Sur les pavés du Tour des Flandres, Matthieu Ladagnous a impressionné et terminé 5e - Photo FDJ
Sur les pavés du Tour des Flandres, dimanche, Matthieu Ladagnous a impressionné et terminé cinquième – Photo FDJ

C’est l’histoire d’un coureur comme tant d’autres. Rarement gagnant, souvent équipier, il aimait les flandriennes en silence. Pris sous l’aile de Frédéric Guesdon, le Palois apprend doucement aux côtés du dernier vainqueur français de Paris-Roubaix. Puis lorsque le mythe se retire, d’un coup d’un seul, Matthieu Ladagnous explose. Les pavés lui réussissent enfin, et la succession de Guesdon est assurée. A 28 ans, celui qui a fait toute sa carrière sous la houlette de Marc Madiot représente l’une des meilleures chances tricolores sur les classiques flandriennes.

Une mise en confiance progressive

Pas sûr de lui, il aura fallu du temps à Ladagnous pour prendre conscience de son talent. Trop longtemps cantonné à un rôle d’équipier, il a pour lui été difficile de devenir un leader au sein de sa formation. Pas facile, du jour au lendemain, de demander à ses coéquipiers de travailler pour soi. Sauf que l’an passé, il n’avait pas le choix. Madiot a insisté, et l’ancien pistard a acquiescé. Le voilà principal atout de la FDJ sur les classiques pavées. La pression est forte sur ses épaules, même si son équipe tente de ne pas lui faire voir. Et pourtant, le Français va se révéler. Progressivement… Il entame sa campagne sur l’Omloop Het Nieuwsblad, qu’il termine 8e. Un nouveau top 10 suit quelques semaines plus tard, au GP E3. Puis vient le moment de disputer un premier monument, le Tour des Flandres. Il termine loin des meilleurs, mais se satisfait totalement de sa seizième place à Audenarde. Et commence, doucement, à prendre conscience qu’il a réellement les qualités pour briller sur ce genre d’épreuves.

Une semaine plus tard, c’est donc dans un tout autre état d’esprit que Ladagnous se rend au départ de Paris-Roubaix. Cette fois-ci, on est dans son pays, et il est sûr de sa force. Si les éléments extérieurs ne s’en mêlent pas, c’est certain, il peut faire quelque chose de grand. Malheureusement, bien placé tout au long de la course, il est victime d’une crevaison dans les derniers kilomètres. Alors présent dans le groupe en chasse de Tom Boonen, le Français abandonne ses espoirs de podium, et terminera 12e. Une performance honorable mais totalement éclipsée par la deuxième place de Sébastien Turgot sur le vélodrome de Roubaix. Une déception finale qui laisse un goût d’inachevé, forcément. Mais qui laisse aussi Matthieu Ladagnous plein d’espoir pour la prochaine campagne. Et désormais, on y est, à cette prochaine campagne. L’heure de la revanche à sonné.

Pousser la réussite à son paroxysme

En 2013, la donne était donc totalement différente. Leader désigné avant même le début des classiques, le vainqueur des Quatre jours de Dunkerque en 2007 doit gérer une pression nouvelle due aux attentes qui pèsent sur lui : avec Sylvain Chavanel, il est le fer de lance tricolore sur les flandriennes. Un rôle difficile à tenir, d’autant plus que l’effet de surprise ne sera plus là. Pas de quoi décourager le Palois cependant. Il y a dix jours, Ladagnous entrait dans l’ambiance avec une sixième place sur Gand-Wevelgem. Une petite surprise puisque le principal intéressé a toujours douté de sa pointe de vitesse, pourtant loin d’être rédhibitoire. Une semaine plus tard, le public français a pu en avoir une nouvelle preuve puisque l’ancien protégé de Dominique Arnaud s’est classé cinquième d’un Ronde complètement fou. Du moins pour lui, puisqu’à cause du crevaison, il avait perdu tout contact avec le groupe des leaders.

A quelques jours de son dernier grand objectif, et du plus important, le Pyrénéen l’affirme, il a déjà réussi sa campagne de classiques. On le croit volontiers, mais comment imaginer qu’il ne rêve pas d’un exploit dimanche ? Depuis 1997 et sa victoire, c’est la première fois que Frédéric Guesdon ne s’alignera pas au départ de Paris-Roubaix. Le moment pour qu’un autre français s’assume et lève enfin les bras dans un vélodrome comble ? Un mythe, sûrement la plus belle des classiques compte tenu de son histoire, qui fait forcément rêver Matthieu Ladagnous. En l’abordant sans pression particulière puisque déjà satisfait de ce qu’il a réalisé jusqu’ici, le natif de Pau part avec un avantage sur certains concurrents, qui se doivent de faire un résultat sur l’Enfer du Nord. Alors, après tout, pourquoi se mettre des barrières ? Flahute dans l’âme, Ladagnous a le droit de rêver, parce qu’il a les capacités de faire quelque chose de grand. De très grand…

Robin Watt


 

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