Il y avait eu ce formidable quintuplé sur les routes du Tour d’Espagne en 2012, cette étape conquise en costaud sur le Tour d’Italie 2013, et maintenant cette victoire sur un plateau à Cordoue en 2014. John Degenkolb représente plus qu’une garantie de bouquets dans son équipe, et a systématiquement levé les bras sur un Grand Tour depuis les deux dernières années. Le vainqueur de Gand-Wevelgem et de la Vatenfall l’an dernier fait aussi son chemin en vue des prochains jours, dont ces Mondiaux de Ponferrada.

Il ne se rate pas souvent

On présente souvent sa cohabitation avec Marcel Kittel, nouveau meilleur sprinteur au monde, comme un modèle du genre. A savoir deux garçons amis dans la vie, coopératifs à l’entraînement, partageant leurs victoires respectives avec leurs coéquipiers dévoués, disputant les meilleures courses du monde comme le Tour ensemble en se mettant alternativement au service de l’autre… Il n’empêche que lorsque John Degenkolb se voit confier les clés du camion dans son domaine de prédilection, à savoir les sprints musclés et les classiques, il ne rate pas souvent le mille. Dans une période du cyclisme ou les profils complets émergent en masse, à l’image du monstre enrayé qu’est Peter Sagan, d’un Boasson Hagen en perte de repères, ou encore d’un Kwiatkowski limité, le natif de Gera lui assume pleinement ses qualités. Le jackpot à Hambourg l’an passé au terme de 250 kilomètres éprouvants étaient déjà la confirmation d’une bluffante quatrième place aux Mondiaux de Valkenburg se finissant quelques kilomètres après le célèbre Cauberg. Paris-Tours également tombé dans son escarcelle, c’est au tour de Gand-Wevelgem de lui revenir en début d’année, en se payant le malheureux Slovaque mais aussi des spécialistes emblématiques comme Tom Boonen, avant une deuxième place révélatrice sur l’Enfer du Nord. La où certains stagnent, voire régressent, lui, poursuit sur une dynamique croissante.

De même sur les Grands Tours où sa puissance digne de l’école allemande du sprint lui permet de tenir des sprints de longue distance et d’étouffer ses adversaires. La concurrence se limitait à un Nacer Bouhanni pas encore mûr, à l’inconstant Viviani et au vieillissant Bennati pour sa première épreuve de trois semaines, et c’est une razzia sans pitié qui a eu lieu, terminant à cinq reprises à la première place et ramenant à la maison le maillot vert du classement par points. S’attaquant ensuite au Giro en 2013, il fait mouche à Matera au terme d’un faux plat montant particulier, mais lui allant comme un gant. En venant sur le Tour d’Espagne cette année, il peut encore espérer claquer quelques étapes supplémentaires et son duel face à Nacer Bouhanni risque bien d’être l’attraction des étapes de plaine durant cette Vuelta. Sagan est hors de forme, Matthews intrinsèquement moins rapide, et personne n’émerge réellement derrière. Ex aequo avec l’Australien en tête du classement par points avec 45 points, il a repris l’ascendant mathématique sur le Français. Mais c’est très loin d’être définitif sur une épreuve légèrement plus équilibrée que par le passé. Les étapes terminant à Ronda, Albacete, Logrono et la Corogne se termineront à coup sûr par un emballage massif, et quelques journées de plus pourraient leur sourire, en dépit de finals en dent de scie.

Ponferrada en ligne de mire

Toutefois, à l’instar des déclarations de Nacer Bouhanni après avoir remporté briemment la deuxième étape dimanche, le maillot vert n’est pour l’instant par l’obsession première de John Degenkolb. On l’a dit et répété, c’est quelqu’un qui a su axer son profil vers les grandes classiques du calendrier mondial. En 2012, personne ne le voyait aussi haut aux Pays-Bas, à Florence c’était toutefois trop dur pour lui, mais le parcours espagnol de Ponferrada semble idéal pour l’ancien coureur d’HTC. Découvert à l’occasion des championnats du Royaume, le tracé comporte deux bosses, mais ne comportant pas de forts pourcentages. Une course d’usure, qui peut parfaitement se finir en sprint réduit avec une trentaine de coureurs. Ce qu’apprécie tout bonnement le vainqueur du Grand Prix de Francfort en 2011. Alexander Kristoff, auteur d’une saison époustouflante, a encore marqué des points en triomphant à Hambourg, et s’est posé dans la même optique de la course à l’arc-en-ciel.

Surtout, aucun homme fort ne se dégage encore clairement dans ces scénarios de course. Sagan est abonné aux deuxièmes places, et rien que cette physionomie ouvre une multitude de portes à ses rivaux. Ne nous emballons cependant pas, nous sommes encore qu’en première semaine d’une Vuelta montagneuse, mais cela faisait bien longtemps que les étapes de transition n’avaient plus eu un tel intérêt. Rendez-vous demain à Ronda pour un nouveau sprint massif inévitable, et de nouvelles indications en vue du mois de septembre.

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