On dit souvent que le cyclisme est un sport individuel qui se joue en équipe. Ce soir, Fabio Aru peut en témoigner. Trop vite esseulé, mal placé, le Sarde a perdu du temps et son maillot durement arraché samedi des épaules de Chris Froome. Le triple vainqueur du Tour, parfaitement entouré, retrouve sa seconde peau.

Fabio Aru isolé

À voir le maillot jaune lutter bouche ouverte pour terminer trentième d’une étape dite de transition, la journée ne fut pas agréable. Assailli par les sollicitations depuis qu’il a pris place en haut du classement général, l’Italien a subi le contre-coup aujourd’hui. Pire, son équipe a failli. Seul dans les derniers hectomètres, très mal placé dans le peloton à cinq kilomètres du but, Fabio Aru a même coincé physiquement dans les derniers mètres. La faute pourra alors être jetée sur l’attitude de l’Italien, peut-être trop confiant à l’approche de la dernière bosse. Sur des jambes que l’on a peut-être surestimées, le Sarde laissant une bien mauvaise impression. Mais c’est avant tout la faiblesse de son équipe qui est alarmante.

« Il a réussi à répondre tout seul hier, il l’a payé aujourd’hui », expliquait son directeur sportif Dimitri Fofonov. C’est bien l’équipe qui est visée. Dave Brailsford estimait d’ailleurs pour nous que le placement était primordial : « Le but, c’était de libérer Chris le mieux placé possible, on savait qu’il y aurait des cassures. » Chris Froome, tout sourire avec son maillot, appuyait aussi sur l’importance des coéquipiers : « Je ne pensais pas reprendre le maillot sur une étape comme ça. C’est grâce à mes équipiers qui ont su garder leurs positions. Je dois remercier Kwiatkowski car c’est lui qui ramène le maillot. Rester toujours devant, c’était le plus important. » Ce qu’Astana n’a pas su faire. Dans une équipe accablée par le sort, privé de ses lieutenants Jakob Fuglsang et Dario Cataldo, Fabio Aru perd aujourd’hui le jaune, mais il ne peut laisser filer ses illusions.

Le momentum a-t-il changé ?

Le fait d’avoir perdu le maillot aujourd’hui pourrait soulager la faible équipe Astana de la charge de la course. De là à croire à un coup tactique de l’équipe kazakhe et de son si malin manager Alexandre Vinokourov, la marge est courte. « Si leur objectif était de perdre le maillot, alors c’est intéressant mais sinon il aurait dû être mieux placé », estimait Dave Braislford. Néanmoins, les doutes autour de Chris Froome se sont aujourd’hui dissipés et le Britannique s’est rassuré en récupérant sa tunique chérie. « On a vu une vraie différence sur la dernière bosse, comme à Peyragudes. Chaque seconde compte, chaque jour compte », arguait d’ailleurs le nouveau maillot jaune. Le momentum a peut-être changé aujourd’hui, et si calcul il y a, il est bien mauvais.

La ligne franchie, Fabio Aru est entré dans sa voiture, muet et le regard noir. L’image ne respirait pas la confiance. Désormais relégué à dix-neuf secondes du Britannique, le champion d’Italie est dans une position délicate. Cinq secondes derrière lui se tient Romain Bardet, et Uran n’est pas beaucoup plus loin (à dix secondes). La lutte pour le maillot sera âpre et Fabio Aru pourrait même y perdre le podium. Malgré tout, les aptitudes du Sarde en haute montagne devraient lui permettre de tenter des choses dans les Alpes, sur un terrain qui lui est plus propice et où le collectif aura moins d’impact. Sur le Galibier ou l’Izoard, le placement ne comptera plus.

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