Warren Barguil a enfin gagné son étape. Le Breton rentre un peu plus aujourd’hui dans le cœur des Français en réglant une échappée royale composée, outre le vainqueur, de Nairo Quintana, Alberto Contador et Mikel Landa. L’étape courte de 101 kilomètres entre Saint-Girons et Foix a tenu ses promesses. Cerise sur le gâteau, la victoire de Barguil est la quatrième du contingent tricolore.

Enfin !

Lorsque Barguil a lancé un cri de joie après la ligne, personne n’a pu s’empêcher de repenser à sa terrible déception de dimanche dernier. A Chambéry, le Français avait terminé deuxième derrière Rigoberto Uran, battu d’un boyau seulement. Après le sprint, il croyait pourtant avoir gagné. « C’est comme ça, je suis vraiment déçu, je pensais vraiment l’avoir passé sur la ligne.. Malgré le maillot blanc à pois rouges et le prix de la combativité, rien ne pouvait le consoler. Remporter une étape du Tour était son objectif au départ. Pour y parvenir, Barguil était devant samedi, à la Station des Rousses, dimanche, à Chambéry et aujourd’hui, sur les routes de l’Ariège.

Avec toujours cette même idée derrière la tête, enfin conjurer le mauvais sort. Car Barguil n’est pas verni, entre la collision avec une voiture à l’entraînement en 2016 et sa lourde chute au Tour de Romandie cette année, qui aurait pu le priver du Tour. « Mais je suis Breton, donc je suis têtu », expliquait-il à l’arrivée avec le sourire. Le Français de Sunweb a tout fait pour être au rendez-vous de juillet, et enfin y briller, après deux prometteuses premières participations (quatorzième en 2015, vingt-troisième en 2016). Pour être de la partie, il a choisi de ne pas jouer le général, un choix salvateur à ses yeux. « Je prends plus de plaisir, mon Tour est super », souriait-il.

Un groupe de rêve

La récompense, la voilà donc avec ce premier succès. « Ça faisait très longtemps que je n’avais pas gagné, depuis mes deux victoires sur la Vuelta, il y a quatre ans. Aujourd’hui je l’ai fait. C’est exceptionnel de gagner sur le Tour. » Et pardonnez du peu, Barguil s’impose devant deux coureurs de grande classe : Alberto Contador et Nairo Quintana. « Je suis super content, la course était idéale, s’enthousiasmait le vainqueur du jour. J’avais de super jambes. Le final n’était pas facile, mais je suis très heureux de gagner, surtout devant Contador, mon idole. Le battre aujourd’hui, je pensais ça impossible il y a quelques années. » Ce succès est à inscrire parmi les grandes victoires, celles que les Français aiment, celles qui lancent la carrière et la popularité d’un coureur. Parti avec Thomas Voeckler, le chouchou des Français, dès le départ de l’étape, Barguil a longtemps mené la course. Et lorsque Landa et Contador ont accéléré au pied du col d’Agnes, le Breton n’a pas paniqué et a géré.

C’est bel et bien lui qui est revenu sur les deux Espagnols, sans aucune aide de Nario Quintana, calé dans sa roue. Alors nul ne doute qu’aujourd’hui, Barguil est rentré dans le cœur du peuple français, en s’imposant un jour de fête nationale, avec le maillot blanc à pois rouges sur les épaules, s’il vous plaît. Un petit air de Laurent Brochard, dernier Français à avoir cumulé, comme lui, un 14 juillet, maillot de meilleur grimpeur et victoire. C’était à Loudenvielle, en 1997. Vingt ans plus tard, Barguil prend la relève, et se fixe un nouvel objectif. « Je veux défendre mon maillot à pois jusqu’à Paris, continuer à me battre. Je serai encore à l’attaque la semaine prochaine. » Avec plus de soixante points d’avance sur le deuxième du classement, Barguil a de la marge. Premier Breton à s’imposer sur le Tour depuis Patrice Halgand, le coureur de Sunweb est heureux, et évolue désormais sans aucune pression. Et si le feu d’artifice ne faisait que commencer ?

Buy me a coffeeOffrir un café
La Chronique du Vélo s'arrête, mais vous pouvez continuer de donner et participer aux frais pour que le site reste accessible.