s’estime au top, avec une motivation intacte.

Il n’inspire plus la crainte. Même si Alberto Contador et la Tinkoff ne cessaient de déclarer qu’ils viseraient la victoire, ou rien, lors de la dernière course jaune, la réalité était tout autre en 2013, tellement il paraissait surréaliste de battre Froome à la pédale lors des instants clés. Mais les précédents événements ont montré la voie à un panel élargi de coureurs. El Pistolero, mais pas seulement, avec une pléiade de candidats qui n’ont plus peur du géant de Sky, dont certains représentant l’insouciante jeunesse. Ce ne sera pas un Tour de France où l’on voudra conserver une quatrième place au général, et cela pourra jouer en sa défaveur.

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