La messe était déjà dite. Avant même de courir ce contre-la-montre, on savait que Chris Froome allait écraser la concurrence, et comme prévu, le maillot rouge n’a pas failli. Pourtant, ses adversaires pour le classement général se sont battus comme des lions. Mais le dernier vainqueur du Tour était aujourd’hui intouchable, et désormais, il a toutes les cartes en main pour remporter sa première Vuelta dimanche.

Le doute

Et pourtant, on a quelques instants douté de la forme du champion britannique. Au premier intermédiaire, il n’était pas en tête, ni même sur le podium ! Wilco Kelderman, Ilnur Zakarin et Alberto Contador avaient alors quelques secondes d’avance sur le maillot rouge. Alors, baisse de forme de la troisième semaine ou départ en douceur ? C’est la deuxième hypothèse qui s’est confirmée tout au long du contre-la-montre. Chris Froome est monté en puissance, tranquillement, et aucun de ses rivaux n’a réussi à suivre. Passés les deux tiers de la course, le Britannique a retrouvé son trône, sept secondes devant le valeureux Wilco Kelderman. L’écart restait encore serré entre le Néerlandais et le maillot rouge, et on s’est pris à rêver à une fin de course haletante.

Mais le suspense, Chris Froome n’en a que faire. Quand il peut frapper, il n’hésite pas, et c’est bien ce qu’il a fait sur la ligne à Logroño, en s’imposant avec vingt-neuf secondes d’avance sur son rival néerlandais. Une statistique est assez impressionnante, et illustre bien la domination de Chris Froome. A partir du premier pointage intermédiaire, le Britannique a repris près de deux secondes par kilomètre à Kelderman, et plus encore sur ses autres rivaux. Pourtant, Alberto Contador a réalisé un excellent chrono, dans la lignée de celui de Marseille sur le dernier Tour de France. Vincenzo Nibali et Ilnur Zakarin ont eux aussi sorti de belles performances. Et pourtant, ces trois-là ont aujourd’hui perdu près d’une minute sur Chris Froome.

L’art de gérer sa course

L’addition devient donc salée pour ces tous ceux-là. Et Chris Froome se rapproche jour après jour d’un premier succès sur la Vuelta. Aujourd’hui, il a de quoi voir venir. Vincenzo Nibali, le concurrent le mieux placé après deux semaines de course, est à deux minutes du Britannique. Pourtant, le maillot rouge n’a pas eu besoin de faire de grandes démonstrations de force jusqu’ici. Au contraire, on sent que Chris Froome gère, tactique que beaucoup jugent insolente, mais pourtant logique pour un coureur qui, rappelons-le, glanait un quatrième maillot jaune il y a six semaines sur les Champs-Elysées. La concurrence, branchée sur courant alternatif, ne peut pas rivaliser.

Ce contre-la-montre a ainsi éclairci le classement général de cette Vuelta. Miguel Angel Lopez et Fabio Aru ont eux perdu près de trois minutes et avec celles-ci, tout rêve de maillot rouge à Madrid, tout comme Esteban Chaves, qui a logiquement pris un éclat (plus de quatre minutes). Alberto Contador est revenu dans le top cinq, mais il est à cinq minutes de la première place. Seuls Zakarin, Kelderman et Nibali peuvent alors rêver d’une défaillance de Froome, qui n’a en réalité qu’un seul adversaire : lui-même. Sauf énorme désilussion sur les pentes de l’Angliru samedi, la Vuelta ne peut plus lui échapper. Chris Froome est un cannibale, et ne laisse que les miettes à ses rivaux. Certes, certains d’entre eux comme Nibali ou Contador tenteront encore. Mais là, un Vinadio ou un Fuenté Dé bis ne semble être que de vaines illusions. Chris Froome est trop solide pour ce genre de moment de faiblesse, même la théorique mais classique baisse de forme des coureurs du Tour en troisième semaine de Vuelta ne semble pas (encore ?) l’avoir atteint. Le Britannique est du bois des champions, et sa victoire aujourd’hui n’en est qu’une énième démonstration.

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