On ne cesse, année après année, de se plaindre du manque d’évolution que connait le cyclisme. Alors cette fois, on est forcés de s’enthousiasmer : ASO, RCS et Flanders Classics, les trois organisateurs les plus importants du calendrier, ont décidé de réduire le nombre de coureurs sur leurs épreuves. On attendait ça depuis longtemps. Mais ce n’est qu’une partie de ce que le vélo doit changer.

Passer de neuf à huit coureurs par équipes sur les grands tours, de huit à sept sur les autres épreuves : les trois principaux organisateurs du paysage cycliste ont pris les choses en main pour 2017. A eux trois, ASO, RCS et Flanders Classics pèsent 12 des 27 épreuves du World Tour, dont deux grands tours (Giro et Tour de France) et tous les Monuments. Sans compter le reste. Leur décision commune va donc changer la face du peloton à partir de la saison prochaine, même si ça ne plait pas à tous les principaux intéressés. Avec un coureur de moins par formation, les pelotons vont maigrir, et les chutes réduire. Du moins, c’est le but premier. L’accident mortel d’Antoine Demoitié au printemps dernier, sur Gand-Wevelgem, est encore dans toutes les têtes. Et il a sûrement accéléré les choses. Aujourd’hui, la sécurité est la principale préoccupation de Christian Prudhomme, directeur du Tour de France. Mais derrière cet aspect, bien sûr, il y a aussi le sportif.

Seulement un début

« Le second objectif est de rendre plus compliqué le verrouillage de la course et de donner davantage de souffle sportif aux épreuves », ont expliqué les trois organisateurs dans un communiqué. On est heureux de savoir que, comme tout le monde, ils remarquent qu’on s’ennuie de plus en plus souvent sur les grandes épreuves, à cause de courses cadenassées par les plus grosses formations du peloton. Alors retirer un homme à chaque équipe ne changera pas tout. En 2013, la Sky était parvenue à verrouiller la course malgré l’abandon, au bout de neuf étapes, de Vasil Kiryienka. Certains coureurs sont eux capables d’aller gagner les plus grandes courses du calendrier qu’ils aient six, sept ou huit équipiers autour d’eux. Il faudra donc vérifier sur la route si ce qui est demandé depuis longtemps est véritablement efficace. Mais la réforme a le mérite d’exister, quand bien même certains voudraient aller toujours plus loin, plus vite.

Avec cette décision, les organisateurs ont aussi devancé l’UCI, qui n’agissait pas sur la question. C’est le signe que le vélo peut se prendre en main, même si ses instances sont frileuses. Qu’importe la réforme bancale de cette même UCI, heureusement repoussée à 2019 – ça laisse au moins le temps de la réétudier – alors qu’elle devait entrer en vigueur dès la saison prochaine. Une première étape a été franchie. Peut-être la plus importante, car elle va impulser un mouvement. La suite pourrait, au hasard, concerner les calendriers, les oreillettes, les nombre de coureurs sous contrat. Il faudra peut-être du temps, mais la machine s’est lancée, enfin, alors qu’elle ronronnait tout en faisant du surplace depuis des années. Les acteurs les plus importants du cyclisme sont en train de montrer l’exemple. Le reste va pouvoir suivre, les réformes s’enchaîner. Si possible dans le bon sens.

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