Remporter Milan-Sanremo, ça a de la gueule ! Et quand on évolue dans une formation simplement invitée sur la Primavera, la performance devient exceptionnelle. Gerald Ciolek, au fond du trou depuis plusieurs années, semble revivre dans sa nouvelle formation MTN-Qhubeka. De quoi tenir dans la Cipressa puis dans le Poggio, et de disposer de Sagan et Cancellara dans un sprint en petit comité. Félicitations à l’Allemand, mais un peu de mérite doit revenir à la Chronique du Vélo, qui avait eu du flair. On n’oubliera pas d’appeler le natif de Cologne pour toucher une partie de la prime que lui reviendra. Promis.

Plus fort que la météo

La neige a marqué la première partie de l’épreuve, et l’interruption a même été décidé par les organisateurs. Le temps tout de même de laisser sur le carreau de nombreux coureurs de renom, et notamment un Tom Boonen pas très motivé. « Une course comme celle-ci s’éloigne trop de ma conception du métier. Les premières heures ont pratiquement été inhumaines. C’est notamment pourquoi j’estime qu’il ne s’agit plus d’une vraie course et que je préfère m’arrêter là. Sans l’envie, cela ne servait à rien de continuer… » A l’heure du second départ, donné de Cogoleto, il ne reste donc plus que 126 kilomètres à parcourir pour ce qu’il reste du peloton. La neige a cessé, mais les organisateurs décident malgré tout de contourner Le Manie, une montée qui peut pourtant avoir une réelle importance dans la physionomie de la course. Pour les coureurs, pas le temps de s’attarder sur cette décision, il faut entamer la poursuite de six hommes en tête possédant un peu plus de sept minutes d’avance.

Plus fort que Sagan

Une fois les fuyards rentrés dans le rang, le course peut (re)démarrer. Au pied de la Cipressa, le peloton est déjà très réduit. Même Vincenzo Nibali abandonne après avoir traîné longtemps en queue de peloton. En revanche, Mark Cavendish est toujours présent et l’attaque de Sylvain Chavanel laisse planer le flou concernant la tactique de l’équipe Omega-Pharma Quick-Step. Toutefois, quelques kilomètres plus loin, tout s’éclaircit : la formation belge mise sur son Français. Mais avec un Ian Stannard pas très enclin à collaborer, difficile d’aller au bout, et un groupe de favoris rentre sur eux dans la descente du Poggio. On a là Peter Sagan, Fabian Cancellara, Luca Paolini et le surprenant Gerald Ciolek, qui n’a toujours pas donné un seul coup de pédale de la journée. Au sprint, il n’y a donc pas photo. Entre un Sagan à la pancarte énorme et un Ciolek que l’on n’attendait pas ici, l’affaire est vite réglée. Dans une leçon de timing qui nous rappelle celle qu’avait déjà subi le Slovaque sur les pentes du Cauberg l’an passé, le sprinteur de MTN-Qhubeka vient s’offrir le plus beau succès de sa carrière au terme d’une Classicissima dantesque.

Une désillusion que de finir à la deuxième place pour le leader de la Cannondale. Clairement, le maillot vert du dernier Tour de France avait les jambes pour s’imposer et remporter son premier monument. Mais ses relations avec Fabian Cancellara ont causé sa perte. Le Suisse a une aura particulière, et une influence certaine au sein du peloton. Après avoir affirmé dans la presse qu’il ne s’entendait pas avec Sagan et qu’il ne roulerait en aucun cas pour lui, de nombreux coureurs ont suivi Spartacus dans sa logique. Ainsi, au moment où il fallait rattraper Chavanel et Stannard, seuls les Movistar ont daigné aider la formation de Roberto Amadio. Une solitude qui évidemment, a coûté de l’énergie au favori de l’épreuve. Une énergie qu’il n’avait plus dans le final, au moment de se faire déborder par un Gerald Ciolek totalement frais. Une nouvelle preuve qu’il faut soigner ses relations avec les autres coureurs. Peter Sagan, aussi fort soit-il, a payé le prix fort ce dimanche, en étant l’ennemi désigné de Fabian Cancellara. Mais avant de monter sur le podium, le Slovaque a serré la main de son adversaire, comme pour ne pas revivre le même scénario lors des prochaines semaines. Au moins, Peter apprend vite !

Robin Watt


 

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