Hier aux alentours de 21h45, le Tour de France 2013 a réellement pris fin, lorsque le peloton a franchi une dernière fois la ligne d’arrivée des Champs-Elysées. En retrait du sprint final, Christopher Froome savourait sa victoire finale avec ses coéquipiers de la Sky. Une nouvelle victoire, la plus importante, la plus belle. Et celle qui en appellera sûrement d’autres.

Une concurrence écœurée

On peut critiquer la concurrence de ce centième Tour de France, parce qu’on aurait aimé un combat serré entre les favoris se disputant la victoire. Sauf que cette année, dès la première étape, il ne faisait plus aucun doute que Froome monterait sur la plus haute marche du podium à Paris. Pourtant, les outsiders se sont défendus. Le lendemain, vers Bagnères-de-Bigorre, ils ont essayé, notamment les Movistar, d’esseuler puis de faire craquer Froome. En vain. Alberto Contador, lui aussi, a tenté. Dans les montées, dans les descentes, avec l’aide de Kreuziger le plus souvent, de décramponner le Britannique. Il se sera toujours fait rappeler à l’ordre, et en aura même perdu sa place sur le podium. Et même Joaquim Rodriguez, de temps en temps, a apporté son aide en plaçant quelques attaques, malgré le fait qu’il se trouvait loin au général avant la dernière semaine. Ca n’aura pas suffit, et Froome s’est imposé en donnant une impression de facilité presque insolente. Mais la concurrence n’est pas à blâmer.

Sur la route de Saint-Amand-Montrond, les Saxo-Tinkoff ont réussi leur coup, reprenant plus d’une minute à Froome. A l’Alpe d’Huez puis au Semnoz, Nairo Quintana et Joaquim Rodriguez, eux aussi, ont pris quelques secondes au maillot jaune. Preuve que Froomey n’était peut-être pas si invincible qu’on ne le dit. A moins que comme l’affirment les partisans de la théorie du complot, tout ça ne soit que manigance. Que jamais le Kenyan blanc n’ait été en difficulté, mais qu’il ait toujours simulé de légères faiblesses pour dissiper un temps soit peu les suspicions de dopage qui n’ont jamais été aussi nombreuses sur le leader de la course pendant l’épreuve même. Mais clairement, qu’y avait-il à faire de plus ? Le dossard n°1 n’a-t-il pas eu à se défendre chaque jour ? Sur ce Tour, et sur ce que l’on a vu en purs spectateurs, Froome était le meilleur. Et la victoire lui revient fort logiquement après tout ce qu’il a démontré depuis le début de saison, et qu’il vient de confirmer sur la Grande Boucle.

Froome n’est pas Wiggins

Toutefois, même si l’on a tendance à beaucoup comparer les deux derniers vainqueurs du Tour, leur avenir sera sans doute très différent. Bradley Wiggins, bien plus à l’aise en chrono qu’en montagne, a profité d’une édition particulièrement roulante pour ramener le maillot jaune. Mais à 33 ans, le Britannique pure souche ne retrouvera sûrement jamais un parcours à sa convenance comme c’était le cas en 2012. Au contraire, Froome, lui, allie parfaitement qualités de grimpeur et de rouleur. Ce qui lui permet, à « seulement » 28 ans, de rêver d’autres victoires. Avant ce centenaire, il affirmait ne pas viser uniquement cette édition, mais bien les six ou sept prochaines. Après ce que l’on vient de voir, il est évident qu’à chaque fois que le natif de Nairobi se pointera au départ du Tour, il sera désigné grand favori. Et puis, on ne voudrait pas en remettre une couche sur la comparaison Sky-US Postal, mais Lance Armstrong, lui aussi, a remporté son premier Tour de France l’année de ses 28 ans.

Si Wiggins a donc marqué l’histoire en étant le premier Britannique à remporter le Tour, Froome pourrait se hisser au rang des Anquetil, Merckx, Hinault et Indurain, du haut de leurs cinq victoires chacun. A condition de venir sur les routes de juillet le plus souvent possible, et dans un rôle de leader. Parce que chez Sky, on aime bien alterner, et après Wiggo et Froomey, Dave Brailsford pourrait « décider » de faire gagner Richie Porte, en attendant Peter Kennaugh et les autres. Si bien sûr, d’ici là, rien ne vient enrayer la machine jusque là parfaitement huilée de la formation britannique : des concurrents, on y croit peu tant la domination des hommes en noir est forte, mais les instances, certains y pensent de plus en plus, surtout après l’affaire Armstrong. Chris Froome, dans un style tout de même bien moins provocateur que son aîné américain, a alors affirmé hier sur le podium : « C’est un maillot jaune qui résistera à l’épreuve du temps. » Wait and see…

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