Six ans que Philippe Gilbert n’avait pas décroché un podium sur une flandrienne. Et cette semaine, en attendant Gand-Wevelgem, dimanche, il est déjà allé en chercher deux. Sur le GP E3, ce vendredi, il l’a même fait en cador. Parce que le Wallon, malgré ses 34 ans, n’a qu’un seul objectif : enfin remporter ce Tour des Flandres qui s’est jusqu’à maintenant refusé à lui.

Ses premiers amours

Les ardennaises pour les jeunes plein de fougue et les flandriennes pour les briscards expérimentés. Ce serait donc ça, le schéma ? Il y a bien sûr des contre-exemples, Boonen ou Valverde en tête. Mais dans l’ensemble, l’analyse tient debout. Philippe Gilbert est en train de le montrer. En retrait sur le triptyque ardennais depuis sa dernière victoire sur l’Amstel en 2014, le Belge réalise un superbe début de campagne flandrienne. Une sorte de retour aux sources, lui qui avait remporté sa première grande course en 2006 sur les pavés du Het Nieuwsblad. « Les efforts en Flandres sont moins longs que ceux que l’on doit faire en Wallonie, confiait l’ancien professionnel José de Cauwer à la Dernière Heure, il y a quelques semaines. Cela va désormais mieux lui convenir. » En avril, le champion du monde 2012 risque donc d’être un peu chamboulé. Au lieu d’être situé l’avant-dernier week-end du mois, son grand objectif du printemps aura lieu lors du premier week-end.

Là aussi, c’est une sorte de retour en arrière. Avant d’être le monstre qu’il a été sur les ardennaises (triplé en 2011 et Amstel en 2010 et 2014), « Phil » se concentrait déjà sur les flandriennes. Des courses où il était à l’époque moins performant, mais qu’il appréciait davantage. A deux reprises, il est ainsi monté sur le podium du Tour des Flandres – 3e en 2009 et 2010. Mais l’histoire est toujours restée inachevée. Alors maintenant qu’il est chez Quick-Step, où Patrick Lefevere fait des flandriennes la priorité de la saison, tout semble redevenir possible. De nouveau, Gilbert s’est entraîné pour le Ronde. Et il sait que bien préparé, il sera armé pour jouer la gagne. « J’ai l’expérience, confiait-il cette semaine. J’ai fini deux fois sur le podium les deux fois où j’ai vraiment préparé cette course. » Trente ans après la dernière victoire wallonne sur le monument flamand, il espère s’ériger en successeur de Claudy Criquielion.

Tout pour le Ronde

Après la semaine qu’il vient de réaliser, il serait bête de l’éliminer de la course à la victoire. Deuxième d’A Travers la Flandre mercredi et du GP E3 ce vendredi, il a prouvé que les pavés étaient redevenus son terrain de jeu. Sur la route de Harelbeke, il est même sorti du peloton à près de 70 kilomètres de l’arrivée, accompagné notamment de Greg van Avermaet et Oliver Naesen. Un trio que plus personne n’a revu. Perdre au sprint était donc finalement aussi logique que secondaire : Gilbert est prêt, et à dix jours du Tour des Flandres, c’est tout ce qui compte. Reste un symbole, celui d’avoir été battu par Greg van Avermaet, son meilleur ennemi, à qui il a si longtemps fait de l’ombre. Mais dès la ligne franchie, le Wallon a eu une poignée de main pour son désormais adversaire. Il n’y a qu’à Audenarde qu’il faudra être le premier. Tout ce qu’il y avant n’est qu’un moyen d’y arriver, et si un coureur l’a bien en tête, c’est Gilbert.

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