Les têtes n’en finissent plus de tomber, des années après les faits. En marge de la révélation des contrôlés positifs des Tours de France 1998 et 1999, une véritable chasse aux sorcières s’est ouverte pour débusquer de leurs postes les fautifs, désormais black-listés par le milieu qui tente de préserver ce qu’il reste de sa crédibilité. Les révélations du journal L’Equipe qui ont valu à Laurent Jalabert l’éviction de France Télévisions n’ont été que les prémices de cette lutte qui voit désormais Erik Zabel être suspendu par son équipe Katusha, où il officiait depuis 2012 en tant qu’entraineur et conseiller pour les sprinteurs.

Ils ont encore quelque chose à apporter

Ayant vécu de l’intérieur cette période sombre du cyclisme, ces repentis connaissent les ravages engendrés par le dopage, ils ont appris des erreurs du passé et sont sans doute les mieux placés pour guider la nouvelle génération vers une pratique propre de leur sport.  Dans le cas Zabel, les jeunes talents de la Katusha tels que Sulig avaient la chance, le privilège, d’apprendre aux cotés d’un des meilleurs sprinteurs de l’histoire. En se débarrassant ainsi de l’Allemand pour préserver une image pourtant bien écornée, la formation russe dessert les intérêts de ses propres coureurs, qui ne pourront plus bénéficier de l’expertise d’un Zabel qui malgré ses erreurs, était un mentor exemplaire auprès des différents jeunes sprinteurs qu’il a pu côtoyer jusqu’à présent. Tous étaient satisfaits de l’apport du sextuple maillot vert.

Du coté des consultants télévisés, Jalabert puis Durand ont été ciblé comme faisant partie de cette fameuse liste. Si l’ancien baroudeur reste pour l’instant en place du coté d’Eurosport, qui n’a pas hésité à confier des postes à Virenque et Moreau, tous deux impliqués dans l’affaire Festina, Jalabert a lui perdu son fauteuil au profit de Cédric Vasseur. Une perte importante, en plus de son poste de sélectionneur de l’équipe de France, qui fait du Panda un véritable banni. Lors du Tour de France, le nouveau binôme de France Télévisions a convaincu mais n’a pas empêché à de nombreuses personnes de ressentir un vide, une absence. Encore une fois la préservation de l’image de la chaîne a primé sur la qualité et la compétence de l’homme. Par coïncidence, le Mr. Propre du peloton, David Moucoutié, sera présent sur la Vuelta aux cotés de Di Grazia et Durand sur Eurosport.

Les conséquences incitent à garder le silence

Toujours selon ce fameux rapport du Sénat, les transfusions sanguines seraient impossibles à détecter, seuls les témoignages permettraient d’incriminer les coupables. D’ailleurs, c’est bien grâce aux différents témoignages de Leipheimer, Landis, Hincapie et quelques autres de ses anciens coéquipiers que Lance Armstrong a fini par tomber et avouer les différentes pratiques auxquelles il a eu recours pendant toute sa carrière. Bien qu’ils aient reçu en quelque sorte des « remises de peine », ces anciens de l’US Postal, qui ont eux aussi bénéficié du système Armstrong pour bâtir leur carrière, ont tous été poussés dehors sans possibilité de revenir dans le petit monde du cyclisme. Avoir brisé l’omerta et ouvert cette brèche qui a fini par faire exploser la bulle n’a pas suffi à assurer leur rédemption.

Les gagnants restent toujours ceux qui ne lâchent pas un mot sur leur passé. Contador et Valverde, pour citer les têtes de liste espagnoles impliquées dans l’affaire Puerto, se sont toujours défendus d’avoir eu recours à des pratiques dopantes. Aujourd’hui, ils trustent encore le haut du pavé sur les grandes courses, comme si rien ne s’était passé. L’Espagne est ainsi le seul grand pays de sport à ne pas s’engager dans la lutte anti-dopage. Pire, tout est mis en œuvre pour protéger au mieux ces icônes. Principal sacrifié, Abraham Olano nie toujours sa culpabilité. En gardant le silence, il préserve au mieux les intérêts de ses compatriotes.

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