Jamais deux sans trois comme dit l'adage. Le Killer a encore déçu, avec un nouveau contrôle positif - Photo melty
Jamais deux sans trois comme dit l’adage. Le Killer a encore déçu, avec un nouveau contrôle positif – Photo melty

Coup de tonnerre pour certains ou verdict presque prévisible pour d’autres, lorsque la Gazzetta dello Sport et l’UCI ont annoncé puis confirmé le contrôle positif de Danilo di Luca – une nouvelle fois – à l’EPO, c’est un immense sentiment de colère qui s’est installé dans le milieu cycliste. Contrôlé positif à trois reprises, le clap de fin semble inévitable pour un coureur qui aura fait rêver des tifosi mais qui s’est aussi attiré la haine des observateurs prônant un cyclisme propre, et s’indignant de ses énièmes come-back. Retour sur la carrière sulfureuse en tout point du natif de Spoltore…

Un palmarès tout de même glorieux

Si les dernières années de sa carrière furent houleuses, on ne retirera jamais à Danilo di Luca – normalement – ses principaux faits d’armes, qui ont fière allure. Remarqué dès ses débuts, il gagne le Baby Giro et son championnat national espoirs avec une facilité déconcertante qui frappe immédiatement les recruteurs. Débutant chez Cantina Tollo où figure son fidèle compagnon Luca Mazzanti, il termine à seulement 23 ans deuxième du Tour de Lombardie. Mais son irrésistible ascension ne s’arrête pas en si bon chemin et sur son premier Tour d’Italie, il décroche une étape de prestige à Peschici, avant de définitivement conquérir ses supporters l’année suivante. Longtemps dans la course au maillot rose et victorieux au Montevergine, il parachève cette belle année avec une victoire sur la classique des feuilles mortes. Oui mais voilà, en cette première saison de succès, les premières zones d’ombres planent sur lui, notamment lors du tristement célèbre Blitz de San Remo. Il n’est finalement pas condamné et peut poursuivre sa route sans encombre, du moins pour le moment. Au moment de rejoindre la dream-team qu’est alors la Saeco – avec notamment Cunego, Evans, Celestino ou Simoni –, il explose sur les classiques ardennaises avec de jolies places d’honneur annonciatrices de victoires futures.

Pour les voir arriver, il faut cependant attendre quelques années et un transfert du transalpin chez Liquigas. Quatre ans après sa victoire en Lombardie, Di Luca connaît donc la victoire sur le Tour du Pays Basque puis sur l’Amstel et la Flèche wallonne. Après avoir confirmé sur le Giro – 4e et vainqueur de deux étapes -, il termine la saison en leader du classement UCI, une sorte de récompense. Plus discret l’année suivante, il réalise une saison fantastique mais amère dans la conclusion en 2007. Gagnant enfin la Doyenne qui le faisait tant rêver, il enchaîne avec une autre consécration attendue, sur le Giro. Mais voilà le dopage qui le rattrape avec l’affaire Oil for Drugs, qui le voit suspendu trois mois avant de repartir de zéro avec la formation LPR. Toutefois, Di Luca revient, encore et toujours, et livre à Menchov un duel épique sur le centenaire du Tour d’Italie.  Sauf que cette fois, c’en est trop. Contrôlé positif à l’EPO Cera deux fois dans ce même Giro 2009, il est suspendu deux ans. Il reviendra, comme toujours. D’abord chez Katusha puis Acqua e Sapone, avant de rejoindre dernièrement Vini Fantini dans l’espoir de disputer de nouveau la course rose. Il sera au départ, mais pas à l’arrivée…

Un terrible gâchis et une réputation forgée

Aujourd’hui, le nom de Danilo di Luca est inéluctablement associé au dopage. Rien d’illogique, puisque le coureur des Abruzzes est impliqué dans ce fléau pour la quatrième fois de sa carrière… Mais cette histoire n’améliore pas l’image du cyclisme italien, qui est sans aucun doute celui qui a le plus de mal à se détacher de ces affaires embarrassantes. Il y a environ un mois, lorsqu’on a appris que Di Luca serait au départ du Tour d’Italie pour un énième défi, on pouvait se dire que le jubilé serait beau. Mais dès les premières étapes et malgré seulement deux jours de course dans les jambes, l’Italien a impressionné, un peu trop. A 37 ans, on était loin de l’imaginer bousculer le peloton en fin de journée pour passer proche de la victoire. Du coup, les suspicions ont pris de plus en plus d’importance, accentuées à chaque attaque du vétéran. A l’heure où la 19e étape est annulée, le Giro ne se repose donc pas pour autant. Et quelques années après un Riccardo Ricco qui n’avait jamais réussi à se détacher du dopage, Di Luca devrait lui aussi être suspendu à vie. Une fin qu’il souhaitait sans doute différente, lui qui se pensait encore capable de réaliser un exploit dans l’une des deux étapes des Dolomites qui restaient sur ce 96e Tour d’Italie…

Alexis Midol


 

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