Certes, Nibali a encore été grand vers la Planche des Belles Filles. Plein de panache, il est allé chercher un deuxième succès sur ce Tour 2014. Mais il a aussi tué le suspense, car celui que l’on annonçait comme son rival depuis quelques jours a rendu les armes. Alberto Contador n’est plus sur le Tour, et on est presque aussi déçus que lui.

Froome d’accord, mais pas Contador…

Le duel entre Christopher Froome et Alberto Contador attendu depuis des mois avait tourné court avec l’abandon du Britannique sur l’étape des pavés à la suite de chutes à répétition. Malheureux disait-on alors, car on ne peut se réjouir d’une telle fin. Mais le pincement au cœur était malgré tout très mesuré tant l’assurance de voir désormais une course ouverte sans la mainmise de l’équipe Sky semblait prendre le dessus dans le cœur des fans de la Grande Boucle. On s’emballait même devant l’affrontement qui devait avoir lieu entre un Nibali surprenant maillot jaune dès le premier week-end et un Contador devant d’ores et déjà partir à la conquête du temps perdu sur les pavés. Mais l’espoir fut de très courte durée. Le Pistolero, plus apprécié que jamais depuis qu’il a essayé de faire vaciller Froome et la Sky l’été dernier, a connu les joies du bitume. Le genou endolori, il a été contraint d’abandonner. A notre plus grand désespoir.

Car plus que l’équipe Tinkoff-Saxo, c’est le Tour de France qui se retrouve orphelin d’un grand champion et surtout d’un homme au panache qui n’a pas d’égal. Sauf peut-être Nibali… Et c’est sans doute ça qui fait le plus mal. Contador et Nibali nous rappellent le cyclisme d’antan, où les leaders n’hésitaient pas à partir dans de longues épopées au risque de tout perdre. Parce que, comme le dit si bien le leader de l’équipe Astana, « risquer de perdre une course est parfois la meilleure façon de la gagner. » La bataille entre l’Italien et l’Espagnol aurait sans doute été très belle, elle nous aurait forcément tenu en haleine et le vainqueur aurait de toute façon été beau, héroïque et célébré comme il se doit. Finalement, au moment où les choses sérieuses débutaient vraiment, tout se termine. Le Sicilien aura droit à un cavalier seul. On ne lui en veut pas, on l’aime autant que Contador. Mais le piment de ce 101e Tour de France s’est envolé d’un coup, de quoi forcément nous attrister.

Tout n’est pas perdu, heureusement

Sans le maître Alberto, on compte donc sur Vincenzo. Alors que plus personne ne voit le Squale autre part que sur la première marche du podium à Paris, celui-ci a encore moyen de nous faire un peu rêver. Comme sur le Tour d’Italie 2013, où au dessus de toute la concurrence, il était parvenu à emballer l’ensemble des observateurs. Pour cela, il faudra simplement qu’il ne se repose pas sur une victoire presque acquise. Mais ne nous inquiétons pas, ce n’est pas le genre de la maison. Dès ce lundi, vers la Planche des Belles Filles, Nibali a donc attaqué et conforté son avance. Il n’en n’avait pas besoin, mais a voulu montrer qu’il était bien le plus fort. Car en plus d’assurer le spectacle quasiment seul, il va devoir prouver qu’il ne se dirige pas vers une victoire au rabais, et qu’il mérite bien son sacre annoncé sur la plus prestigieuse des courses cyclistes. On l’attendait comme troisième homme, il est désormais le seul. Il doit donc montrer qu’il a la carrure d’un très grand. Et on compte sur lui, parce qu’il est le dernier sur lequel repose nos espoirs d’assister à un grand Tour de France.

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