Ce week-end, à Florence, il y avait en plus des Championnats du Monde l’élection du nouveau président de l’Union Cycliste Internationale. Et au terme d’un congrès très particulier, c’est le Britannique Brian Cookson qui a été élu. Pour quels changements ?

McQuaid l’indésirable

Pat McQuaid, ce n’était un secret pour personne, faisait figure du vilain petit canard dont tout le monde voulait se séparer. L’Irlandais, président de l’instance durant huit année, a donc cédé sa place au seul candidat qui avait daigné se présenter face à lui. La preuve que le monde du cyclisme voulait du changement, en se séparant coûte que coûte de McQuaid. Même sa propre fédération refusait de le soutenir, et il y eu un long débat au sujet de la validité ou non de sa candidature. Après des heures sans qu’une décision ne soit prise, il a fallu que Brian Cookson en personne sonne la fin de la mascarade, et lance les élections en validant presque lui-même la candidature de son rival. Osé, dites-vous ? Finalement pas tant que ça, car le vote a été sans appel, et l’Anglais semblait s’y attendre. 24 voix à 18, et un mandat de quatre ans pour Cookson.

La fin de plusieurs années de controverse, entre la présidence de l’Irlandais et celle de son prédécesseur néerlandais Hein Verbruggen, tout aussi critiqué voire suspecté. Car l’affaire Armstrong, notamment, a fait du mal à Pat McQuaid et à l’UCI, grandement ridiculisée. Le changement s’imposait, et n’a pas fait de doute. David Lappartient, président de la Fédération française de cyclisme et futur vice-président aux côtés de Cookson, confiait ainsi que chez les Européens, trois quarts des scrutins se sont dirigés vers le Britannique. Pas le plus dur cependant, car le vote semble s’être fait contre McQuaid plutôt que pour Cookson. Ce dernier va donc désormais devoir montrer qu’il a les capacités de redonner une crédibilité à l’instance qu’il va présider. Lui-même le sait, puisque ces derniers mots juste après l’élection ont été dans ce sens. « Je n’ai pas la moindre illusion, le plus dur est devant nous. »

Un réel changement ?

Après avoir éjecté McQuaid de la présidence, reste à savoir ce que va pouvoir apporter Brian Cookson. Car il ne s’agit pas de remplacer un indésirable par un homme qui le deviendra dans quelques mois ou quelques années. Malgré tout, le Britannique a quelque peu innové dans un programme bien évidemment articulé autour de la lutte contre le dopage. Deux de ses mesures phares font d’ailleurs presque l’unanimité. En premier lieu, l’homme de 62 ans souhaite l’installation d’une agence antidopage indépendante, sans lien avec l’UCI. Puis il veut aussi trouver un moyen de sanctionner l’entourage des coureurs pris par la patrouille, des managers aux directeurs sportifs en passant par les médecins. Des initiatives louables qu’on imagine difficiles à mettre en place, mais dans lesquelles le nouveau président devrait être soutenu par la majorité des observateurs.

Mais le troisième axe de son programme plaît un peu moins à certains. En effet, Cookson veut mener un processus vérité et réconciliation pour faire la lumière sur le passé (et notamment l’affaire Armstrong), et accorder des peines allégées à ceux qui passeront aux aveux. En clair, une amnistie pour les repentis. Une mesure qui laisserait donc bien plus qu’une simple « seconde chance » aux tricheurs. Lance Armstrong s’est d’ailleurs réjouit de l’élection du Britannique à la tête de l’UCI sur Twitter, avec un message qui fait déjà débat. Un simple « Hallelujah (en français « Alleluia ») qui fait penser à certains que le Texan espère un allègement de sa sanction (lui qui a été suspendu à vie). Alors évidemment, pour se séparer de l’encombrant McQuaid, il a fallu prendre Cookson avec cette mesure qui fait un peu tâche. Mais qu’importe, aujourd’hui ce qui compte, c’est de laisser le temps à un homme qui souhaite apporter le changement demandé. Nous le jugerons dans quatre ans.

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