Qui sait ce qui ce serait passé sans cette chute à 500 mètres de la ligne… Fernando Gaviria, pour son premier Milan-Sanremo, avait couru juste. Il avait passé le Poggio et entamé le dernier kilomètre en très bonne position, en compagnie de Sagan, Cancellara et les autres. Mais un moment d’inattention aura suffit à faire partir en fumée tous ses espoirs. Qu’importe, ce n’est que partie remise.

Franchir les étapes, et vite

Un titre mondial en omnium sur la piste de Londres, et six jours plus tard, un premier succès en World Tour sur Tirreno-Adriatico. Cela suffirait presque à présenter Gaviria, 21 ans et chaque semaine plus impressionnant. Pourtant, ce serait aussi un peu réducteur. Car malgré son jeune âge, il y a déjà beaucoup à raconter sur le Colombien. Il y a encore un peu plus d’un an, personne ou presque n’avait entendu parler de lui. Mais en quelques semaines, déjà, il avait cumulé deux succès au Tour de San Luis et un sacre mondial en omnium. Forcément, ça a attiré les plus grosses écuries du peloton, et si lui se voyait bien aller au terme de son contrat en Colombie, il a rapidement fait ses bagages pour l’Europe. Après s’être payé le scalp de Mark Cavendish sur les sprints argentins, il est donc devenu son coéquipier pour quelques mois chez Etixx, avant d’être désigné comme son successeur pour 2016. La preuve que le garçon franchit les étapes à vitesse grand V.

Même Patrick Lefevere, son manager, est épaté. Après sa victoire sur la troisième étape de Tirreno, il n’en revenait pas. « C’est incroyable à quelle vitesse il a fait le changement. Samedi, il devenait champion du monde sur piste… Changer de rythme n’est pas évident, mais il l’a fait. C’est un vrai super talent », expliquait-il à la RTBF. Des louanges qui semblent pousser le principal intéressé à aller chaque jour plus loin. Pour Milan-Sanremo, c’est Zdenek Stybar qui devait assumer le rôle de leader. Mais secrètement, tout le monde attendait de voir ce qu’allait donner Gaviria. Réussirait-il à passer le Poggio avec les meilleurs ? Comment s’en sortirait-il sur 300 kilomètres de course ? Les réponses ont été très positives. Le natif de La Ceja a grimpé les difficultés avec aisance, et n’a rien eu à envier aux autres sprinteurs du peloton. Dans le final, il a même eu les jambes pour suivre Boasson Hagen, Van Avermaet et Sagan quand ils ont tenté de sortir. Prodigieux.

Une chute pour apprendre

Malheureusement, quelques secondes plus tard, sa chute a donc sonné comme un dur retour à la réalité. Comme si lui-même ne s’attendait pas à être là pour jouer la gagne, Gaviria a fait preuve de nervosité. Résultat, il est allé tout seul gouter au bitume et ruiner ses chances de succès. « C’est uniquement de ma faute, et c’est bon pour l’expérience. Mais je ne peux pas nier que je continue de penser à ces 500 derniers mètres », a-t-il écrit sur Twitter. L’homme aux trois victoires cette saison s’est même excusé auprès de Peter Sagan et Fabian Cancellara, qui ont eux aussi perdu leurs chances de victoire en voyant tomber le Colombien presque sous leurs roues. Un état d’esprit qui amène Lefevere à le qualifier de « gars pas ordinaire ». Son directeur sportif Brian Holm, lui, le compare régulièrement à Cavendish. Parce que Fernando Gaviria a tout d’un très grand, à seulement 21 ans. Et si ce samedi, il était le plus déçu de tous, franchissant la ligne d’arrivée en pleurs, qu’il ne s’inquiète pas. Il reviendra très vite sur la « Classicissima ».

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