Le grand public avait découvert le jeune espoir néerlandais à l’occasion du final houleux de la première étape du Tour de France 2013, lors d’un sprint tronqué. Émergeant du chaos général, Kittel avait décroché le premier maillot jaune à Bastia en devançant Alexander Kristoff, et…Danny van Poppel ! Benjamin de sa première Grande Boucle, le fils de l’ancien professionnel Jean-Paul n’a pas cessé d’apprendre depuis cette première étape fondatrice, et progresse continuellement. Cette semaine, c’est même l’un des coureurs les plus en vue de l’Eneco Tour.

Remarqué chez les espoirs, et un nom à porter

Très vite initié à la bicyclette dans son milieu familial partageant unanimement la passion du vélo et l’expérience du métier, le jeune Danny s’est assez vite illustré sur les courses les plus importantes du calendrier des moins de 23 ans. Repéré en 2012 à l’âge de 19 ans par l’équipe réserve de la Rabobank, il va rapidement montrer des qualités indéniables de sprinteur. Véloce et puissant, le garçon va ouvrir son palmarès par trois étapes du Tour de Thuringe, dont deux en individuel, puis une victoire au Tour de Léon en Espagne. Il dispute même le Tour de l’Avenir aux côtés d’autres rapides de Hollande, dont Moreno Hofland et Wouter Wippert. Une saison prometteuse, qui se voit concrétisée par un premier contrat professionnel en World Tour, chez Vacansoleil. Une équipe dans laquelle figure comme directeur sportif ni plus ni moins que son père, renommé dans le milieu et détenteur de 22 bouquets sur les Grands Tours, et son grand frère, Boy, lui aussi signé à l’intersaison 2012-2013. On a connu des débuts plus difficiles, et la présence d’un cocon familial à ses côtés peut engendrer du boost, comme l’effet inverse. Dans un peloton ou la concurrence est de plus en plus rude et les attentes élevées, certains n’ont jamais réussi à faire honneur aux étiquettes qui leur furent collées dès leurs premiers coups de pédale. En guise d’exemple d’actualité, citons Moreno Moser, neveu de l’inclassable Francesco, qui réalise deux premières saisons folles avant de s’écrouler face à un excès de pression. Être « fils de » , « frère de », ou parent avec une ancienne gloire n’est pas la chose la plus simple à gérer.

Et pour le coup, si l’aîné, Boy, semble ne pas confirmer les espérances placées sur ses épaules, Danny, lui, fait son petit bout de chemin discrètement. Plus jeune coureur à disputer le Tour depuis 1947, ses sprints avaient sauvé l’honneur d’une formation Vacansoleil sonnée par l’annonce du retrait de son sponsor principal. Troisième à Bastia, huitième à Montpellier, neuvième à Saint-Malo, «DVP» s’était montré en glanant ses trois premiers tops 10 sur un Grand Tour. Par ces places d’honneur, il avait pu démontrer qu’il ne craignait pas les à côtés de l’exercice du sprint, comme l’art de frotter et celui du placement, des qualités complémentaires qui font bien souvent la différence au-delà de la vitesse pure, présente dans son tempérament fougueux. Suivant son père chez Trek pour l’année 2014, van Poppel finit la saison avec deux victoires, sur les Trois-Jours de Flandre Occidentale et au prologue du Tour du Luxembourg, et une série de placettes. Troisième du Grand Prix de l’Escaut, il revient sur le Tour en tant que sprinteur désigné de sa nouvelle équipe. Sixième dans les rues de Londres et huitième sur l’étape lilloise, il doit malheureusement abandonner sur chute en fin de première semaine, alors que les jambes semblaient parler en sa faveur. Mais c’est principalement en 2015 que de nouveaux progrès se feront observer.

Un registre de plus en plus large

Très à l’aise dans la structure américaine Trek Factory Racing, où il cotoie notamment Fabian Cancellara et d’expérimentés capitaines de route comme Stijn Devolder, Yaroslav Popovych et Grégory Rast, le natif de Tilburg s’exprime parfaitement lorsque les opportunités s’ouvrent à lui. Désormais habitué à atteindre un bon pic de forme en mars, au début de la période des classiques, il a de nouveau levé les bras sur les Driedaagse, pris la sixième place de la Nokere Koerse, et s’est classé cinquième du Schledeprijs dominé par Alexander Kristoff, évitant les chutes massives. Découvrant divers terrains de jeu en s’éloignant de l’Europe, à l’image de son Tour de Californie, van Poppel s’est endurci au fur et à mesure des mois, et n’a pas manqué le début de sa deuxième partie de saison. Placé au Ster ZLM Toer sur le prologue, un exercice qu’il affectionne particulièrement, il est monté sur le podium de son championnat national, fut seulement battu par Gilbert au GP Pino Cerami, avant de briller au Tour de Wallonie.

Victorieux d’abord au terme d’un sprint massif, celui qui réside dans le village belge de Poppel (!) a résisté aux assauts des puncheurs dans la Citadelle de Namur, ou il s’est surpassé pour terminer septième. Un sprinteur désireux d’élargir son panel de compétences, et qui l’a exposé au grand jour dans les pentes du Mur de Thuin. Alors qu’il aurait pu attendre le sprint dans le dernier kilomètre plat, van Poppel a attaqué comme un grand dans le passage le plus pentu avant d’écraser sa machine dans le dernier kilomètre pour célébrer sa deuxième victoire en quatre jours. Une grosse satisfaction avant d’entamer l’Eneco Tour, ou il s’est même permis pour l’instant de suppléer Giacomo Nizzolo, maillot rouge du dernier Giro, dans les dernières lignes droites. Battu par Viviani hier à Bolsward, et cinquième à Breda derrière Greipel mais aussi Boonen, il n’exclut pas pour autant de répéter ses performances de fin juillet lors des étapes décisives de l’épreuve néerlando-belge. Surprendra t-il encore les observateurs dans la traversée du Limbourg jusqu’à Sittard-Geleen, ou sur les pavés du Mur de Grammont ? Très confiant, il ne s’est pas démobilisé suite aux résultats des premières étapes, comme il l’expliquait sur le site internet de sa formation. « Viviani est aussi un pistard donc il est bon dans les sprints rapides et normalement je suis meilleur dans les sprints accidentés ou les sprints en puissance. Il y aura d’autres opportunités » Nul doute qu’on devrait le revoir assez rapidement aux avants-postes, dans une deuxième moitié de saison idéale pour les coureurs de son genre.

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