Les belles histoires font désormais partie du passé : 2015 a montré à Europcar qu’il était impossible de compter sur les mêmes hommes éternellement. Rolland énigmatique, Voeckler en tournée d’adieu, c’est sur Coquard qu’a reposé l’équipe cette saison. Un avant-goût de 2016.

Deux raisons d’être satisfaits

Les promesses confirmées de Bryan Coquard. Après deux premières années où le sprinteur tricolore s’est imposé comme un grand espoir de la discipline, Coquard a franchi un cap en 2015. S’il n’a pas encore gagné en World Tour, il a tutoyé la victoire de très près, et pris rendez-vous pour la saison prochaine. Souvent livré à lui-même, il a décroché deux podiums d’étapes sur Paris-Nice puis autant sur le Tour, montrant à tous qu’il fallait compter sur lui dans des arrivées compliquées. Sur les Champs-Elysées, on a même cru qu’il allait succéder à Jimmy Casper, dernier vainqueur français d’un sprint massif sur la Grande Boucle. Il s’en est fallu de quelques mètres seulement pour qu’il ne saute André Greipel sur la ligne. De quoi légitimer un recrutement centré autour de lui : en 2016, il sera le patron de l’équipe, et il n’y a rien de plus logique.

Une Vuelta inattendue. Après un Tour de France où Pierre Rolland est allé arracher un top 10 au général, le contrat était rempli. Au départ de l’ultime grand tour de l’année, les hommes en vert n’avaient pas de réel objectif au général. Pourtant, au fil des jours, Fabrice Jeandesboz et Romain Sicard ont commencé à entrevoir la possibilité d’un joli accessit. Grâce à sa régularité quand la route s’élevait, le premier est allé chercher une 17e place à Madrid, inespérée quelques mois plus tôt quand il enchaînait les blessures et connaissait temporairement la vie en fauteuil roulant. L’ancien champion du monde espoir, de son côté, a profité d’un superbe chrono à Burgos (7e) et d’une belle échappée en dernière semaine pour se classer juste devant son coéquipier, à la 15e place. Le duo était inattendu, mais il a permis à Europcar de garder le sourire au moment où la question du sponsor hantait tous les esprits.

Trois raisons d’être déçus

Le bilan comptable de l’équipe. Neuf bouquets décrochés au cours de la saison, c’est le plus faible total de la bande à Bernaudeau depuis 2007. Coquard, avec quatre victoires, n’a pas gagné autant qu’on pourrait l’espérer, la faute à un programme difficile qui le fait se frotter régulièrement aux meilleurs sprinteurs du peloton. Mais les autres n’ont pas véritablement compensé. Surtout que toutes les fois où un Europcar a levé les bras cette saison, c’était hors du World Tour. Ce n’est bien différent de l’an passé, où avec seulement 12 victoires – et pas une seule dans l’élite –, le bilan était déjà décevant. Mais dans son histoire, la formation vendéenne nous a habitué à autre chose… Même Rolland et Voeckler ont traversé le Tour de France sans jamais paraître proches d’une victoire d’étape qui aurait sauvé l’honneur.

La triste fin de Thomas Voeckler. Il nous a tellement fait rêver que c’en est dommage de le voir à ce niveau-là. A 36 ans, il n’y a rien d’illogique à ce que Voeckler, double champion de France et ancien quatrième du Tour, n’ait plus rien à voir avec celui qu’il a été. Mais son obstination est presque frustrante. Pour retrouver un sponsor, Jean-René Bernaudeau avait sans doute besoin de lui et de son image. Mais le voir en simple équipier, tout juste capable d’aller chercher une cinquième place sur une étape de la Grande Boucle, n’est pas en adéquation avec son prestige. Il est l’un des plus grands coureurs français de la dernière décennie, il devrait avoir le droit à une fin correcte. Invisible cette saison, il le sera encore davantage en 2016. La tournée d’adieu devient trop longue, et il aurait peut-être dû dire stop il y a quelques mois déjà.

L’arrivée très tardive de Direct Energie. Europcar en a désormais terminé avec le monde du cyclisme, et l’équipe de Jean-René Bernaudeau s’appellera en 2016 Direct Energie. Mais la décision a été rendu très tard, et pendant des semaines, c’est l’incertitude qui a régné. Si Bryan Coquard a attendu longtemps, désireux de rester et de devenir le leader de l’équipe, Rolland et Gautier notamment n’ont pas eu cette patience et se sont engagés ailleurs. Il n’y a donc pas de véritable responsable à chercher, mais cet aléa – qui nous rappelle forcément 2010, quand Europcar avait remplacé Bouygues au dernier moment – va forcément se faire ressentir la saison prochaine.

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