Comme un retour aux sources. Depuis quelques années, Fabian Cancellara n’était plus le maître incontesté du contre-la-montre, les années l’obligeant à faire un choix entre les classiques et l’effort solitaire. Mais c’est bien dans cet exercice qu’il aura décroché sa dernière grande victoire, avec une médaille d’or olympique quelques mois seulement avant de tirer sa révérence.

Intouchable, 8 ans après Pékin

« Que demander de plus ? » C’est le Suisse lui-même qui posait la question, à l’arrivée. A 35 ans, il s’est offert un succès de prestige, avec la manière. Tout sauf un baroud d’honneur. « Spartacus » aurait pu terminer de mille façons, par une victoire au printemps, ou bien une sur le Tour. Quoi qu’il en soit, l’histoire aurait été magnifique. Mais elle l’est encore plus sur ce contre-la-montre des Jeux Olympiques. Parce que c’était le dernier grand rendez-vous de Fabian Cancellara, et parce que le garçon reste avant tout un rouleur d’exception. Quatre fois champion du monde de la discipline, c’est déjà dans l’effort solitaire qu’il s’était révélé aux yeux du grand public, en de juillet 2004, à Liège. Ce jour-là, à seulement 23 ans, il remportait le prologue du Tour et s’offrait un premier maillot jaune. La boucle est bouclée douze ans plus tard, avec cette médaille d’or olympique qui vient s’ajouter à celle déjà conquise en 2008, à Pékin.

Après la course, face aux micros, Cancellara a expliqué qu’il avait beaucoup cogité ces derniers jours. Quoi de plus logique, après tant d’années dans le peloton, lorsqu’on sent la fin pointer le bout de son nez. Mais le métronome qu’il est à su se contenir jusqu’à la rampe de lancement, puis tout donner dès que le commissaire a baissé son bras. Au terme des quelques 54,6 kilomètres du parcours, seul Tom Dumoulin a concédé moins d’une minute au Suisse (47’’). L’enfant de Berne était intouchable. Evidemment, il rêvait d’un tel scénario. Le voir se réaliser est d’un magnifique absolu. « Canci » est sans doute le dernier patron du peloton, l’un des coureurs les plus respectés qui soit, grâce à sa personnalité, un peu, et à son talent, beaucoup. Il y a quelques semaines, lorsque la Grande Boucle a fait escale chez lui, à Berne, certains auraient souhaité que le peloton le laisse l’emporter, comme pour signifier ses adieux à la grande messe de juillet et bientôt au vélo. Ça n’a pas été le cas, et tant mieux.

C’était la dernière

Fabian Cancellara méritait de s’offrir une dernière victoire sans qu’on la lui donne. Le contre-la-montre, dans ce sens, est l’épreuve rêvée. A armes égales, tous se sont battus pendant plus d’une heure sur leurs machines. Et à la fin, c’est Fabian qui gagne. L’heure est donc à la célébration, aux félicitations et aux accolades. Le pari est réussi. Le Suisse va encore disputer quelques courses, sans doute le sourire jusqu’aux oreilles mais avec un pincement au cœur, avant de définitivement raccrocher son vélo. Prolonger d’une année ? Il n’en était pas question cet hiver, et ce n’est toujours pas une option. « Je ne voulais pas faire une dernière saison pour dire au revoir et merci sur toutes les courses, a confié Cancellara, hier. C’était aujourd’hui (hier) mon dernier contre-la-montre. » Qu’il ne s’inquiète pas, c’est nous qui le remercions.

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