Le jeune italien, double vainqueur du Tour de la Vallée d’Aoste et deuxième du Girobio chez les espoirs, a véritablement décollé en 2014. En concluant de manière brillante deux grands tours dans la même année, il s’est permis le luxe de monter sur le podium de son Tour National, à Trieste, et de terminer cinquième de sa première Vuelta. Impressionnant, à seulement 24 ans.

Lui même ne connaît pas ses limites

À chaque fois qu’on lui pose la question, le principal intéressé botte en touche, répondant toujours par une formulation devenue habituelle, à savoir qu’il prend « jour après jour les événements, cherchant à faire de son mieux. » Car Fabio Aru ne sait vraisemblablement pas de quoi il est capable sur la durée. En prenant le départ de son deuxième Tour d’Italie en mai dernier, il s’apprêtait à accomplir sa mission de gregario, comme on dit en son pays, au service de Michele Scarponi, leader initial en l’absence du tenant du titre Vincenzo Nibali. Mais rien ne se passa comme prévu. Scarponi est rapidement mis hors-jeu par ses déboires en première semaine, et est même violemment touché durant l’étape dantesque du Montecassino. Aru, lui, a surmonté les premiers obstacles du Tour d’Italie, et se retrouve cinquième au général après l’arrivée au sommet du Montecopiolo.

Le vrai leader, c’est bien lui, et le voici les mains libres après l’abandon par la petite porte de son illustre coéquipier. Presque inconsciemment, il se met à courir en patron durant la quinzième étape, s’achevant en haut du Plan di Montecampione. Une victoire d’étape méritée sur les terres du Pirate, à l’aube d’une troisième semaine où Aru se révèle aux yeux du grand public. Il confortera sa troisième place jusqu’au bout, et termine donc le Giro avec le statut d’unique transalpin sur le podium d’un général dominé par les Colombiens.

Régulier au haut niveau

Une explosion au plus haut niveau pour le moins soudaine dans la forme, mais en aucun cas surprenante sur le fond. Annoncé comme le futur grand escaladeur des cimes depuis quatre bonnes années, l’élève de Giuseppe Martinelli l’a suivi au sein d’une structure Astana italianisée en profondeur. Deux années complètes d’apprentissage, précédant cette saison où l’équipe lui a offert de nombreuses occasions de se mettre en valeur. Disputant le Giro avec une préparation allégée, il a remarquablement bien géré l’enchaînement estival avec la Vuelta, en se fondant dans le peloton du Tour de Pologne.

De la même manière que sur ses terres, il est monté en puissance tout au long de l’épreuve ibère. Profitant du marquage des Contador, Froome, Rodriguez et Valverde dans la montée vers le sanctuaire d’Aralar, son attaque tranchante au kilomètre a fait mouche. Une efficacité déjà redoutable, qui se répétera en troisième semaine, une fois de plus. Le Sarde a visiblement des gros atouts de récupération, comme en témoigne sa victoire au forceps en haut du Castrove, devant un “Kenyan Blanc” retrouvé. Quatrième de Milan-Turin et neuvième d’un Tour de Lombardie pourtant peu adapté à ses qualités, Aru tient sa première saison de référence, qui en appelle d’autres.

Une confirmation, et vite

Bon nombre d’espoirs ont rapidement explosé en vol après avoir atteint leur meilleur niveau trop tôt, où succombé aux espoirs trop forts portés en eux. Quelle trajectoire empruntera Fabio Aru ? Son état d’esprit n’est pas vraiment celui de l’euphorie exagérée, mais il faut toujours se méfier. Son programme 2015 reste très indécis. Mais à l’heure où le doublé Giro-Tour s’éloigne pour Nibali, Aru, lui, semble destiné à améliorer sa performance sur la prochaine course rose. Et ce en dépit d’un parcours pas forcément idéal pour lui, avec un contre-la-montre individuel de 59 kilomètres, et un plus faible nombre d’arrivées au sommet que cette année.

L’effort solitaire est d’ailleurs la priorité numéro du coureur et de ses entraîneurs, qui ont planifié divers tests en soufflerie cet hiver. Si une rivalité est pour le moment à exclure avec l’autre figure italienne de l’équipe, Nibali, la clé de la réussite en 2015 dépend certainement de l’optimisation du calendrier des deux spécialistes des courses par étapes. Révélation de l’année, Aru symbolise cette nouvelle génération grandissante dans les épreuves de trois semaines, appelée à supplanter les meilleurs. On n’en attend pas moins !

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