Chez Sky, la coutume est généralement de réaliser un début de saison puissant afin de générer une dynamique permettant de récupérer le leadership pour le Tour de France. Ainsi, Wiggins avait tout raflé avant le Tour de France en 2012, tout comme Chris Froome en 2013. L’an passé, le “Kenyan Blanc” avait connu un début de saison compliqué, avant une chute dommageable sur les pavés en juillet, mais conservait toutefois son titre sur le Tour de Romandie. À l’heure actuelle, seul le Tour d’Andalousie est tombé dans son escarcelle, quand Porte affiche une forme étincelante. Tombé sur la Flèche wallonne, trouvera t-il les ressources mentales et physiques pour s’imposer une troisième fois sur la course suisse ? La concurrence est en tout cas proche de celle qu’il affrontera lors de la prochaine Grande Boucle.

– Les Favoris

***** Chris Froome : En traversant le printemps comme un fantôme, l’Anglais n’a pas franchement rassuré quant à sa condition. Forfait suite à une infection pulmonaire pour Tirreno-Adriatico, inexistant au Tour de Catalogne, et mal placé dans le final de la Flèche wallonne, rien ne semble jouer pour le moment en sa faveur. Mais Froome reste un coureur imprévisible, capable de démarrages dont lui seul a le secret, et sera entouré à la perfection tout au long de la semaine. Et ce dès le contre-la-montre par équipes d’ouverture, où Sky pourrait prendre le large, avec des rouleurs comme Kennaugh, Stannard et Thomas. Double tenant du titre, le challenge du triplé devrait le motiver sur un parcours qui lui est encore très favorable. Avec une seule arrivée au sommet et un chrono individuel pour finir, il faudra être très fort pour le décramponner.

**** Nairo Quintana : Le Colombien est l’autre grand favori du 69ème Tour de Romandie. Vainqueur en patron de la course des deux mers en mars, le grimpeur sud-américain a ensuite pris la quatrième place du Tour du Pays Basque. Bien qu’invisible sur des ardennaises qui ne lui conviennent pas, Quintana se mesurera pour la première fois de la saison à Froome, avant les retrouvailles du Tour de France. Cela devrait être la seule opposition entre les deux hommes avant Utrecht, et c’est donc le moment de marquer les esprits et de prendre un avantage psychologique.

**** Simon Spilak : Le Slovène reste un coureur énigmatique. S’il passe systématiquement à côté sur les courses de trois semaines où il bénéficie d’un bon de sortie, celles d’une semaine demeurent son terrain de jeu favori. Et sa préférée n’est autre que le Tour de Romandie. Vainqueur en 2010 suite au déclassement d’Alejandro Valverde, il est surtout le double dauphin en lice de Chris Froome. Spilak l’avait même battu sur les deux dernières étapes reines, à savoir au sommet des Diablerets et à Aigle. Alors, en cas de défaillance du Britannique, gare à ce vrai métronome.

– Les Outsiders

*** Vincenzo Nibali : L’an passé, c’était en Romandie que le Sicilien s’était réveillé après un début de saison très poussif. Septième de l’étape montagneuse et cinquième à Neuchâtel, il avait démarré une lente montée en puissance jusqu’au Tour de France. Cette année, on a déjà vu un Nibali agressif sur les trois ardennaises, mais il manque encore de références sur les courses par étapes du début de saison pour prétendre à la victoire. L’arrivée au sommet de Champex-Lac fera office de test pour une équipe Astana presque au complet, venant avec des doublures de luxe comme Fuglsang ou Scarponi.

*** Rui Costa : Répétitif, le Tour de Romandie ? Cela fait en effet deux éditions de suite que le podium final vire à l’identique. Froome premier, devant Spilak, et… Rui Costa ! Le Portugais, toujours juste sur les grandes classiques, reste un modèle de constance sur les épreuves d’une semaine. Et 2015 ne déroge pas à la règle chez le triple lauréat du Tour de Suisse. Quatrième de Paris-Nice, septième du Tour du Pays Basque, et également au pied du podium à Liège, la forme est bien présente avant d’entamer une coupure jusqu’au Dauphiné. Mais difficile de le voir lutter pour autre chose qu’une place sur la boîte.

*** Thibaut Pinot : Depuis le début de saison, le Franc-Comtois prend beaucoup de plaisir. Agréablement surpris lui-même par sa quatrième place précoce sur Tirreno-Adriatico, il est ensuite allé confirmer tout cela en finissant deuxième du Critérium International et dixième du difficile Tour du Pays Basque. La Romandie lui a toujours bien réussi, puisque le garçon y a terminé dixième en 2014, douzième en 2013 et onzième en 2012. C’est aussi sur ces terres qu’il avait gagné une belle étape du Tour de France, à Porrentruy. Avec une belle étape pour grimpeurs au programme, tous les voyants sont au vert pour un bon classement général.

** Jean-Christophe Péraud et Romain Bardet : La paire française peut nourrir de belles ambitions sur ce Tour de Romandie. Le premier cité entame son cycle de préparation pour le Tour de France, et sort frais d’un Tour du Trentin où il fut présent dans l’échappée victorieuse le dernier jour. Le second, lui, sort un peu plus affûté, avec une neuvième place finale en Italie et surtout un beau Liège-Bastogne-Liège à son actif. Vincent Lavenu dispose de deux éléments complémentaires, et si Bardet devrait animer l’épreuve helvète, Péraud, sixième en 2013, aura toujours de quoi dépasser quelques concurrents sur le contre-la-montre de Lausanne.

– À ne pas sous-estimer

** Mathias Frank : Celui qui avait passé un cap lors de sa dernière année chez BMC est désormais leader dans la régionale IAM Cycling. Si le Tour de Romandie ne s’apparente qu’à une course de préparation pour bon nombre de coureurs engagés, c’est un vrai objectif pour l’ensemble de sa formation. Quatrième du général à douze secondes du podium, Frank cherchera à réaliser l’exploit.

** Rigoberto Uran : Pour le Colombien, tout tourne encore une fois autour du Tour d’Italie, sa course de cœur. Après deux échecs à la seconde place de la course rose, Uran ne vise rien d’autre que la victoire en mai prochain. Et cela passe par un solide Tour de Romandie, qui validera ou non sa préparation. Troisième à Tirreno, et cinquième en Catalogne, il n’a toutefois plus couru depuis. Un top 10 serait déjà satisfaisant.

* Rafal Majka : Le fantasque grimpeur polonais n’a pas totalement profité du calendrier si particulier d’Alberto Contador, qui sera avec Uran l’un des seuls à doubler Giro et Tour de France en une saison. Bien que placé sur quelques étapes au Pays Basque, son seul résultat notoire de l’année reste sa quatrième place finale au Tour d’Oman, en février. Les chronos devraient également l’handicaper, mais sa détermination pourrait s’avérer payante.

* Ryder Hesjedal : Le vainqueur du Tour d’Italie 2012 voudra à nouveau défendre ses chances sur la course rose. Pour cela, il se doit d’améliorer sa condition sur l’épreuve romande. Seulement quatorzième au Trentin et rapidement dépassé par Richie Porte, il lui faudra montrer autre chose pour espérer rentrer dans les dix à Milan.

** Pierre Rolland : Appelé de dernière minute dans le groupe d’Europcar suite à l’impressionnante chute de Yukiya Arashiro sur la Liège-Bastogne-Liège, Pierre Rolland a un bon coup à jouer en Suisse. Vainqueur du Tour de Castille-et-Léon, sa condition n’est pas mauvaise. Un top 10 est dans ses cordes.

Mentions : Darwin Atapuma, Eros Capecchi, André Cardoso, Robert Kiserlovski, Jürgen Van den Broeck, Simon Yates, Ilnur Zakarin et Riccardo Zoidl.

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