En pleine période de classiques, l’idée de les rendre payantes refait surface. L’organisation coûte cher, que ce soit pour attirer un gros plateau ou pour assurer la sécurité, point central dans le cyclisme d’aujourd’hui. Alors les acteurs du vélo cherchent des solutions. Y compris celles qui font gronder les spectateurs.

Une défi risqué pour les organisateurs

Si le Tour des Flandres ou le Tour de France n’ont pas ce genre de problèmes, certains organisateurs de courses belges comme le Het Nieuwsblad ou Gand-Wevelgem tirent la sonnette d’alarme. En Belgique, la semi-classique Nokere Koerse est payante pour les spectateurs, au même titre que le championnat national. D’autres épreuves pourraient donc suivre le mouvement. Avec quelle conséquences ?

D’après un sondage effectué par le quotidien flamand Het Nieuwsblad, sur vingt-deux organisateurs belges, la moitié assure qu’il sera obligatoire dans les années à venir de faire payer les spectateurs. Payer pour aller voir un évènement sportif n’est pas un problème pour une bonne partie de la population. Des millions de personnes assistent déjà chaque année à des matchs de football et pour ce spectacle-là, il parait évident de payer. Mais pour du cyclisme, il y a comme une réticence. Comme si ce sport n’était aimé que grâce à son côté populaire et à sa gratuité. Une mentalité difficile à faire évoluer.

Des spectateurs partagés

Dimanche, la Chronique du Vélo en a rencontré quelques-uns, qui encourageaient les coureurs dans les rampes du fameux mont Kemmel, sur Gand-Wevelgem. A l’unanimité, tous trouveraient l’idée « bizarre ». D’autres relativisent. Si ce n’est pas très cher, Mathilde, une supportrice française, « serait prête à payer, mais ne viendrait pas avec le même esprit et attendrait quelque chose de plus que de voir les coureurs juste deux minutes. » Cette amoureuse du vélo explique avoir été frustrée en se rendant au départ de la course, le matin. Le parking des équipes était privatisé, elle n’a donc vu les coureurs qu’au podium. « Si je paye pour approcher les coureurs, pourquoi pas, mais il faudrait que ça soit raisonnable. » Les coureurs deviendraient-ils alors des « appas » pour gagner de l’argent ?

Cette idée de prix est centrale. Mais pour les spectateurs, il faut aussi que la course en vaille le coup. Certains assurent qu’ils payeraient en fonction de leur affection pour les coureurs au départ. C’est le cas de Greg, un étudiant belge qui habite à deux pas. « Si je n’affectionne pas spécialement les coureurs présents, je ne payerai pas et je resterai dans mon canapé. Mais si ce sont mes favoris, ça ne me dérangerait pas de payer comme je le fais pour un match de tennis ou de foot. » D’autres jugent en fonction de la course. « Un Paris-Roubaix, un Liège-Bastonne-Liège, je paye, avance un cinquantenaire belge. Mais un Gand-Wevelgem ou un Eneco Tour, je trouverai ça exagéré. » Une position finalement vite nuancée : « Je râle, mais j’aime le vélo alors je reviendrai quand même. » Le pari pourrait donc devenir gagnant pour les organisateurs.

Payer pour du vélo, ce n’est pas nouveau

En France, le principe rebute encore très clairement. Aucune course ou presque n’est aujourd’hui payante. C’était toutefois le cas cette année avec le championnat d’Europe à Plumelec, en Bretagne. Les organisateurs demandaient dix euros par jour aux spectateurs. En cyclo-cross, les différents championnats fonctionnent sur le même système. Cette discipline très appréciée et populaire en Europe et surtout en Belgique fait payer ses spectateurs pour rentrer sur le circuit, et assez cher. Cet hiver, le prix des Mondiaux au Luxembourg était de cinquante euros le week-end. Un budget conséquent pour quiconque veut s’y rendre en famille. Mais la discipline n’en reste pas moins rassembleuse. Alors, si ça a marché pour le cyclo-cross, pourquoi ça ne fonctionnerait pas pour les classiques belges ? Les organisateurs, de plus en plus, pensent en tout cas avoir trouvé la réponse à bon nombre de leurs maux.

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