Ce sont les premiers kilomètres à enjeu de la saison pour les chasseurs de courses par étapes. D’autant que cette édition s’annonce exaltante, avec un profil vallonné qui ne pardonnera pas les faiblesses. Sur les cinq premiers de 2015, seul l’ancien champion du monde Michal Kwiatkowski – 2e l’an passé – manque à l’appel. Au contraire, le plateau semble encore plus relevé. Le duel entre Alberto Contador – qui n’a plus roulé sur l’épreuve depuis six ans – et le tenant du titre Richie Porte donne en tout cas l’eau à la bouche. L’Espagnol comme l’Australien sont en quête d’un troisième succès sur l’épreuve, mais devront déjà se débarrasser d’un peloton d’outsiders le couteau entre les dents.

– Les Favoris

**** Alberto Contador : Il sort son pistolet. Alberto Contador est prêt. Son Tour d’Algrave, avec une victoire sur l’étape reine, le prouve. Dans sa dernière année, l’Espagnol de 33 ans a choisi de renouer avec le programme de ses années victorieuses. Et beaucoup de ses fans n’ont pas hésité à faire la corrélation entre ses performances à Paris-Nice et sur les routes du Tour (victoires en 2007 et 2010). Cette course au soleil, il la dispute donc uniquement pour préparer le dernier grand objectif de sa carrière : un quatrième (ou troisième, c’est selon) Tour de France. Mais le Pistolero a-t-il vraiment l’habitude de disputer des courses uniquement pour en préparer d’autres ?

**** Richie Porte : Oui, son début de saison n’a pas rassuré. Oui, il découvre un nouveau costume de leader. Oui le kilométrage contre-la-montre est réduit à sa portion congrue. Il n’empêche. Richie Porte, vainqueur de deux éditions déjà (2013 et 2015), demeure l’un des grands favoris de ce 74e Paris Nice. Certes il s’était déguisé en Casper à Oman en février mais son début de saison n’est pas catastrophique. Deuxième d’un Tour Down Under qu’il a agrémenté d’une victoire d’étape, l’Australien aura à cœur de montrer que son transfert chez BMC n’était pas une erreur. Mais surtout, avec trois succès sur la course au soleil, il serait a le coureur en activité le plus titré… devant Alberto Contador.

– Les Outsiders

*** Geraint Thomas : Sur le Tour d’Algarve, son premier test de la saison, le Britannique a remporté un beau bouquet et a fait le plein de confiance. Même Alberto Contador a dû s’incliner. Et puis, Geraint Thomas a enfin le « permis de tuer »  ses adversaires, puisque ni Chris Froome, absent cette semaine, ni Richie Porte, parti chez BMC, ne lui feront de l’ombre chez Sky. L’an passé déjà, il avait terminé dans le top 5 de l’épreuve tout en servant d’équipier modèle au vainqueur Richie Porte. Sans ce fardeau, on se demande tous jusqu’où il peut aller.

*** Romain Bardet : Sur la Green Moutain, il a été le seul à résister à l’Imperator Vincenzo Nibali. Deuxième du Tour d’Oman et très actif sur les courses hexagonale depuis, le Français est certainement celui qui arrive sur ce Paris-Nice avec le plus de certitudes. En grande forme, il a l’opportunité de s’offrir la première course par étapes World Tour de sa carrière. Le profil de l’épreuve lui convient parfaitement, c’est peut-être l’année de Bardet.

*** Rui Costa : Toujours placé, jamais gagnant ! 2e en 2014 et 4e l’an dernier, Rui Costa se contente  pour l’instant des places les plus frustrantes. Mais peut-il vraiment faire mieux ? Lui qui n’a plus gagné depuis le championnat du Portugal en juin dernier a terminé à distance de Vincenzo Nibali sur un Tour d’Oman qu’il a bouclé à la 5e place, et a semblé loin du compte. Néanmoins, le Portugais reste l’un des meilleurs coureurs du peloton sur une semaine, en témoigne ses trois titres sur le Tour de Suisse.

** Simon Spilak : Le Slovène est toujours tapi dans l’ombre. Pourtant, Simon Spilak est le spécialiste par excellence des courses d’une semaine. Complet, endurant et malin, le leader de la Katusha ne doit jamais être oublié à l’heure de lister les potentiels prétendant à la victoire. Ses résultats sur le Tour de Romandie (1er en 2010, 2e en 2013, 2014 et 2015) et sa superbe victoire sur le Tour de Suisse l’an passé laissent présager le meilleur.

– A ne pas sous estimer

** Ion Izagirre : Quand les gros matous ne sont pas là, la souris danse. 4e du Tour de la Communauté de Valence et 2e du Tour de l’Algarve devant Alberto Contador, le Basque a le champs libre en l’absence de Nairo Quintana et Alejandro Valverde. À 27 ans, et alors que ses résultats laissaient dévoiler une partie de son potentiel, le talent  de l’ancienne équipe Euskaltel a vraiment explosé l’an passé avec sa victoire sur le Tour de Pologne et son podium au Tour du Pays Basque. Maintenant, il faut confirmer.

* Wilko Kelderman : Une seule course cette année (4e au tour d’Andalousie) et un mutisme constant à propos de ses ambitions sur ce Paris Nice : voilà ce que propose le Néerlandais. Il faut dire qu’on l’aurait presque oublié après une saison 2015 décevante. Néanmoins, l’espoir de la Lotto-Jumbo n’a que 24 ans et déjà plusieurs tops 10 sur des courses d’une semaine (Dauphiné, Eneco Tour, Tour Down Under, Tour de Romandie).

* Luis Leon Sanchez : L’irréductible. Victorieux en 2009, l’Espagnol est dans une forme resplendissante depuis le début de la saison et semble vraiment pouvoir accrocher les meilleurs. Seul bémol, on ne sait pas encore très bien s’il a récupéré après sa chute sur le Tour d’Algarve.

* Tony Gallopin : Il peut le faire. Sur Paris-Nice 2015, le Français y avait cru jusqu’au dernier chrono, qui lui a été fatal (finalement 6e). L’édition 2016 ne lui est par contre pas favorable, un poil trop montagneuse. Mais attention, sur les étapes piégeuses comme celle qui arrive à Salon de Provence, la science de course du Dourdannais pourrait réserver des surprises à ses adversaires.

* Tom Dumoulin : Le favori… du prologue. Pour le reste, le profil ne semble pas convenir au géant Néerlandais. Et puis il n’a jamais terminé un Paris Nice (un abandon). Il sera par contre intéressant de voir s’il confirme ses progrès en montée sur les côtes françaises. Si tel est le cas, difficile de l’enterrer trop vite.

Mentions : Julian Arredondo, Ilnur Zakarin, Pierre Rolland, Andrew Talansky, Sergio Henao, Simon Yates, Tim Wellens, Arthur Vichot.

 

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