Si le chrono des Championnats de France ne laisse généralement peu de chance aux surprises, la course en ligne de dimanche, elle, devrait s’avérer beaucoup plus ouverte. Et après trois années à voir la FDJ rafler le paletot bleu-blanc-rouge, Europcar compte bien réagir sur ses terres.

Voeckler le capitaine

Déjà titré deux fois champion de France, Thomas Voeckler peut légitimement lorgner sur cette édition 2015 dont le parcours lui sied à merveille. Mais sur des routes vendéennes qu’il connaît presque par cœur, il devra aussi faire avec une terrible pancarte. Qu’importe, de toute façon, à en croire son manager Jean-René Bernaudeau, « Thomas souhaite surtout qu’un Europcar gagne. Si c’est lui, très bien. Si c’est un autre, c’est parfait pour lui puisqu’il est le capitaine, il a une légitimité à diriger une équipe qu’il connaît parfaitement. » Le principal intéressé, lui, assure de son côté que le soutien du public sera un atout plus important que la connaissance du parcours. Il est vrai que sur un circuit de 14,7 kilomètres autour de Chantonnay, il n’y aura pas de véritable surprise : la plupart des prétendants à la victoire ont également reconnu le parcours, et au moment où se jouera la course, ils auront plusieurs tours dans les jambes, de quoi éviter d’être surpris par une des bosses au programme.

Malgré tout, le passé parle pour l’Alsacien. En 2006 et 2010, déjà, la ville de Chantonnay, dont un boulevard porte le nom de Thomas Voeckler, avait accueilli les Championnats de France. Résultat, une victoire et une deuxième place. Sur un parcours très similaire, avec simplement une bosse supplémentaire, il peut donc nourrir des ambitions légitimes, et faire confiance à sa science de la course. « C’est un circuit exigeant. Il va falloir s’économiser tout au long de la journée. Le problème, c’est de trouver le compromis entre s’économiser et louper le moment décisif en voulant trop regarder. C’est un entre-deux qui n’est pas facile à trouver », explique Voeckler. Logiquement frustré par le parcours de l’an dernier au Futuroscope, qui se destinait aux sprinteurs, celui qui a porté le maillot jaune sur les Tours de France 2004 et 2011 se réjouit d’un tracé qui laisse la place aux attaquants. Et si Bernaudeau sait que son leader sera très surveillé, il ne s’inquiète pas, assurant que dans son équipe, « la moitié peuvent être champions de France ».

Les jeunes sur leur lancée

Voeckler et Chavanel ont longtemps porté le cyclisme français sur la scène internationale ; et ils ont été les deux derniers champions de France – en 2010 et 2011 – avant l’arrivée d’une nouvelle ère, celle des Bouhanni, Vichot ou Démare. Mais depuis, plus rien ou presque. Les trois derniers lauréats n’avaient pas plus de 24 ans. Voeckler en a douze de plus… Malgré des atouts indéniables pour l’Alsacien et la formation Europcar, il est donc impossible de ne pas penser aux cadets qui poussent pour conserver leur main-mise sur les France. Bouhanni et Démare, auxquels on peut ajouter Coquard, sont quasiment hors course à cause du parcours trop sélectif. Mais Alaphilippe, qui a réalisé une campagne ardennaise phénoménale, pourrait bien pointer le bout de son nez, au même titre que Gallopin, Bardet voire Gougeard, qui compteront sur des qualités différentes mais qui ont tout à fait les capacités de faire exploser la course. Entre une vieille garde qui ne veut pas encore tirer sa révérence et des jeunes qui ont incontestablement redonné au cyclisme français une reconnaissance mondiale, il y aura donc match à Chantonnay. Avec l’avantage du terrain, mais aussi tous les autres inconvénients pour Voeckler.

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