Alors que nous nous sommes pas tout à fait remis du palpitant déroulement des Mondiaux florentins, la dernière ligne droite d’une saison 2013 riche en émotions fait son apparition. Le mois d’octobre est court mais intense, avec encore de belles classiques au programme et de quoi achever sa saison en beauté.

Il Trittico di Autunno

Une immense majorité du peloton a couru dans des conditions dantesques le Mondial de Florence, mais va t-il pour autant quitter l’Italie sur un ouf de soulagement ? Ce pourrait en effet être tout le contraire. Cette première semaine du mois d’octobre est l’heure de l’historique triptyque automnal italien, qui a commencé ce mercredi, à l’occasion de Milan-Turin. On a beau dire que Liège-Bastogne-Liège est la Doyenne dans nos têtes, mais si on se fie aux statistiques, c’est un beau morceau d’histoire que s’est adjugé le vainqueur du mur de Superga, Diego Ulissi. Présente au calendrier depuis 1876, malgré une coupure récente entre 2008 et 2011, ce semi-monument du cyclisme – surtout du côté de nos voisins transalpins – offrait un plateau presque digne de la course de dimanche pour le maillot arc-en-ciel. Pour ne citer qu’eux, notons la présence du malheureux Purito, associé comme toujours à Moreno, mais le tenant du titre Alberto Contador, le critiqué Valverde, l’énigmatique Betancur, la paire italienne Cunego-Ulissi, Thomas Voeckler, Dan Martin, ou encore les jeunes talents et leaders des équipes continentales, toujours surmotivés à cette période de l’année. Sur le chemin menant à la basilique turinoise de Superga, le spectacle auquel nous avons assisté pourrait bien n’avoir été qu’une mise en boucle. Bien que l’enchaînement vienne d’être dénaturé suite à l’arrêt du Tour du Piémont – crise financière oblige -, la véritable classique des feuilles mortes sera l’un des derniers terrains de batailles entre grimpeurs et puncheurs.

Théâtre de la première, et sans doute unique apparition de Rui Costa avec le maillot arc-en-ciel sous les couleurs de la Movistar, le Tour de Lombardie aura une nouvelle fois comme rôle majeur de déterminer le vainqueur du classement UCI. Comme l’an dernier, l’Anglais qui a crevé l’écran toute l’année, en l’occurrence Chris Froome, possède un petit matelas d’avance sur le monstre de régularité – et non récompensé – , Joaquim Rodriguez. Mais il suffit d’une victoire de Purito et d’un non lieu de Froomey pour que le Catalan refasse le coup de 2012, l’ayant vu s’imposer en miraculé des eaux à Lecco. Mais le majestueux horizon des cols lombards et de ses fameux raidards, dont le renouveau du Muro di Sormano, devraient en inspirer plus d’un. Pour sauver une saison presque blanche, comme celle de Philippe Gilbert, mais aussi pour tourner la page sur une bonne note. On imagine les Euskaltel-Euskadi disputer leur dernier monument donnant cœur et âme sur le vélo, malgré l’absence de Samuel Sanchez. En clair, nombreuses sont les raisons d’espérer que les coureurs nous offriront un Tour de Lombardie comme on l’aime, avec sa saveur et son contexte si particulier. Enfin, l’apothéose italienne ne s’arrêtera pas là puisque le lendemain, RCS dévoilera le parcours tant attendu du Giro 2014, avant de disputer les dernières classiques transalpines, qui détermineront le vainqueur de la Coupe d’Italie, et donc l’heureux élu qui décrochera une invitation pour le prochain Tour d’Italie.

Paris-Tours possède encore son charme

Mais nous aurions tord de nous focaliser entièrement sur le calendrier de la botte. Notre chère France a aussi sa part de gâteau en cette toute fin de saison, symbolisée par l’autre classique des feuilles mortes, Paris–Tours ! Autrefois incontournable en son âge d’or des années 90 et 2000, assistant au triple sacre d’Erik Zabel sur l’Avenue de Grammont, l’ancienne épreuve de la Coupe du Monde déchaîne encore les passions, surtout chez les francophones. Depuis 2008, il y a toujours eu un voire deux belges sur le podium à Tours, et encore plus depuis que le final fut corsé par les organisateurs. La côte de l’Epan, enchaînée avec le faux plat de Beausoleil, est littéralement ce que l’on peut appeler un coup de cul. 800 mètres avoisinant les 12%, du pain béni pour les attaquants et un lieu de souffrance pour les sprinteurs, qui ont parfois bien du mal à contrôler les attaques fusant de toute part. De quoi contraindre ces derniers à réagir en solo, tel John Degenkolb l’an passé. Pas question de laisser passer l’occasion, il n’y aura plus d’épreuves pour se rattraper.

Dans leur ensemble, les épreuves en France et en Belgique déploient les derniers tapis rouges pour les bolides du peloton, qui voient tous d’un bon œil quelques victoires prestigieuses avant de prendre quelques vacances. Le Tour de l’Eurométropole, ancien circuit franco-belge, est aussi là pour cela, et a recueilli quelques frustrés de ces derniers mois. Si un duel allemand entre Degenkolb et Ciolek se prépare, Haussler, victime d’une saison blanche, tentera de glaner un bouquet, tout comme Roelandts, Napolitano, Kruopis, Boeckmans ou Bos. Toujours Outre-Quiévrain, Binche-Chimay-Binche et Putte–Kapellen serviront à finir en beauté, alors que côté français, le Tour de Vendée stoppera les hostilités de la Coupe de France, qui sera au passage le lieu de la dernière course professionnelle d’Anthony Charteau. Des classiques peu ronflantes à la première évocation mais qui sont tout de même cruciales pour une partie du peloton. On pense aux coureurs sans contrat, qui ont encore un petit mois pour inverser la balance et trouver un nouvel employeur, ainsi qu’aux équipes menacées de disparition, soucieuses de montrer le potentiel entier de leur collectif aux rares investisseurs présents. Alors si certains cadors iront promouvoir le cyclisme sur le Tour de Pékin, là où d’autres tenteront de récolter les controversés points UCI, une plus grande partie du peloton mondial disputera les dernières joutes aux enjeux palpitants. Et c’est bien ça qui fait le charme des classiques automnales.

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