On les attendait, tous les deux, pour une bataille que l’on imaginait serrée. Mais alors que la montagne n’a pas encore pointé le bout de son nez, le Britannique a déjà gagné son duel contre l’Espagnol. Sur seulement 32 kilomètres de contre-la-montre, le Madrilène a pris une valise…
Un sacré coup au moral
2’45’’ concédés en seulement 32 kilomètres, c’est tout sauf rassurant pour Alberto Contador, habituellement plutôt à son aise dans l’effort chronométré. A la recherche permanente de la meilleure position sur son vélo, on a vu l’Espagnol énormément bouger, bien moins stable que son rival, que rien n’a déstabilisé. El Pistolero peut même s’estimer heureux d’être parti après le leader de la Sky, sans quoi il aurait vu le Kenyan blanc le rattraper et le dépasser sans qu’il ne puisse contester cette supériorité. Cependant, ce fut le cas avec le coéquipier de Froomey, Richie Porte, au moins aussi humiliant lorsque l’Australien, après être passé, a jeté un regard vers l’arrière, surpris du rythme auquel roulait un Contador en grande difficulté, qui semblait pourtant donner le maximum. Il paraît alors bien loin le temps où le double vainqueur de la Grande Boucle remportait le chrono tout plat autour du lac d’Annecy sur le Tour 2009. Ce jour-là, après 40 kilomètres et vingt jours de course épuisants, l’Ibérique avait devancé sur la ligne Fabian Cancellara, David Millar et Bradley Wiggins notamment…
Dans un premier temps, le constat est donc que Contador a perdu le Dauphiné. Rien de dramatique en soi puisque l’Espagnol n’a jamais remporté l’épreuve savoyarde, ce qui ne l’a jamais empêché de briller sur les routes du Tour quelques semaines plus tard. Mais cette fois, la manière fait clairement tâche, car c’est une véritable valise qu’a récupéré le leader de la Saxo. Et malgré ses talents de grimpeur, sûrement supérieurs à ceux de Froome, ce n’est pas sur les seules étapes de Valmorel, de Superdévoluy et de Risoul qu’il récupérera le temps perdu ce mercredi sur le chrono du Parc des Oiseaux. Cette claque marque donc une nouvelle victoire de l’Anglais sur l’Espagnol, après celles du Tour d’Oman et de Tirreno. Sauf que c’est bien sur ce Dauphiné que l’ascendant psychologique était à prendre, et c’est sur cette épreuve importante que Contador s’est complètement troué… Il lui reste donc quelques jours pour aller semer le doute dans la tête de Froome, à défaut de pouvoir réellement lui jouer le général.
Changer avant le Tour
Ensuite, il sera temps d’analyser tout ça. Car si à l’arrivée, Alberto Contador s’est montré plutôt serein, pas franchement inquiété par le temps perdu sur Chris Froome et semble-t-il certain qu’une allergie est la cause de cette piètre performance, son staff ne devrait pas se contenter de ces explications. L’Espagnol l’a confié, le Dauphiné n’est pas le Tour. L’encadrement de Saxo-Tinkoff ne manquera sûrement pas de le marteler à son coureur pour le faire évoluer avant le départ de Corse le 29 juin prochain. Contador ne peut pas se permettre de perdre autant de temps sur le chrono du Mont-Saint-Michel notamment. Connu comme étant l’un des tous meilleurs grimpeurs du monde si ce n’est le meilleur, le Madrilène s’est toujours montré être également très bon dans l’effort solitaire. Deux qualités combinées qui lui ont offert de nombreux grands tours, et qu’il ne doit pas perdre. Il lui reste un tout petit peu plus de trois semaines pour changer ce qui est nécessaire.
Robin Watt
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Cet article perd malheureusement tout son sens du fait de l’explication de Contador : ses allergies. Il n’est donc pas dans les mêmes dispositions que Froome et “le duel” n’existe pas, sauf pour ceux qui veulent absolument tirer des enseignements sur chaque étape. “El Tour es el Tour y el Dauphiné es el Dauphiné”.
Evidemment il y a ses allergies, mais on en parle rapidement. La question est, est-ce que cela explique un tel débours ? Est-ce vraiment la raison ? Et si oui, la seule ? Bref, difficile de tout mettre sur le dos d’une allergie.
Désolé, mais vous vous creusez la tête pour rien : une allergie aux pollens est bien suffisante à elle seule pour justifier une contre-performance. Une allergie aux pollens provoque des périodes de grande fatigue, ceux qui en sont victimes peuvent développer une sorte d’asthme et surtout souffrent chaque année (l’année passée il était hors compétition) de larmoiements et de nez bouché. Durant l’exercice si exigeant qu’est le contre-la-montre (et je suppose que vous vous en doutez), on a besoin d’un système respiratoire adéquat pour pouvoir rivaliser avec les meilleurs, et toute gêne favorise la déconcentration, les gestes nerveux qui font ainsi perdre de l’énergie.
Même si l’on accepte cette explication pour sa faiblesse physique, moralement, il en prend forcément un coup. Car il ne peut savoir exactement comment il aurait été sans cette allergie, et il sait en revanche que Froome est extraordinairement bon. Et surtout, Contador ne peut pas être certain que dans trois semaines, il sera débarrassé de ces problèmes. La météo semble dérégler, ce n’est plus à prouver, et si cette allergie lui fait tant d’effet que ça, il doit être très inquiet à l’heure actuelle…